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Femmes de loi
Une interview, une illustration, des documents forment le portrait de chacune des « juristes » réunies dans l’ouvrage Femmes de loi (Dalloz, nov. 2021). Son auteur, Juliette Mel, est avocate et elle enseigne le droit. Elle répond à nos questions sur ce livre bienvenu.
■ Pourquoi des femmes de loi ?
Tout simplement parce qu’il y avait très peu de livres sur les femmes de loi et que j’ai considéré qu’il était important de mettre en avant ces parcours qui sont porteurs d’espoir et assez inspirants. C’est d’abord la première raison. La deuxième raison est ensuite que cela permet de mettre en lumière des professions qui ne sont pas forcément bien connues du grand public, des étudiants. Enfin, la troisième raison est de montrer à toutes les femmes que tout est possible et qu’il n’y a pas d’esprit sacrificiel à avoir et qu’il est parfaitement possible de tout mener de front.
■ Qui sont les femmes de votre livre ?
Elles sont assez variées finalement. Elles sont toutes connues : Ariane Abitbol, Joëlle Adda, Chantal Arens, Nicole Belloubet, Julie Couturier, Christiane Féral-Schuhl, Dominique Payen de la Garanderie, Noëlle Lenoir, Corinne Lepage, Dominique Lottin, Ombeline Mahuzier, Catherine Marchi-Uhel, Agnès Naudin, Aminata Niakaté, Marie-Aimée Peyron et Isabelle Rome. Le jeu était de montrer que quand on veut, on peut !
Il y a des anciens ministres, des avocates, des magistrates, des membres du Conseil constitutionnel, des professeurs d’université, des commandants de police, des officiers de police judiciaire... Le but était d’avoir un panel varié… Il n’est pas complètement représentatif puisqu’il faudrait alors passer au tome 2 ! Mais l’idée est bien de mettre en avant la diversité des parcours.
■ Que retenez-vous de ces rencontres ?
Je retiens de ces rencontres une authenticité et une simplicité de ces femmes. Je m’apprêtais à devoir sortir une encyclopédie d’arguments pour les convaincre et peut être que j’ai un très grand pouvoir de persuasion mais au premier échange téléphonique, elles ont toutes été emballées tout de suite par l’idée – il faut dire que j’ai la chance d’être porté par un éditeur de grande renommée. Le projet s’est fait très simplement, j’ai enregistré des conversations téléphoniques et je les ai retranscrites et derrière elles ont été très peu retouchées. Elles ont toutes été vraiment sympathiques et attachantes.
■ Faut-il craindre l’incarnation du droit ?
Le droit est essentiellement incarné puisque le droit s’applique aux hommes. Certes, d’un côté, il y a une tendance à l’universalisme et à l’égalité devant la loi mais, de l’autre, le droit, c’est aussi de l’interprétation du droit, de la pratique du droit ; et selon moi, ce qui est vraiment magique dans le droit et passionnant, c’est qu’il y a toujours une façon d’interpréter un mot, alors un groupe de mots… Pour ma part d’avocate, tout se plaide et si on ne peut pas dire tout est son contraire, on peut distordre un concept et c’est ce qui est merveilleux. Oui, de ce point de vue-là, le droit peut être incarné.
Montrer la partie humaine est le but de l’ouvrage, rendre le droit accessible. J’ai à cœur, quand je donne cours, quand un étudiant ne comprend pas, quand il n’a pas les codes pour comprendre, de le faire passer de l’autre côté du miroir. C’est pourquoi également j’ai choisi des femmes qui sont nos contemporaines pour que le récit de leurs parcours soit plus moderne et plus vivant. Quand on voit Corinne Lepage, elle a eu 1001 vies, et il y en aura encore sans doute une 1003e vie !
Le questionnaire de Désiré Dalloz
Quel est votre meilleur souvenir d’étudiante ?
J’ai eu la grande chance de majorer en maîtrise et mon père a cru que je lui faisais une blague. Je n’étais pas fière : j’ai eu un élan de joie. Je me rappelle très très précisément ce moment, ce que je portais, à qui je l’ai dit en premier, ce que je faisais ce jour-là.
Quels sont votre héros et votre héroïne de fiction préférés ?
Alice au pays du droit [Enrick B. Editions, 2020].
Quel est votre droit de l’homme préféré ?
La liberté. Peut-être est-ce parce qu’il en manque aujourd’hui. En tout cas c’est mon droit le plus cher.
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