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Étudiants juristes, pourquoi pas le secteur social et médico-social ?
Le magazine Direction(s), le mensuel des directeurs et cadres du secteur social et médico-social, fête ses 20 ans. Dans le cadre de son Trophée qui récompense, depuis 2005, des initiatives exemplaires, remarquables et reproductibles menées par les professionnels de l’action sociale, la rédaction attribue le prix « Diriger demain » qui récompense un futur directeur en formation pour sa contribution écrite sur le sens de son engagement. Jean-Baptiste Chèvre, élève à l’École des Hautes Études de Santé Publique (EHESP) l’a remporté cette année et nous fait le plaisir de répondre à nos questions (Lire son texte ici).
Quelle est la part du droit dans vos études ?
Le droit n’a jamais été une discipline dominante dans mon parcours, mais y a toujours occupé une certaine place. Durant mes premières années d’études à la Sorbonne, j’ai découvert le droit constitutionnel et le droit de l’Union européenne à travers ma licence de Science politique, mais aussi le droit privé de l’Ancien Régime en licence d’Histoire. Mes deux années de master en Santé publique m’ont permis plus tard d’explorer le droit public, le droit de la Santé ou encore le droit de la Sécurité sociale. Pour être tout à fait franc, je n’ai jamais été un passionné de droit, mais je dois admettre que ces apports juridiques ont clairement contribué à un élargissement de ma culture générale et au développement d’un esprit rigoureux. Le fameux plan en deux parties – deux sous parties m’a d’ailleurs beaucoup servi dans l’approche méthodologique des concours et me sert encore aujourd’hui dans l’exercice de mon métier !
Comment êtes-vous venu vers ce secteur du médico-social ?
À la fin de ma deuxième année d’études, j’ai eu l’opportunité de faire un stage de quelques semaines au sein d’un foyer d’accueil médicalisé (FAM) de l’association des paralysés de France (APF), une structure qui accueille des adultes en situation de handicap moteur et psychique. Alors que l’établissement traversait une passe difficile, ce stage a paradoxalement été une révélation. J’ai en effet beaucoup apprécié le lien avec les personnes en situation de handicap. Ce que j’aime avec elles, c’est leur côté « cash » et « sans-filtre » qui vient nous bousculer constamment. Cela nous pousse finalement à être plus simple, à faire tomber les masques et à recentrer notre vie autour de l’essentiel. Diriger des structures sociales et médico-sociales, c’est finalement envisager plus qu’un projet professionnel : c’est quelque part accepter d’en faire un projet de vie.
Quel est le parcours pour devenir un cadre de ce secteur ?
Il n’y a pas vraiment de parcours-type. J’ai pour ma part suivi une double licence d’Histoire et de Science Politique à Paris 1 avant d’intégrer une première fois l’École des Hautes Études en Santé publique (EHESP) en master 1 de Santé publique. Je suis ensuite passé par le master 2 Droit et gouvernance du secteur sanitaire, social et médico-social pour préparer les concours. Mon projet était déjà de devenir Directeur d’établissement sanitaire, social et médico-social (D3S) afin de travailler auprès des personnes en situation de handicap. Mais ce parcours n'en est qu’un parmi tant d’autres ! Ma promotion est à ce titre très représentative de cette diversité de parcours et de profils : on y côtoie des infirmiers, des juristes, des travailleurs sociaux, des ingénieurs et des contrôleurs de gestion, ou encore des personnes issues du milieu de l’entreprise. J’ajouterai enfin qu’il n’y a pas d’âge pour diriger des établissements au sein de ce secteur : ma promotion en est également la preuve, ses élèves allant d’à peine 25 ans à plus de 50 ans. Bref, il ne faut surtout pas se censurer !
Pouvez-vous nous parler de votre texte lauréat du prix « Diriger demain » ? Quelle est sa forme ? Son objectif ? L’avez-vous écrite pour pouvoir la relire tout au long de votre future carrière professionnelle que nous vous souhaitons longue, prospère et passionnante ?
Écrire sur le thème « Diriger demain » aura été un exercice édifiant de projection personnelle dans le métier de directeur. Inspiré par la lecture récente d’un ouvrage sous forme d’échange de lettres, j’ai d’emblée opté pour la rédaction d’une missive. J’ai ensuite souhaité aborder cette thématique sous l’angle de la transmission d’expérience, car je crois profondément en la nécessité de transmettre entre nos générations. L’écriture de cette « Lettre à un directeur en devenir » m’a naturellement amené à échanger avec six directeurs et directrices qui ont accepté de partager avec moi leur vision du métier, à la fois emprunte de beaucoup de réalisme mais aussi d’espérance. À travers cette lettre, j’ai d’abord à cœur de donner à chaque lecteur et à chaque lectrice l’envie d’exercer ce métier, que je crois aussi exigeant que passionnant. J’espère que ce texte saura inspirer, et qui sait, susciter de nouvelles vocations. Car aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’une nouvelle génération de directeurs et de directrices, qui soient eux aussi engagés et animés par le souci constant des personnes accompagnées, qu’elles soient handicapées, âgées, ou encore enfants. Ce texte a en outre été pensé comme une boussole et comme un guide d’action, que j’aurai plaisir à relire régulièrement dans les années futures afin de garder le cap que je me suis fixé.
Le questionnaire de Désiré Dalloz
Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ?
J’ai beaucoup aimé me promener dans les couloirs de La Sorbonne, entre la rue Cujas et la place du Panthéon. J’avais parfois l’impression d’être au musée … ! Ce fut un privilège que d’étudier dans un cadre aussi beau et inspirant.
Quels sont votre héros et votre héroïne de fiction préférés ?
J’aime beaucoup le Petit Prince de Saint Exupéry, pour sa spontanéité et pour les clés de bonheur qu’il nous transmet.
Quel est votre droit de l’homme préféré ?
J’aimerais ne pas avoir à choisir. Mais si je devais n’en retenir qu’un seul, ce serait la liberté de pensée, indissociable selon moi de l’exercice de l’esprit critique. Je ne remercierai jamais assez mes professeurs de m’avoir appris à exercer pleinement ce droit au cours de mes études. Il est devenu aujourd’hui un outil essentiel dans ma vie professionnelle mais aussi personnelle.
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