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[ 10 novembre 2022 ] Imprimer

Des hommes, des femmes, nos libertés

 

Un voyage au cœur des combats pour nos droits et libertés ! Voilà ce que nous proposent Laura El Makki, écrivaine, professeur à Sciences Po, Nathalie Wolff, maître de conférencesvice-doyen à la culture de l’UVSQ Paris-Saclay, auteure, Elsa Oriol, peintre, illustratrice et Pancho, dessinateur de presse, peintre, dans un livre à paraître le 10 novembre 2022 aux Éditions Lefebvre Dalloz.

Comment vous est venue l’idée de ce livre à 4 ?

Au départ, nous avions le désir de raconter le droit autrement. Nous voulions mettre en lumière les hommes et les femmes derrière les grands textes qui font la Justice. Les mettre en lumière, sans les héroïser. Les présenter au cœur de leur époque, parfois aux prises avec leurs contradictions. Au cours de nos enseignements respectifs, nous avions mesuré le besoin et la volonté des étudiants de connaître davantage les racines de l’histoire de nos libertés. Ce sujet nous a paru d’autant plus nécessaire que ces mêmes libertés ne semblent jamais acquises et sont souvent fragilisées. Certains droits fondamentaux sont remis en cause, telle que la liberté d’expression qui se frotte aujourd’hui aux nouvelles technologies, avec des tentatives de censure plus diffuses qui n’émanent plus tant de l’État que de divers groupes dans la société. Il allait de soi que les hommes et les femmes devaient non seulement être racontés, mais aussi incarnés. Elsa Oriol et Pancho se sont alors associés à ce projet et ont donné au livre cette forme inédite. 

Quelles difficultés avez-vous rencontrées en l’écrivant ?

La première difficulté que nous avons rencontrée est celle du choix des libertés et des figures. Chaque liberté pourrait évidemment avoir sa place dans ce livre, ou constituer à elle seule un livre à part entière. Quant aux personnalités, elles sont nombreuses à avoir travaillé à l’émergence des droits. Nous n’avons pas pu toutes les citer. Notre approche est donc inévitablement incomplète, mais notre ambition est de susciter chez notre lecteur, juriste ou non, des questionnements à partir de cet état des lieux. D’autre part, nous avions le souci de nous adresser au plus grand nombre car le droit ne concerne pas que les avertis. C’était là un autre défi, que de mêler l’exigence scientifique, à la base de notre travail, à la mise en récit, essentielle à la compréhension de cette histoire faite de nuances. Il a fallu aussi trouver un équilibre entre nos disciplines respectives (le droit, la littérature, la peinture), qui sont aussi des passions communes. Que chaque chapitre porte en lui les textes et jurisprudences incontournables, tout en traversant des époques riches en événements et en pensées. Enfin, l’écriture à plusieurs est acrobatique ! Mais elle reste stimulante. 

Qu’apportent les illustrations au droit ?

Plus que des illustrations, les dessins et peintures traduisent la fondation même du projet. Ces visages, ces regards, représentent les combats menés et nous montrent la profonde humanité de ces penseurs. Ils nous rappellent que les droits sont vivants, mouvants, qu’ils sont un héritage à chérir. Ces hommes et femmes, nous les avons fait dialoguer. Ce livre est une invitation à poursuivre ce dialogue. 

Pourquoi rapprocher le public des juristes de celui des non-juristes ? Et vice – versa ?

Il ne s’agit pas tant de rapprocher deux publics que de considérer qu’il n’y en a qu’un seul. Le droit est écrit pour tous. Il devrait être compris par tous. Voici peut-être un livre pour contribuer à rendre le droit un peu plus accessible. 

Le questionnaire de Désiré Dalloz

Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ?

Elsa Oriol : Ayant été une enfant peu adaptée au système scolaire classique, mon meilleur souvenir reste celui où j’ai pu m’en affranchir pour poursuivre dans un domaine que j’avais enfin choisi : des études artistiques. C’est à ce moment de mes études que je me suis rencontrée.

