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Droit international privé
Clause attributive de juridiction et saisine des tribunaux français
Mots-clefs : Compétence territoriale, Privilège de juridiction
Dès lors qu'il ressort, d'une part, que la société en cause est une société française ayant son siège social et statutaire à Paris, d'autre part, que la juridiction saoudienne désignée par la clause attributive de juridiction s'était déclarée incompétente pour régler le litige, et enfin, que la preuve n'était pas rapportée que les juridictions de droit commun étrangères avaient été saisies par cette société, la cour d'appel a considéré à bon droit que cette dernière pouvait saisir les tribunaux français sur le fondement de l'article 14 du Code civil.
L’article 14 du Code civil donne compétence aux tribunaux français lorsqu'un Français est demandeur ou défendeur. En l’espèce, une société de droit saoudien a confié à une société française la construction de son nouveau siège social à Riyad. Le contrat, rédigé en langue arabe, comportait une clause attributive de juridiction au profit d'une juridiction saoudienne. À la suite de difficultés d'exécution du contrat, la société française a saisi le tribunal saoudien désigné par la clause. Celui-ci a rendu un jugement qui a été annulé par la formation d'appel de ce même tribunal, qui, par-là même, s'est déclarée incompétente, au prétexte que le litige était de nature civile et non commerciale. La société française a alors saisi, sur le fondement de l'article 14 du Code civil, le tribunal de commerce de Paris qui, pour sa part, s'est déclaré compétent. Le contredit formé par la société saoudienne, par lequel elle contestait la compétence de la juridiction consulaire française, a été rejeté à tous les stades de la procédure, en dernier lieu par cet arrêt de la Cour de cassation (promis à la plus large diffusion). L’article 14 revêt un caractère facultatif (Civ. 1re, 22 mai 2007) : donc tout ressortissant français peut valablement renoncer à la compétence des tribunaux nationaux. La Cour de cassation juge que la renonciation à l'article 14 n'est ni définitive, ni absolue, les tribunaux français conservant une compétence en quelque sorte subsidiaire en posant deux conditions : siège social en France et déclaration d’incompétence de la juridiction saoudienne.
Civ. 1re, 30 septembre 2009, FS-P+B+R+I, n° 08-17.587
Références
■ Article 14 du Code civil
« L'étranger, même non résidant en France, pourra être cité devant les tribunaux français, pour l'exécution des obligations par lui contractées en France avec un Français ; il pourra être traduit devant les tribunaux de France, pour les obligations par lui contractées en pays étranger envers des Français. »
■ Civ. 1re, 22 mai 2007, Bull. civ. I, n° 195 ; D. 2007. AJ. 1596, obs. Gallmeister ; Rev. crit. DIP 2007. 610, note Gaudemet-Tallon ; JDI 2007. 956, note Ancel et Muir Watt.
■ V. égal. D. 2007. Chron. 2548, obs. Audit.
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