Actualité > À la une
À la une
Droit constitutionnel
Qu’est-ce qu’un État ?
Dalloz Actu Étudiant vous propose de faire un point sur la notion d’État.
La notion d’État ne fait l’objet d’aucune définition précise. En droit constitutionnel, on peut l’appréhender comme une personne morale de droit public représentant une collectivité, un peuple ou une nation, à l'intérieur ou à l'extérieur d'un territoire déterminé sur lequel elle exerce le pouvoir suprême, la souveraineté. Ses formes d'organisation sont diverses, allant d'un modèle centralisé à un modèle fédéral.
■ Éléments constitutifs de l’État
Trois éléments cumulatifs sont généralement retenus afin d’identifier un État : un territoire, une population et un pouvoir institutionnalisé.
Territoire
Afin que l’autorité politique s’exerce de façon efficace, il est important que le territoire soit bien défini. Les frontières d’un État permettent de délimiter sa compétence territoriale (Cons. const. 25 juill. 1991, n° 91-294 DC, § 11). A noter également qu’un État peut disposer de plusieurs territoires (V. par ex. la France).
Le territoire joue un rôle fondamental : il contribue à définir la notion de peuple même s’il existe des exceptions (V. par exemple : le peuple kurde)
Population
Un État existe également par la présence d'une population sur son territoire. En effet, il faut des sujets de droit pour que s’applique une règle de droit. Au sein de l’État, le pouvoir s’exerce sur les nationaux et les étrangers. La nationalité permet la citoyenneté et de fait, la participation à la souveraineté. Tout en étant sujets de droit, les nationaux participent directement ou indirectement à la règle de droit.
Pouvoir institutionnalisé
Le concept d'État implique une organisation politique. Elle bénéficie de la puissance publique et de la capacité de commander et de se faire obéir, autrement dit du « monopole de la contrainte organisée » selon Max Weber. Pour qu'un Gouvernement puisse être obéi, il doit être légitime et respecter les règles en vigueur dans la société.
Il s’ensuit que l’État doit maitriser les règles de droit applicables sur son territoire, leurs interprétations et la contrainte pour imposer leur respect. De plus, le territoire de l’État doit effectivement être indépendant.
■ Formes d'État
État unitaire
L'État unitaire se caractérise par l'existence d'un seul pouvoir politique, détenu au niveau national, exerçant la souveraineté, et dont les décisions s'appliquent sur l'ensemble du territoire national. Il existe une citoyenneté unique.
Ce principe d’unicité peut aller de pair avec la déconcentration et la décentralisation.
Un État unitaire déconcentré dispose au niveau local de représentants (préfets de département, de région, recteurs d’académie…) qui sont subordonnés au Gouvernement.
Un État unitaire décentralisé dispose au niveau local d'autorités administratives distinctes de l'État (communes, départements, régions, etc.). Des compétences étatiques sont transférées aux collectivités territoriales par le législateur qui peut également ajouter ou supprimer des compétences. La décentralisation permet d’établir un lien de proximité, elle rapproche les administrés des personnes gérant leurs affaires au niveau local (V. par ex. Constitution française, art. 72).
Confédération
La confédération est une association d'États indépendants qui, par traité, ont délégué certaines compétences (monnaie, diplomatie) à des institutions communes, sans constituer cependant un nouvel État.
État fédéral
L'État fédéral dispose de la souveraineté. La fédération, se définit par l'existence d'un État fédéral se superposant à des entités fédérées, selon une organisation « à double étage
Les États fédéraux sont régis par trois principes communs : autonomie, superposition et participation.
L’autonomie, différente de l’indépendance est garantie par la Constitution fédérale qui assure la répartition des compétences entre les deux niveaux (fédéral et fédéré).
La superposition, permet à deux ordres juridiques d’être superposés. Ainsi, les États fédérés disposent chacun d'un pouvoir exécutif, législatif et juridictionnel qui s’articule avec celui des institutions fédérales.
La participation, des États fédérés aux décisions fédérales : le pouvoir législatif fédéral est composé de deux chambres, l'une représentant la population de l'État fédéral, l'autre les États fédérés (Bundesrat allemand, Sénat américain, etc.).
Références
■ Cons. const. 25 juill. 1991, n° 91-294 DC : AJDA 1991. 659, étude B. Néel ; D. 1991. 617, note L. Hamon ; RFDA 1992. 173, note G. Vedel ; RTD eur. 1992. 187, note X. Prétot
■ Pour aller plus loin :
A. Haquet, Droit constitutionnel, Dalloz, Séquences.
J. – P. Jacqué, Droit constitutionnel et institutions politiques, Dalloz, Mementos.
H. Portelli, Droit constitutionnel, Dalloz, HyperCours.
Autres À la une
-
Droit européen et de l'Union européenne
[ 12 novembre 2024 ]
Affaire Real Madrid contre Le Monde : atteinte à la liberté de la presse
-
Libertés fondamentales - droits de l'homme
[ 8 novembre 2024 ]
La CEDH valide l’interdiction d’une manifestation des gilets jaunes, et l’amende pour participation à une manifestation interdite
-
Droit des obligations
[ 7 novembre 2024 ]
Extension de l’obligation précontractuelle d’information de droit commun aux contrats de voyages à forfait
-
Libertés fondamentales - droits de l'homme
[ 6 novembre 2024 ]
Inaction du juge d’instruction et entrave au droit d’accès au juge
-
Droit des obligations
[ 5 novembre 2024 ]
Validité du pacte de préférence sans durée malgré la prohibition des engagements perpétuels
- >> Toutes les actualités À la une