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[ 1 juin 2023 ] Imprimer

À propos de l’examen d’entrée aux Centres régionaux de formation professionnelle d’avocat (CRFPA)

Alexis Chabot est diplômé d'un Master 2 en droit européen et du CRFPA en 2022. C’est un ancien de la Prépa Dalloz. Il a bien voulu répondre à nos questions sur son cheminement vers l’avocature. 

Pourquoi avoir choisi de passer le CRFPA ? 

Passer le CRFPA et devenir avocat n’était pas une évidence pour moi dès le début de mon parcours d’étudiant en droit. Mes aspirations professionnelles ont évolué tout au long des années universitaires. Lors de ma licence en droit, je souhaitais devenir magistrat. Puis lors de mon master en droit européen, j’aspirais à une carrière de fonctionnaire européen à Bruxelles. À la sortie de mon master, j’ai intégré l’Assemblée nationale en tant que conseiller parlementaire responsable des questions de politiques sportives. C’est à ce moment-là que je me suis intéressé à la profession d’avocat en côtoyant des professionnels du droit du sport et des avocats mandataires sportifs. Cette perspective de pouvoir accompagner les sportifs tout au long de leur carrière m’intéressait fortement avec la rédaction des contrats, les transferts, mais aussi leur sponsoring et la gestion de leur image. La profession davocat nétait pas forcément une vocation dès le début pour moi, mais elle est née avec les années, les rencontres et les opportunités professionnelles. C’est donc trois ans après la fin de mon master 2 que j’ai décidé de passer le CRFPA 2022 au sein de l’IEJ de Tours, ville où j’avais déjà obtenu mon master. 

Comment vous êtes-vous préparé ? 

J’ai commencé ma préparation au début du mois de mai, mais j’avais l’avantage d’avoir la totalité de mon été dédié à cela, ce qui me laissait 4 mois complets pour me préparer. J’étais également inscrit au sein de la Prépa Dalloz afin d’avoir des supports de cours complet et de nombreuses corrections. 

Au début du mois de mai, j’ai très vite attaqué les entraînements aux différents exercices du CRFPA sans même avoir appris le cours afin de me formater aux expectatives des différentes épreuves écrites de l’examen. Cette étape exige quelques efforts, car il est difficile de finir les exercices, faute de connaissances, et les notes sont très basses, mais cela permet d’avoir bien en tête les attentes des correcteurs. J’ai également misé en début de préparation sur les entraînements à la note de synthèse qui ne nécessite pas de connaissances particulières, car je savais pertinemment qu’au milieu de l’été j’aurais moins le temps de m’y consacrer au profit des matières plus juridiques. 

J’ai ensuite commencé l’apprentissage théorique des matières de mi-mai au début du mois de juillet afin d’avoir balayé la totalité du programme avant le début du stage d’été au sein de la Prépa Dalloz. Pour cela, j’ai utilisé différentes méthodes d’apprentissage : fiches, mind map, vidéos de cours, revues d’actualité juridiques, notes de jurisprudence. Toutes les méthodes sont bonnes à prendre pour rythmer ses révisions et ne pas tomber dans la monotonie d’un apprentissage linéaire du cours.

Au début du mois de juillet, j’ai ensuite calqué ma préparation sur le stage d’été de la Prépa Dalloz avec les différents CRFPA blancs, les séminaires de correction et les conférences d’actualité. Après chaque épreuve et correction, je rédigeais un protocole de réponse. C’est une fiche avec les différentes étapes du syllogisme à respecter. Mon objectif était d’avoir rédigé un protocole par notion afin de pouvoir être prêt début septembre.

L’été est la période la plus difficile. C’est une période très rythmée et très fatigante avec les nombreux entraînements et conférences vidéo à suivre durant le stage d’été. Il est dès lors nécessaire d’avoir une bonne hygiène de vie, mais aussi de savoir prendre des temps de repos et s’aérer l’esprit. Après chaque épreuve, j’allais faire une heure de vélo pour prendre l’air et pratiquer une activité sportive. 

