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[ 9 novembre 2023 ] Imprimer

Parlons méthodologie des études de droit

Les étudiants de la première année de licence en droit sont en pleine découverte des exercices juridiques : fiches d’arrêt, cas pratiques, commentaires d’arrêt ou dissertations juridiques. Nous avons demandé à Merryl Hervieu, qualifiée aux fonctions de maître de conférences, docteur en droit privé, rédactrice pour Dalloz Actu Étudiant, de nous parler méthodologie à partir de notre indispensable ouvrage Je veux réussir mon droit.

Le droit au début : est-ce apprendre par cœur des notions et du vocabulaire ?

Oui… et non ! Il est vrai que le droit a son vocabulaire et qu’on ne peut progresser sans apprendre par cœur un assez grand nombre de définitions. Sous cette réserve, il ne s’agit pas d’apprendre mécaniquement des notions sans les comprendre, en comptant seulement sur sa mémoire. Il convient de comprendre pour apprendre. Un étudiant en droit doit apprendre chaque année des milliers de pages, et il est hors de question d’assimiler une telle somme de connaissances en ayant recours seulement à sa mémoire. Chaque matière doit devenir pour l’étudiant un tout cohérent. On ne retient une matière ou une question que lorsqu’on en a saisi la cohérence interne. Les règles de droit ne sont ni artificielles ni arbitraires. Il s’agit de comprendre leur raison d’être, leur finalité, leur esprit. Bref, contrairement à ce que l’on peut parfois entendre, le droit n’est pas un simple exercice de mémorisation.

À quoi sert la fiche de jurisprudence ?

Schématiquement, elle sert à analyser une décision de justice. Elle prépare au commentaire d’arrêt (dont elle constitue l’introduction) mais alors que ce dernier apparaît comme une présentation ample et développée d’une décision judiciaire, la fiche d’arrêt, quant à elle, contient une analyse courte et codifiée (obéissant à des étapes invariables et prédéfinies) d’une même décision. Elle doit être concise et structurée, notamment pour permettre, en vue des examens, une révision rapide et efficace de la jurisprudence existante. Elle est un instrument de travail préalable utilisé par tous les juristes et est indispensable à toute étude de la jurisprudence, elle-même essentielle pour connaître le droit positif. La fiche de jurisprudence n’est donc pas seulement un exercice imposé pour la préparation des séances de TD. Elle constitue en réalité une méthode de base d’analyse et d’étude de la jurisprudence qui servira à l’étudiant toute sa vie. Il s’agit donc pour lui d’acquérir dès le départ des réflexes, des automatismes, pour procéder utilement à sa rédaction.

Qu’est-ce qui distingue une dissertation juridique d’une dissertation d’histoire de terminale ?

Ses contraintes de forme. La dissertation juridique est un exercice assez formaliste. Il est notamment d’usage de respecter un plan comportant : une introduction riche et développée ; deux parties divisées en elles-mêmes en deux sous-parties ; pas de conclusion. Ce plan doit ressortir nettement et pour cela, on donne aux parties et aux sous-parties des intitulés apparents. L’ossature est donc beaucoup plus apparente que dans une dissertation littéraire ou historique de terminale.

Quels sont les objectifs pédagogiques du cas pratique ?

L’acquisition d’une méthodologie précise de raisonnement. On ne demande pas à l’étudiant lequel des protagonistes lui semble dans son bon droit, ou quel arrangement lui apparaîtrait équitable. On lui demande de trouver une solution imposée par le droit positif, autrement dit, de chercher la solution qu’apporterait un tribunal si le cas lui était donné à juger. Il s’agit donc pour l’étudiant de découvrir les règles applicables et de les mettre en œuvre comme s’il était un juge. C’est la raison pour laquelle on exige de lui qu’il apporte une réponse qui soit à la fois précise et raisonnée : une solution non justifiée par un raisonnement juridique serait sans valeur pour le correcteur ; de même, une argumentation ou un exposé de connaissances qui ne déboucherait pas sur une réponse pratique précise à la question posée resterait inachevé.

Le questionnaire de Désiré Dalloz

Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ?

J’hésite entre le premier jour de ma vie d’étudiante, soit ma rentrée en première année à la fac, pour l’excitation de découvrir un monde nouveau et la liberté dans l’enseignement qui est dispensé dans les facultés, et le dernier, soit le jour de ma soutenance, pour la libération, l’émotion du partage avec mes pairs et l’aboutissement heureux d’une longue collaboration avec mon directeur de thèse et ami Denis Mazeaud.

Quels sont votre héros et votre héroïne de fiction préférés ?

Une héroïne à laquelle sont sensibles, je pense, de nombreuses juristes femmes : Antigone. Pour sa résistance farouche aux lois arbitraires.

Quel est votre droit de l’homme préféré ?

La liberté d’expression. Parce que sans elle …

 

Auteur :MBC


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