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[ 15 octobre 2015 ] Imprimer

Libertés fondamentales- Droits de l’homme : conseil de lecture !

Grief est une revue annuelle sur les mondes du droit, coéditée par l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et les Éditions Dalloz. Au sommaire du numéro 2 de 2015, notamment : Droit différent, Affaire Dieudonné, Travail du dimanche, Signes religieux, Pornographie… Dalloz Actu Étudiant a souhaité interviewer ses directeurs Olivier Cayla et Rainer Maria Kiesow.

Quels sont les mondes du droit, sujets de Grief ?

Le droit est une invention humaine qui trouve à s’appliquer, potentiellement, à tous les domaines de la vie. Le droit s’immisce, si d’aucun le souhaite, partout. Mais « les mondes du droit » dont parle le sous-titre de Grief, ne se réfèrent pas uniquement à l’éventail des diverses approches juridiques (privé, pénal, public…) et de leurs techniques particulières : il s’agit également de les aborder par le biais de méthodes, styles, angles de vues relevant d’autres disciplines comme la sociologie, l’anthropologie, l’économie, l’histoire, la philosophie ou même la littérature.

Les verbes « Rire » / « Pleurer », titres des éditoriaux définissant la principale thématique et l’illustration iconographique de ce numéro, relèvent-ils d’un vocabulaire pertinent pour rendre compte des textes et articles juridiques qui y sont publiés ?

Bien sûr. Ne serait-ce que parce que les sentiments ne sont pas dissociables d’une réflexion sur les mondes du droit. Il suffit de relire La lutte pour le droit de Rudolf von Jhering. L’humour et la tristesse, la satire et la douleur peuvent faire l’objet de jugements, tout comme ils peuvent être des effets de ceux-ci, et donner ainsi matière à des observations et des analyses pour des articles juridiques.

La rubrique « Cas » revient notamment sur les ordonnances de référé rendues en janvier 2014 dans l’affaire Dieudonné. Quel éclairage apportent les cinq contributions qui la composent ?

Autour d’une question commune (fallait-il ou non interdire par voie administrative le spectacle de Dieudonné), elles font apercevoir non seulement la diversité des points de vue qu’on peut avoir comme citoyen, mais aussi celle des enjeux et des perspectives que des sociologues, historiens, juristes savent débusquer de manière variable selon leurs disciplines. Il en résulte une richesse et une complexité qui n’ont guère été aperçues dans la presse ordinaire à l’époque où le débat public sur la question faisait rage. Il en va de même concernant l’analyse dans le même numéro d’une autre ordonnance de référé relative cette fois au travail du dimanche : avocats et historiens produisent des analyses qui éclairent en profondeur ce qui est traité plutôt sommairement dans le débat public habituel.

Quels sont vos lecteurs ?

Tout le monde sans exclusive, les juristes et les non-juristes.

Le questionnaire de Désiré Dalloz

Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ? Ou le pire ?

O. C. : Meilleur souvenir : le cours magistral (dans tous les sens du terme) en DEA de droit international de Prosper Weil portant sur un sujet pourtant rébarbatif a priori : le droit de la mer. Il était si passionné - et passionnant - qu’il en avalait son micro. Le pire : les horribles « polys » qu’on nous faisait encore acheter à la fin des années 1970 et leur prix prohibitif.

R. M. K : La liberté (le meilleur souvenir), les cours magistraux (le pire)

Quel est votre héros de fiction préféré ?

O. C. : Le narrateur de la Recherche, chez Proust.

R. M. K : Tom Ripley (Patricia Highsmith).

Quel est votre droit de l’homme préféré ?

O. C. : La présomption d’innocence définie par l’article 9 de la Déclaration de 1789 comme s’imposant tant que la culpabilité n’a pas été judiciairement déclarée : c’est la principale garantie contre la rumeur, le « on-sait-bien-que », le « il-n’y-a-pas-de-fumée-sans-feu », le règlement de compte, la justice privée, le déferlement de la haine et de la violence au sein de la société d’autant plus dévastateur qu’il s’opère le plus souvent au nom de la morale et de la parfaite « bien-pensance ».

R. M. K : La dignité humaine (c’est très allemand : art. 1er de la loi fondamentale).

Références

■ Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789

Article 9

« Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi. »

■ Loi fondamentale de la République fédérale d’Allemagne du 23 mai 1949

Article 1er

« Dignité de l’être humain, caractère obligatoire des droits fondamentaux pour la puissance publique. (1) La dignité de l’être humain est intangible. Tous les pouvoirs publics ont l’obligation de la respecter et de la protéger.

(2) En conséquence, le peuple allemand reconnaît à l’être humain des droits inviolables et inaliénables comme fondement de toute communauté humaine, de la paix et de la justice dans le monde.

 

(3) Les droits fondamentaux énoncés ci-après lient les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire à titre de droit directement applicable. »

 

 

Auteur :M. B.


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