Pancho : Ce serait très difficile de choisir un souvenir en particulier. Mais l’un parmi eux s’est détaché, dans le sens où il est devenu en quelque sorte inoubliable. Fernando Forteza, professeur d’Analyse Mathématique en classe préparatoire, nous a dit un jour : “vous verrez que dans la vie, les seules connaissances que vous n’utiliserez pas, sont celles que vous n’avez pas”.

Laura El Makki : L’émulation ressentie en hypokhâgne est un souvenir vivace. L’impression d’être au pied d’une montagne à gravir et la certitude que la difficulté était devant moi n’étaient que de courtes inquiétudes. J’étais heureuse d’apprendre autant, tous les jours, jusqu’à épuisement. Je n’ai jamais retrouvé ce plaisir marathonien des connaissances, ni la camaraderie de cette année si particulière, hors du temps. J’y ai noué des amitiés importantes, et encore essentielles. 

Nathalie Wolff : J’ai beaucoup aimé mes années d’études à la faculté de droit d’Assas, les amitiés nouées, l’envie d’apprendre, sans compter la fameuse soirée où nous dansions sur les tables du Grand Amphi ! Mais je garde un souvenir particulièrement ému des cours du professeur Yves Jégouzo qui m’a donné envie de poursuivre en thèse de droit de l’environnement à une époque où bien peu de gens s’intéressaient à cette question. 

Quels sont votre héros et votre héroïne de fiction préférés ? 

E. O. : Avec le temps, « Ma sorcière bien-aimée » demeure mon héroïne d’enfance… Une femme aux pouvoirs surnaturels qui désamorce les conflits et résout les problèmes en toute malice et discrétion. 

P. : Désolé, j’avoue que je n’ai jamais eu un héros ou une héroïne de fiction.

Tout de même, j’aurais envie d’évoquer un personnage de fiction dont l’histoire m’a particulièrement touché, bien qu’il ne soit pas un héros. George Smith un Nord-Américain en visite avec sa femme à Biarritz, dans la nouvelle Par un beau jour d’été, de Ray Bradbury publiée par la première fois dans Playboy en 1957, et faisant partie plus tard de son livre de nouvelles Un remède à la mélancolie.

Peu avant le coucher du soleil, George Smith se promène au bord de l’eau sur la plage presque déserte, sans soupçonner qu’il va vivre, probablement, l’une des plus incroyables aventures de sa vie. Fort heureusement, le smartphone et les réseaux sociaux n’existaient pas à l’époque... ou cette histoire n’existerait pas non plus.

L. E. M. : Mrs Dalloway, dans le roman de Virginia Woolf, pour la profondeur de sa voix, tout ce qu’elle pense et ne dit pas, ou ne dira jamais. Et Aurélien, le seul, celui de Louis Aragon. Il demeure un personnage très énigmatique, très important pour moi. Son ombre dans les rues de Paris, le mouvement de ses bras dans l’eau, son goût de l’absolu. Il donne son titre à l’un de mes romans préférés. 

N. W. : Le cinéma, et plus encore la littérature, sont deux passions qui façonnent mon quotidien. Alors pas facile de retenir deux figures seulement … Mais je mentionnerais Antoine Doinel, personnage central des films de François Truffaut, avec sa voix si particulière. Je voue une profonde tendresse aux anti-héros. Du côté des héroïnes, le personnage d’Alice au pays des Merveilles dans le livre de Lewis Carroll, du fait de son étrangeté. Alice tient la fameuse posture de l’étonnement et de l’émerveillement, et ça m’émerveille ! 

Quel est votre droit de l’homme préféré ?

E. O. : En tant que femme, le droit à disposer de son corps, tout comme le droit à l’éducation sont vitaux et me semblent garants d’autres droits fondamentaux. 

P. : En tant que journaliste et dessinateur de presse, je suis très attaché à la liberté d’expression.

En tant qu’être humain, la liberté d’aller et venir a été essentielle dans ma vie.

L. E. M. : La liberté d’expression ! J’écris des livres, j’aime en lire. Je ne sais pas comment nous ferions sans elle. 

N. W. : L’existence même de ce livre me fait choisir la liberté d’expression et de création artistique. Les rédacteurs de la Déclaration des droits de 1789 ne se sont pas trompés en se référant à l’« un des droits les plus précieux de l’Homme ».

 

Auteur :MBC


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