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[ 22 février 2018 ] Imprimer

Droit et innovation

Les nouvelles technologies transforment tous les métiers, et ceux du droit en font évidemment partis également. Dalloz Actu Etudiant a demandé à Alexis Deborde, juriste fondateur et directeur de LEGANOV & HERCULE - The Legal Tech Agency, de nous parler de ces transformations.

Qu’est-ce que l’association Loi 1901 Open Law ?

Je vais vous parler de L’association Open Law*, Le Droit Ouvert, d’une manière informelle et au travers de mon expérience. Bien entendu, ce qui suit n’engage que moi !

Open Law, c’est d’abord une communauté de passionnés et de précurseurs convaincus que l’innovation repose sur des modèles ouverts et collaboratifs.

Je me suis rapproché de l’association par curiosité et je me suis rapidement reconnu dans son modèle, ses valeurs mais aussi dans la diversité des acteurs qui s’investissent au quotidien dans les projets de l’association.

Plus concrètement j’ai pu animer depuis deux ans les travaux relatifs à une charte éthique pour un marché du droit en ligne et ses acteurs. 

Dans un contexte plutôt tendu où la transformation numérique bouscule les professions en place et favorise l’arrivée de nouveaux acteurs, il devenait nécessaire de créer un lieu de dialogue pour définir les règles essentielles à la préservation des intérêts du justiciable. Ainsi, nous avons réussi en neuf mois à faire participer plus d’une centaine d’acteurs très variés (huissiers, avocats, professeurs de droit, dirigeants de Start-ups du droit, étudiants, éditeurs de logiciel, etc.) pour rendre une première version du texte. 

Le texte est aujourd’hui signé par près de deux cents acteurs du marché du droit. Il représente une communauté d’acteurs prêts à partager leurs expériences et leurs bonnes pratiques pour améliorer la qualité de leurs services dans l’intérêt supérieur du justiciable. Qui aurait pu penser il y a encore deux ans que des start-ups du droit et professions règlementées pourraient s’enrichir de leurs expériences respectives pour penser un marché du droit en ligne plus éthique ?

Qu’est-ce que Leganov et Hercule ?

Depuis 2014, les avocats peuvent officiellement faire de la communication pour faire connaître leurs services. Mal préparée à cette nouveauté, Leganov était d’abord un organisme de formation pour sensibiliser la profession à ces nouveaux enjeux.

Rapidement Leganov est devenu une agence de communication digitale experte des professions du droit (avocats, huissiers, etc.). Outre les cabinets et les études, Leganov au côté de l’agence Centdegres a notamment réalisé la campagne de Marie-Aimée Peyron et Basile Ader, actuel Bâtonnier et Vice Bâtonnier du Barreau de Paris.

En parallèle et dans un contexte de transformation du marché du droit, les demandes de nos clients se sont complexifiées dépassant largement la communication digitale. Pour répondre à cette demande, Leganov s’est associé à Contracto SAS qui développait une solution technologique pour automatiser des actes et des procédures juridiques. 

Hercule est né de ce rapprochement. L’agence forme, conseille et accompagne les professionnels du droit et du chiffre sur tous les sujets liés à la transformation numérique de leurs activités. À ce titre nous développons des solutions « legaltech » pour des cabinets d’avocats, des études de notaires ou d’huissiers, des éditeurs juridiques, des directions juridiques, des banques, etc. Nous organisons des hackathons et des congrès professionnels pour stimuler la créativité de nos clients et notamment lors du dernier congrès du réseau Eurojuris à Bordeaux ou des universités d'été de l’Union Nationale des Huissiers de Justice à Lisbonne en septembre dernier. Enfin, nous pensons et optimisons la stratégie de communication et d’acquisition digitale de nos clients pour les accompagner dans la croissance de leurs activités.

Quelle formation pour les juristes d’aujourd’hui ?

La formation du juriste doit être permanente et globale. Il n’y a plus de formation initiale à opposer à la formation continue. Un bon juriste va devoir se former en permanence, non seulement au droit mais aussi et surtout à de nouvelles disciplines.

