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[ 17 février 2022 ] Imprimer

Heureusement Les surligneurs existent !

Les surligneurs est un média juridique auquel vous pouvez participer. Jean-Paul Markus, professeur à l’Université Paris-Saclay, en est le directeur de la rédaction. Il nous explique quand, pourquoi et comment venir les rejoindre pour surligner à votre tour les propos politiques juridiquement erronés.

Rappelez-nous l’histoire des Surligneurs

Tout part d’une idée du fondateur, Vincent Couronne (docteur en droit européen, enseignant à l’Université de Paris-Saclay), qui s’énervait en entendant tant de promesses juridiquement farfelues lors de la campagne présidentielle de 2017. Avec un ami designer, il décide de monter un site pour dénoncer ces erreurs. J’ai trouvé le projet si enthousiasmant que je m’y suis joint dès le début, commençant à éplucher les programmes électoraux, discours ou interviews politiques. Puis nous avons invité des collègues à nous rejoindre, puis des étudiants, et je suis “monté en grade”, devenant directeur de la rédaction. Le succès fut tel que les télévisions étrangères (Japon, Québec, Corée du Sud) qui couvraient l’élection en 2017 sont venues nous filmer à l’université…

Depuis, nous ne nous limitons pas au traitement des seules élections : le personnel politique n’attend pas les élections pour proférer des contre-vérités juridiques. Grâce à des financements publics (Université Paris-Saclay notamment) mais aussi privés (Lextenso, LCI, Fondation Hippocrène), Les Surligneurs sont devenus un vrai média juridique, avec un numéro de Commission paritaire des publications et agences de presse. Une vingtaine de bénévoles et/ou stagiaires, autant d’enseignants-chercheurs (mais aussi des avocats ou des juristes) intervenant comme auteurs ou relecteurs, et environ 150 étudiants chaque année, qui veillent sur la presse et rédigent sous la supervision d’un enseignant.

Comment qualifiez-vous votre activité au sein du monde du droit et des médias ?

Au fil du temps, nous avons réalisé que nous venions de mettre au point ce que nous avons baptisé le legal checking. Le fact checker vérifie les affirmations factuelles, le legal checker vérifie les affirmations qui ont une portée juridique. Nous sommes un média juridique, ce que nous assumons en veillant à préserver la rigueur scientifique de nos publications. Mais nous nous adressons aussi à un public de non-juristes, en particulier les journalistes de la presse généraliste, qui nous relayent fréquemment, au point qu’ils nous citent désormais sans avoir à préciser qui nous sommes, ou utilisent nos arguments lorsqu’ils questionnent les femmes et hommes politiques. Nous sommes très fiers de cette notoriété acquise, et le legal checking devient même à la mode (LibérationLe FigaroFranceInfo etc.). Mais c’est aussi parce que nous avons su rendre nos publications accessibles, en évitant de jargonner, en expliquant les termes juridiques lorsqu’ils sont incontournables, en évitant les débats doctrinaux (que nous laissons aux « grandes » revues juridiques).

Quelle est votre ligne éditoriale, qui sont vos lecteurs ?

Nous tentons d’allier rigueur juridique et accessibilité, notamment pas des astuces rédactionnelles (les liens hypertextes vers la source par exemple, qui nous évitent les citations, dates et notes de bas de page). Nous sommes tenus par deux déontologies. D’abord celle des enseignants universitaires : l’impartialité et la mention des sources ; celle des journalistes, en donnant un droit de réponse aux personnes « surlignées » avant et après publication. Nous revendiquons également une liberté de ton assez inhabituelle dans les revues juridiques, c’est un des aspects les plus agréables de l’exercice. 

Pour ces raisons, nous visons les collègues, les avocats, les juristes, et les étudiants, mais pas seulement. Une petite moitié de nos lecteurs sont journalistes, car nous leur servons de ressource documentaire, exactement comme un journaliste spécialisé irait lire une revue scientifique pour mieux expliquer les questions climatiques. Pour cette raison d’ailleurs, nous avons plusieurs partenariats : TF1-LCI, Public Sénat, Les Décodeurs du Monde… et bientôt Dalloz actu étudiant.

Comment les étudiants peuvent-ils vous rejoindre ? 

Par leur directeur de master 2, sous forme de module noté, comme nous le faisons déjà avec plusieurs facultés. Mais aussi tout simplement en nous contactant sur le site Les surligneurs. À l’étudiant(e), ensuite, de proposer un propos politique à surligner. C’est la première étape du raisonnement juridique : il a fallu qualifier les faits ! Si ensuite une erreur juridique existe bel et bien, nous lui proposons de rédiger un « surlignage » sous la supervision d’un collègue spécialiste dans le domaine considéré. Il faut alors développer le syllogisme… bref, c’est un cas pratique express. Reste le plus difficile, à savoir se faire comprendre du non-juriste par un raisonnement fluide et clair. Mais après tout, c’est ce que font tous les jours l’avocat ou le juriste d’entreprise, alors autant s’entraîner. Tout se passe par internet (WhatsApp, Drive, et bientôt notre propre plateforme), jusqu’à la publication finale.

Le questionnaire de Désiré Dalloz

Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ?

Le pire est l’arrivée sur les bancs d’Assas en « DEUG 1 » (L1), venant de mon « 9-3 ». Le meilleur est qu’on s’y habitue très bien.

Quel est votre héros de fiction préféré ?

Les 4 fantastiques, Astérix, Gaston Lagaffe, Monsieur Phelps, Numéro 6, James West, Monsieur Spock, John Steed ou encore César de Pagnol. Dire quel est mon préféré parmi ceux-là, c’est comme vouloir départager le Chamallow, l’Ourson guimauve, le Carambar et la fraise Tagada. Comme en droit, il faut éviter d’être monomaniaque.

Quel est votre droit de l’homme préféré ?

Le droit à la vie privée. C'est le dernier rempart contre le « tout-réseaux-sociaux ».

 

Auteur :Marina Brillié-Champaux


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