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La justice au cinéma
Erin Brockovich, seule contre tous, 12 hommes en colère, La tête haute, Mon crime ou bien encore Madame porte la culotte, quel est le point commun de tous ces films en couleurs ou en noir et blanc ? Gagné ! C’est la justice ! Thibault de Ravel d’Esclapon, maître de conférences HDR à l’Université de Strasbourg, auteur de LA JUSTICE AU CINEMA (Dalloz, 2023), a bien voulu répondre à nos questions sur ce livre avec des images, celles des 21 monuments cinématographiques qu’il présente et analyse pour les lecteurs curieux. (Pour en savoir plus sur l’ouvrage, écouter le podcast « Culture Droit »).
Quel est le fil directeur de ce beau livre ?
Il s’agit d’identifier puis de repérer comment le cinéma s’empare de la justice. Les représentations cinématographiques de la justice en action sont nombreuses, quasiment depuis l’origine du cinéma. Certaines sont magistrales : on pense bien sûr ici à Douze hommes en colère (Sidney Lumet, 1957) ou, deux ans après, Autopsie d’un meurtre (Otto Preminger, 1959). Bien sûr, le tribunal, et le procès qui s’y déroule, sont le sujet principal. Mais il n’y pas que cela. C’est inépuisable. Encore récemment, le magistral Anatomie d’une chute (Justine Triet, 2023), qui a eu la Palme d’or à Cannes, est exceptionnel.
Pourquoi s’intéresser aux rapports entre justice et cinéma ?
Tout d’abord, parce que je crois que cette méthode d’analyse a des vertus pédagogiques exceptionnelles. Un concept, une notion, un mécanisme : tout cela s’explique très bien avec l’image et avec une trame narrative. Et au vrai, plus le film est bon, mieux les concepts juridiques qui le sous-tendent seront compris par nos étudiants. Ensuite, je crois que le cinéma permet de stimuler et de façonner notre capacité critique. Aujourd’hui, si l’on veut comprendre et réfléchir à la question du jury et à ses implications, il faut voir Douze hommes en colère ou encore Justice est faite (André Cayatte, 1950). Ainsi que L’Hermine (Christian Vincent, 2015). Certes, ce film est tout entier centré sur un président d’assises. Mais son rapport aux jurés est intéressant. Un film comme Erin Brockovich, également, est une invitation à la réflexion sur la question des actions collectives. Mais cela va bien plus loin ; Erin dit beaucoup sur les inégalités sociales dans la justice américaine. On comprend pourquoi le courant droit et cinéma est devenu aux États-Unis un véritable champ disciplinaire.
Comment avez-vous choisi les films ?
C’était une tâche très difficile. Il y en a beaucoup et d’excellente facture. Bien sûr, il y avait les incontournables. Je ne pouvais pas – et ne voulais pas d’ailleurs – écarter Douze hommes en colère. Ni Autopsie d’un meurtre, que je trouve impressionnant de maîtrise. Mais il manque beaucoup de classiques qui sont exceptionnels. Il fallait donc assumer une part de choix personnels. Cela étant, j’ai essayé de conserver une forme de régularité quant à la période, allant de 1930 (avec un formidable Accusée, levez-vous ! de Maurice Tourneur) à 2023.
Avez-vous été surpris par un film en l’analysant avec votre regard de juriste ?
Oui, et à peu près par tous. C’est cela qui est passionnant dans cette approche. On ne voit pas les choses de la même façon. C’est stimulant.
Le questionnaire de Désiré Dalloz
Quel est votre meilleur souvenir d'étudiant ?
Quand j’ai compris que je voulais être enseignant.
Quels sont votre héros et votre héroïne de fiction préférés ?
En ce moment, après avoir écrit le livre, je dois dire que j’ai un faible pour l’excellent Wilfrid Robarts, dans Témoin à charge, de Billy Wilder. Il est drôle. Et bien sûr, comment ne pas citer Erin Brockovich ?
Quel est votre droit de l'homme préféré ?
Le droit de se défendre. Et c’est avec cela que commence le livre, avec le film de Maurice Tourneur, Accusée, levez-vous !
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