Plus globalement, c’est la typologie des métiers du droit qui est en train d’évoluer. Les besoins des acteurs du droit et de leurs clients se transforment et invitent les juristes à acquérir rapidement de nouvelles compétences, à investir de nouveaux périmètres qui seront les métiers juridiques de demain (legal designer, legal process analyst, legal project manager, legal data scientist, legal knowledge engineer, legal risk manager...).

Ce changement de paradigme impose de repenser la formation des étudiants dès leurs premières années de droit. 

Il ne s’agit pas d’enfermer le jeune étudiant dans une formation strictement juridique durant sept ans mais au contraire de stimuler sa créativité en le confrontant très tôt et tout au long de ses études à d’autres matières afin d’explorer des horizons différents. Cela implique aussi de faciliter les rencontres avec d’autres étudiants, des professionnels et des professeurs de multiples horizons (ingénieurs, développeurs, communicants, managers, etc.). Cette ouverture est essentielle pour casser l’entre soi, stimuler la créativité et donner les moyens à chacun d’innover. 

https://ssl.gstatic.com/ui/v1/icons/mail/images/cleardot.gifNous travaillons actuellement en ce sens avec le professeur Pierre Berlioz, directeur de l’École de Formation des Barreaux, afin de sensibiliser les futurs avocats à des applications technologiques, marketing ou design du métier au sein d’un LAB qui sera très prochainement officialisé. L’objectif est simple: stimuler la créativité des futurs avocats afin de les inciter à réinventer leurs pratiques et plus globalement leur profession.https://ssl.gstatic.com/ui/v1/icons/mail/images/cleardot.gif

 

Faut-il craindre les transformations de la justice du 21e siècle ?

Ce qu'il faut surtout craindre c'est l'immobilisme et l'inertie des Institutions. 

Alors que les repères traditionnels sont peu à peu bousculés, nous avons besoin d'Institutions et de professionnels du droit éclairés, réactifs, et capables de préserver les intérêts essentiels de chacun. 

Les chantiers récemment ouverts par le ministère de la justice sur ce sujet vont dans la bonne direction et je suis convaincu que les acteurs du droit (professionnels, institutions, étudiants, etc.) ont le devoir de s'impliquer et participer à ces réflexions. 

L'enjeu est de taille, mettre à profit les transformations que nous vivons (usages, technologiques, etc.) au service d'une justice plus efficace. Il s'agit de confronter ses grands principes jusqu'à présents relativement figés à une société qui se transforme en profondeur et rapidement. Pour cela, les professionnels du droit doivent réfléchir de manière ouverte et en collaboration avec d'autres experts qui leur permettront d'éclairer leurs réflexions et décisions.

À l'échelle de l'association Open Law et dans le cadre des travaux que je coanime, nous allons par exemple ouvrir cette année des réflexions sur la transparence des algorythmes qui peuvent s'appliquer au droit. L'enjeu est de permettre aux professionnels et/ou aux justiciables de comprendre le fonctionnement des outils et des plateformes qu'ils utilisent au quotidien afin d'avoir un regard critique ou analytique de leur fonctionnement et de s'assurer qu'ils respectent les principes et intérêts essentiels de la Justice et du justiciable.

Le questionnaire de Désiré Dalloz

Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ? Ou le pire ?

Entre les souvenirs associatifs, entrepreneuriaux, voyages et quelques anecdotes d’amphi … il y a tellement de bons souvenirs ! 
 S’il faut choisir, je dirais que c’est le jour où je me suis rendu en moto, entre les vaches et les semi-remorques, à la première rentrée du Master 1 de droit des affaires internationales de l’Université Paris II délocalisé à Ho Chi Minh Ville ! Le début de toute une aventure qui a transformé mes convictions et m’a donné un goût profond pour l’entreprenariat.

Quel est votre héros de fiction préféré ?

Par passion pour le sport automobile … Michel Vaillant !

Quel est votre droit de l’homme préféré ?

La liberté d’expression... d'entreprendre aussi :-)

 

Auteur :M. B.C.


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