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Procédure et contentieux administratifs
Décision de l’administration pénitentiaire et recours pour excès de pouvoir
Mots-clefs : Recours, Excès de pouvoir, Détenu, Mesure d'ordre intérieur, Régime d'incarcération,
Le placement en régime d’incarcération différenciée est une mesure susceptible de faire l’objet d’un recours devant le juge administratif.
À la suite d’une incarcération dans un centre de détention, un détenu ayant été affecté en régime portes ouvertes (détention ordinaire) a fait l’objet, par décision du directeur du centre, en application du règlement intérieur, d’un régime différencié dans le secteur de détention fonctionnant en portes fermées, pour une durée d’un mois renouvelable.
Le Conseil d’État devait en l’espèce statuer sur la question suivante : une décision de changement de régime d’incarcération peut-elle faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir ou doit-elle être considérée comme une simple mesure d’ordre intérieur insusceptible de recours ?
Les juges du Palais-Royal considèrent, en l’espèce, que par sa nature et ses effets sur les conditions de détention, notamment au regard de l’objectif de réinsertion sociale, la décision de placement en régime différencié (portes fermées) constitue une décision susceptible de faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir, alors même qu’elle n’affecte pas, pour le détenu, ses droits d’accès à une formation professionnelle, à un travail rémunéré, aux activités physique et sportives et aux promenades quotidiennes. Ainsi, par la décision du 28 mars 2011, le Conseil d’État ouvre une nouvelle brèche concernant les mesures d’ordre intérieur et permet une nouvelle avancée du recours pour excès de pouvoir pour les décisions prises en milieu carcéral. Cette brèche avait notamment été ouverte avec l’arrêt d’assemblée du 17 février 1995 concernant une punition de cellule (CE 17 févr. 1995, Marie). Puis d’autres jurisprudences ont suivi, élargissant le champs du recours pour excès de pouvoir (CE, ass., 14 déc. 2007 ; CE, ass., 14 déc. 2007 [2 arrêts] ; CE, ass., 17 déc. 2008 ; CE, ass., 27 mai 2009).
Néanmoins, en l’espèce, le Conseil d’État précise que la décision d’affectation temporaire d’un détenu dans le secteur portes fermées par le directeur de la prison n’entre dans aucune catégories de décisions devant être motivées en application de l’article 1er de la loi du 11 juillet 1979 et par suite le détenu n’a pas à présenter ses observations écrites ou orales avant la prise de décision (L. du 12 avr. 2000, art. 24). Par ailleurs, les juges du Palais-Royal considèrent que le directeur de la prison n’a pas commis d’erreur manifeste d’appréciation en décidant d’affecter en secteur de détention portes fermées un détenu qui perturbait le bon fonctionnement du secteur de détention portes ouvertes alors même qu’il avait fait l’objet de plusieurs rappels à l’ordre de la part des surveillants dont il n’avait pas tenu compte.
CE 28 mars 2011, Garde des Sceaux, ministre de la justice, n° 316977
Références
■ Recours pour excès de pouvoir
« Une juridiction de l’ordre judiciaire commet un excès de pouvoir lorsqu’elle empiète sur les attributions du pouvoir législatif ou du pouvoir exécutif ou lorsqu’elle s’arroge des compétences qu’elle n’a pas.
L’excès de pouvoir est sanctionné par un pourvoi en cassation et par l’éviction des règles interdisant ou limitant l’exercice des voies de recours.
Il a, parfois, été jugé que la violation de principe du contradictoire constituait un excès de pouvoir. »
« En contentieux administratif, catégorie juridique en voie de régression dont l’existence s’explique surtout par la crainte d’un encombrement des juridictions, et qui regroupe des décisions administratives mineures dont le juge administratif se refuse à connaître en raison du peu d’importance du préjudice causé aux administrés.
Exemple : décision de l’Administration universitaire d’inscrire un étudiant dans tel groupe de travaux dirigés plutôt que dans tel autre. »
Sources : Lexique des termes juridiques 2011, 18e éd., Dalloz, 2010.
■ CE 17 févr. 1995, Marie, req. n° 97754, Lebon 83, concl. Frydman ; AJDA 1995. 379, obs. Touvet et Stahl ; RFDA 1995. 353, concl. Frydman ; RSC 1995. 381, obs. Couvrat ; ibid. 1995. 621, obs. Herzog-Evans
■ CE, ass., 14 déc. 2007, req. no 306432, Payet, Lebon 498 ; AJDA 2008. 128, chron. Boucher et Bourgeois-Machureau ; AJ pénal 2008. 100, obs. Péchillon ; D. 2008. Jur. 820, note Herzog-Evans ; RFDA 2008. 104, concl. Landais : rotation de sécurité appliquée à un détenu
■ CE, ass., 14 déc. 2007 [2 arrêts], req. no 290420, Planchenault et no 290730, Boussouar, Lebon 474 et 495, concl. Guyomar ; AJDA 2008. 128, chron. Boucher et Bourgeois-Machureau ; D. 2008. Jur. 820, note Herzog-Evans ; RFDA 2008. 87, concl. Guyomar : décision de déclassement d'emploi d'un détenu et transfert d'une maison centrale à une maison d'arrêt
■ CE, ass., 17 déc. 2008, req. no 293786, Section française de l'Observatoire international des prisons, Lebon 463 ; AJ pénal 2009. 87, obs. Céré : décision de placer, soit en urgence et de manière provisoire, soit à titre préventif, un détenu à l'isolement
■ CE, ass., 27 mai 2009, req. no 322148, Miloudi, AJDA 2010. 2154, concl. Le Broussois : changement d'affectation entre établissements de même nature mais portant atteinte au droit du détenu de conserver des liens familiaux
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