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De L’Avocation à L’Avocatesse
Avocate au Barreau de Toulon, chargée de cours à la Faculté, Aurore Boyard se passionne pour le droit et sa transmission. Elle concilie sa pratique professionnelle avec l’écriture de romans : L’Avocation en 2014, L’Avocature en 2016 et L’Avocatesse à paraître en juin 2018 chez Enrick B. Éditions. Dalloz aime le droit et les livres donc forcément cette auteure, qui a bien voulu répondre à nos questions. Elle sera présente pour vous rencontrer, le 25 mai prochain à la librairie Dalloz, 22 rue Soufflot à Paris en fin d'après-midi.
Pourquoi avoir choisi le roman et l’humour pour parler du métier d’avocat ?
D’en parler sous forme de roman s’est imposé immédiatement à moi, en revanche j’étais partie pour écrire un roman noir. Une rencontre avec une personne du milieu cinématographique m’a fait bifurquer sur l’écriture d’une comédie. Et au final, je ne le regrette pas car cela m’a permis de prendre du recul sur ce que je vivais au quotidien. Je trouvais intéressant de commencer à narrer la vie des avocats dès la prestation de serment, qui symbolise l’entrée dans la fonction, ainsi que nos usages et l’envers du décor. Le roman est un outil très pertinent pour ce faire et il laisse une marge de manœuvre et une liberté totale. Je voulais que les gens s’amusent, nous voient autrement qu’à travers les clichés traditionnellement véhiculés mais avec un souci de réalisme afin que tous réalisent ce que sont les métiers judiciaires, et plus précisément le mien.
Quelles ont été les réactions de vos confrères et de vos collègues à la parution de L’Avocation ?
Les retours ont été très positifs. J’ai reçu de très nombreux messages et de témoignages d’avocat(e)s qui m’ont indiqué réaliser à la lecture des livres qu’ils n’étaient pas seuls à vivre certaines situations compliquées, notamment le harcèlement, la fatigue, etc. autant de sujets abordés de façon très légère dans mes livres mais pour mieux faire passer un message. Certains confrères ou consœurs ont vécu les mêmes choses que mon héroïne. J’ai été bluffée de constater, en discutant avec eux, que certaines scènes que j’avais imaginées avaient réellement eu lieu. Pour résumer, tout est vrai.
Mes livres sont également classés comme des ouvrages de référence sur le métier d’avocat, des universitaires les mentionnant dans leurs ouvrages sur les avocats comme Fabrice Defferard. Et des élèves avocats m’ont appris qu’un de leur professeur à l’EFB de Paris les citait comme illustrant parfaitement la réalité du métier.
En outre, chose amusante, certains m’appellent Léa !
À quel point les aventures judiciaires de votre personnage, Léa, sont-elles autobiographiques ?
Elles le sont forcément car tout romancier met une part de lui dans ses écrits. Mais la vie amoureuse de Léa est totalement différente de la mienne, je mets un point d’honneur à préserver mes proches. J’avais été surprise de recevoir un jour un appel d’un client qui prétendait savoir que j’avais eu une relation avec un policier. J’ai éclaté de rire car il se fourvoyait totalement et je l’ai vite détrompé, avec humour et bienveillance bien sûr !
En revanche, la scène de la fourrière est en partie réaliste, comme d’autres situations rencontrées par Léa qui se sont nourries de la vie du monde judiciaire. Mais je ne dévoilerai pas ce qui ressort de la réalité ou de mon imagination d’auteur. Je trouve plus intéressant de laisser planer le doute. Ce qui est certain est que toutes les scènes sont réalistes et que la vie de Léa n’est pas forcément la mienne.
Qu’arrivera-t-il à Léa dans L’Avocatesse ?
Elle va, notamment, découvrir la maternité et comment arriver à la concilier avec ce métier violent et fatigant mais ô combien riche et passionnant. On va en savoir un peu plus sur sa famille et ses relations avec Nicolas vont prendre une tournure plus apaisée. Elle va, entre autre, participer à une campagne électorale au Bâtonnat mais je ne vous en dirai pas plus car je ne veux pas dévoiler toute l’intrigue. Je continue à montrer l’envers du décor et j’explore la notion de délicatesse qui a tendance à être oubliée de nos jours alors qu’elle constitue la base et l’essence même de notre métier. Je souhaite lui redonner ses lettres de noblesse ce qui est essentiel pour la survie de notre profession au vu des réformes à venir. J’ai le sentiment que les jeunes et moins jeunes l’oublient depuis quelques années ce qui rend plus compliqué et difficile l’exercice professionnel. On peut se battre dans un dossier, ne pas avoir le même point de vue mais il faut toujours se respecter et être délicat. C’est l’essence même de ce que nous devons être, à mon humble avis. Comme le rugby, c’est un métier violent sensé être pratiqué par des gentlemen et gentlewomen.
Le questionnaire de Désiré Dalloz
Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ?
Je garde un excellent souvenir de la faculté de droit de Tours qui, déjà en deuxième année de droit, dispensait des cours autres que du droit pur. J’ai ainsi pu suivre des cours de comptabilité et de gestion des entreprises et m’inscrire parallèlement à la faculté de lettres pour suivre un cours de civilisation danoise. C’était une bouffée d’oxygène. En plus, à l’époque, les locaux de la faculté se situaient boulevard Béranger dans une maison moyenâgeuse digne d’Harry Potter et la faculté de lettres donnait sur la Loire. Que demander de plus ?
Quel est votre héros de fiction préféré ?
Sans aucune hésitation Wonder Woman qui est le symbole de toutes les avocates. Comme elle, nous avons plusieurs vies en une et on attend beaucoup de nous.
Quel est votre droit de l’homme préféré ?
La liberté dans le sens de l’indépendance, ni Dieu ni Maître à part soi-même mais cela ne signifie pas faire n’importe quoi et ne pas tenir compte des autres. Bien au contraire, avoir la liberté de choisir son chemin, d’être responsable de ses actes et donc de les assumer. J’aime beaucoup le poème de Paul Éluard « Liberté j’écris ton nom ». Un de mes amis m’en a d’ailleurs offert une très belle reproduction artistique qui trône dans mon bureau.
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