Il faut également veiller à garder et conserver la motivation vers l’objectif final qui est d’exercer en tant qu’avocat. Cet objectif peut paraître lointain pendant l’été, mais il permet de se remobiliser après une journée difficile ou une note décevante. Pour cela, je veillais à me remémorer les raisons pour lesquelles je souhaitais devenir avocat, les personnalités qui m’inspiraient dans cette profession, et les dossiers et les causes pour lesquels j’aimerais plaider un jour.

Je n’ai également pas négligé la préparation de l’oral pendant l’été en lisant régulièrement l’actualité. Je rédigeais des fiches d’actualité sur les différents sujets qui m’intéressaient en ayant un regard d’avocat c’est-à-dire en mettant en perspective ces actualités avec les droits fondamentaux. 

Ensuite début septembre, j’ai arrêté de réviser une semaine avant le début des épreuves afin de retrouver un peu de sérénité dans ma préparation. Je me suis changé les idées en regardant des séries et en faisant du sport. J’ai également préparé mes affaires pour la semaine d’examen, car je ne passais pas le CRFPA à domicile, mais à Tours. Je devais donc avoir l’intégralité de mes codes et documents à disposition et prêt à être emmener à l’hôtel. 

Quelles recommandations faites-vous aux candidats de l’examen 2023 ? 

Trouver sa méthode à soi : 

Avant même de commencer toute préparation, il est nécessaire de trouver la méthode la plus adaptée à votre préparation en fonction de votre situation personnelle : vos motivations à passer l’examen, temps disponible à la préparation, capacité d’apprentissage, points forts et points faibles, préparation privée ou sans préparation. Une fois que vous avez dressé ce tableau, vous pouvez commencer à vous organiser et à planifier votre semaine. Ne copiez surtout pas le planning de votre camarade, et ne vous comparez pas à ce dernier. Celui-ci pourra être plus dense, ou moins dense, mais ayez en tête que votre préparation est personnelle avant tout, même si cela ne vous empêche pas du tout d’avoir un binôme ou un groupe de révision. 

Fichez vos protocoles de réponses plutôt que votre cours : 

Il ne faut pas passer trop de temps sur l’apprentissage pur et simple des cours, mais plutôt apprendre en fichant les corrections. Les fiches de correction vous permettent d’avoir une véritable matrice de réponse adaptée à chaque situation. Elles vous permettent d’apprendre à respecter les étapes du syllogisme juridique et de ne pas perdre du temps sur des questions doctrinales qui n’auraient pas forcément leur place dans une consultation juridique.

Entraînez-vous un maximum dans les conditions réelles d'examen : 

Ma troisième recommandation est de s’entraîner un maximum dans les conditions réelles d’examen afin de vous confronter aux trois paramètres qui font que le CRFPA est un examen difficile : le temps, la quantité d’informations, et le stress. Le temps est le paramètre le plus compliqué à gérer au CRFPA que ce soit pour la note de synthèse ou les consultations juridiques, car les questions posées amènent généralement à des développements longs, précis, et avec une réponse exacte qui n’existe généralement pas. C’est votre capacité à justifier votre réponse qui fera la différence. Par exemple, pour l’épreuve de droits des obligations, les 3 heures passent généralement très très vite, il faut donc vous habituer à trouver le juste équilibre entre la synthèse et les développements superflus dans vos copies. La quantité d’informations dépend ensuite de vos connaissances et des codes que vous avez sous la main. Apprendre à travailler avec ces codes et à savoir rechercher efficacement la bonne information dedans sans perdre son temps est fondamental. Enfin, le stress est un paramètre important qui peut influer sur le déroulé de votre épreuve. Apprenez à le maîtriser afin d’arriver le plus détendu le jour de l’épreuve.

Préservez votre santé physique et mentale : 

Votre préparation au CRFPA ne se passe pas uniquement devant vos cours ou devant vos copies, il se passe aussi dans votre tête et votre corps. On pense souvent à planifier nos séances de révision ou nos entraînements, mais moins à nos périodes de repos et de loisirs. Pour préserver votre santé physique et mentale tout au long de l’été, gardez des jours de repos, des périodes libres pour regarder votre série préférée ou faire de l’activité physique. La préparation du CRFPA est un marathon, pas une course de fond. Réviser tous les jours de l’été sans pause ne vous garantit pas de réussir les épreuves, mais plutôt d’arriver épuisé et fatigué le jour J.

