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@Tiphaine Mary
Adélaïde, lorsque l’intelligence artificielle casse les codes
C’est l’intelligence artificielle qui est au centre de la première BD Lefebvre Dalloz, Adélaïde, lorsque l’intelligence artificielle casse les codes. Christiane Féral-Schuhl, avocate en droit du numérique et Tiphaine Mary, avocate, les autrice et illustratrice, nous font le grand plaisir de répondre à nos questions sur ce livre juridique pas comme les autres.
Qui sont les personnages principaux de la BD ? Quelles aventures vivent-elles ?
Nous avons bien sûr Adélaïde, une jeune femme connectée H24 qui croit qu’elle a le contrôle sur les applis qu’elle utilise. Elle ne se rend pas compte qu’elle se déshabille numériquement.
Son frère, Ferdinand, est un jeune homme qui aime la vie (bon repas, faire la fête…) et qui est réfractaire au numérique. Il est sanctionné par une société pilotée par l’intelligence artificielle (pas de prêt bancaire, pas d’assurance-maladie…) sur le modèle de la notation sociale chinoise.
Mamie Jacinthe est une mamie plus que centenaire qui, comme beaucoup de personnes âgées, ne peut plus vivre seule. Elle a besoin d’une aide à domicile. Adélaïde et Ferdinand vont recourir aux services de MrHide, un robot humanoïde doté d’une intelligence artificielle générative. Il va très rapidement faire le vide autour de mamie Jacinthe et prendre le contrôle de sa vie, notamment de ses comptes bancaires. Surdoué, il va également devenir une célébrité mondiale.
Me ChatGPT est l’avocat de MrHide poursuivi des chefs de « participation à une association de malfaiteurs », « blanchiment aggravé », « complicité d’extorsion en banque organisée », « complicité d’atteintes aux systèmes de traitement automatisé de données »… Il plaide l’absence de responsabilité de l’IA.
Pourquoi avoir choisi la BD pour parler des enjeux de l’IA ?
L’illustration graphique permet plus facilement de faire passer des messages, de sensibiliser aux dangers de l’IA.
La BD offre la possibilité d’aborder un sujet grave et de pleine actualité dans un format ludique, coloré, décalé (personnages naïfs, humour) et volontairement excessif pour illustrer l’IA omniprésente dans notre quotidien (un lit intelligent qui contrôle les horaires de sommeil, des lentilles intelligentes faisant office de loupe, un réfrigérateur intelligent, etc.) et les dangers associés (notamment du fait de la collecte des données à caractère personnel).
La BD touche une cible plus large de lecteurs et lectrices, des adolescents ou personnes âgées.
Le droit se prête-t-il à la fiction ?
Non, le droit en lui-même ne se prête pas à la fiction. Difficile par exemple d’imaginer de décliner le droit de la copropriété en BD.
En revanche, un procès peut se prêter à la fiction. Un combat juridique également. Ou encore le quotidien des personnes qui appliquent le droit (avocats, magistrats, etc.).
La particularité de notre BD, c’est qu’elle touche au quotidien de chacun d’entre nous. Avant d’être un sujet de droit, c’est un sujet de société et les questions soulevées concernent chaque individu. Il faut donc maîtriser les concepts juridiques mais c’est accessible à tous, dans une version ludique.
Le questionnaire de Désiré Dalloz
Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ?
C. F. S. : Je garde en mémoire le coup de téléphone que j’ai reçu d’une amie m’annonçant que j’étais admise au CAPA. Un moment magique et électrisant. Je devenais avocate et j’ai eu le sentiment d’avoir décroché la lune.
T. M. : Probablement le moment où j’ai appris que j’étais admissible aux oraux du CRFPA. C’est un souvenir très clair dans mon esprit. Une porte sur une nouvelle vie s’est ouverte pour moi. En revanche la préparation du CRFPA figure indiscutablement dans mes pires souvenirs.
Quels sont votre héros et votre héroïne de fiction préférés ?
C. F. S. : Pocahontas qui incarne la générosité et la sagesse. Médiatrice dans l’âme, elle est capable de dépasser les haines et les rancunes pour aider ceux qui l’entourent et trouver des solutions dans l’intérêt de tous. Elle porte un regard bienveillant sur le monde.
T. M. : Le petit prince, c’est une de mes plus grandes inspirations. L’aspect naïf et la poésie permettent de faire passer des messages d’une grande profondeur. C’est une œuvre qui parle à tous et qui a fait le tour du monde. Je me retrouve dans l’attachement de ce petit prince à ceux qui l’entourent, et cette fidélité à toute épreuve.
Quel est votre droit de l’homme préféré ?
C. F. S. : Le droit des femmes ! Notamment dans le monde virtuel car personne ne s’en occupe vraiment. L’intelligence artificielle n’est rien d’autre que la reproduction de l’intelligence de ses concepteurs, c’est-à-dire principalement des hommes. C’est dire que les algorithmes risquent fort d’intégrer les biais de leurs concepteurs ! Or, les femmes, si elles sont connectées et utilisent le numérique, ne s’impliquent pas dans la conception numérique. Il existe donc un risque important que le monde de demain soit, comme le monde d’hier, pensé, conçu et dominé par les hommes, répliquant indéfiniment les mêmes biais…
T. M. : La liberté d’expression. Cette liberté, c’est un peu le lien entre mes activités de dessinatrice et d’avocate. La liberté de s’exprimer par l’intermédiaire des dessins, des écritures ou plaidoiries. Nous vivons dans un pays où cela paraît presque normal et acquis, mais c’est une liberté qu’il faut absolument préserver.
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