Suivez l’actualité politique et judiciaire : 

Même s’il est tentant de délaisser totalement la préparation du Grand’O durant l’été pour se concentrer exclusivement sur les épreuves écrites, le suivi de régulier l’actualité politique et judiciaire vous permettra de ne pas arriver totalement dépourvu au début du mois d’octobre. C’est aussi la possibilité d’alterner les apprentissages et de commencer à découvrir les notions intéressantes des droits fondamentaux. 

Visualisez-vous avec la robe d’avocat : 

Il est difficile de s’imaginer plaider avec la robe d’avocat pendant l’été de préparation au CRFPA. Pour autant, votre motivation en dépend grandement, cela pourra vous aider à garder le cap pendant les révisions. Également, ayez à l’idée que les réponses attendues tant aux épreuves qu’aux épreuves orales sont celles d’un futur praticien du droit et non plus d’un étudiant en droit. Vos copies doivent être donc rédigées en ce sens. 

Quels sont vos objectifs aujourd’hui ? 

J’ai réussi le CRFPA en décembre 2022. Je me consacre en cette année 2023 à différents projets personnels et professionnels. J’accompagne toujours les aspirants avocats avec mon compte Instagram @ambition_avocat et j’aime partager mon parcours vers la profession d’avocat. J’interviens également parfois avec la Prépa Dalloz pour partager mon parcours et mes conseils. J’ai également fondé avec Alessandro Martini, fondateur du média Dialogue Social, une association s’appelant Juris’Tour (@juris_tour sur Instagram) afin de faire visiter aux étudiants en droit les institutions de notre pays, leur présenter leurs rôles et leurs fonctions et de leur faire découvrir les opportunités de carrière dans ces dernières. Nos prochaines visites seront prévues à la prochaine rentrée universitaire. Enfin en 2024, année sportive par excellence avec les Jeux olympiques, je vais entrer à l’école d’avocat afin de devenir avocat mandataire sportif. Je souhaite réaliser mes stages en ce sens avec des avocats spécialisés dans le droit du sport et dans l’accompagnement des sportifs de haut niveau et des sportifs professionnels avec comme boussole de représenter de la meilleure manière possible les sportifs auprès des clubs.

Le questionnaire de Désiré Dalloz 

Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ? 

C’est une question très difficile, car il y en a tellement ! Mais cela serait sûrement ma participation au concours d’éloquence de mon université en deuxième année de droit. Je jouais un avocat de la défense d’un homme politique qui avait accidentellement tué son adversaire politique lors d’une manifestation. C’était une expérience exaltante sur le temps long, car il y avait d’abord une étape écrite, celle de la rédaction du mémoire avec notre mentor l’excellent avocat en droit pénal Me Eugène Bangoura qui nous avait prodigué de très bons conseils et ensuite l’étape orale, celle de la plaidoirie, où j’ai revêtu pour la première fois la robe d’avocat. Je me rappelle avoir eu autant le trac qu’un comédien qui jouerait pour la première fois sa pièce de théâtre devant un parterre de monde. Mais ce fut une expérience d’une richesse inouïe. 

Quels sont vos héros et votre héroïne de fiction préférés ? 

Mon héroïne de fiction serait sans doute Birgitte Nyborg, la protagoniste de la série danoise Borgen. C’est un personnage tout en nuance, excellemment jouée, qui doit toujours concilier des intérêts contradictoires tant dans sa fonction de Première ministre que dans sa vie privée. 

Mon héros de fiction préféré serait sans doute Tony Stark alias Iron Man. Un héros sans pouvoir, mais à l’intelligence exceptionnelle capable d’inventer toutes les armures possibles afin de contrer ses ennemis. J’aime cette idée-là : celle que même sans un destin a priori exceptionnel vous pouvez vous forger une destinée exceptionnelle à force de travail et d’intelligence. 

Quel est votre droit de l’homme préféré ? 

La liberté d’entreprendre, qui est la liberté de créer une activité économique dans le domaine de son choix. Cette liberté correspond à ma vision de la vie qui est de toujours créer de la valeur dans l’ensemble de mes projets professionnels et associatifs. 

 

Auteur :MBC


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