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[ 23 novembre 2017 ] Imprimer

L’art oratoire devant un jury

Vous qui possédez vos articles du code par cœur, votre jurisprudence sur le bout des doigts et même l’actu juridique en intraveineuse, il est temps de vous poser la question cruciale : saurez-vous être éloquent devant un jury ? A l’occasion de la sortie en salle du film Le Brio, le gagnant du concours national d’éloquence organisé en 2017 par l’ARES (Fédération Nationale des Associations Représentatives des Étudiants en Sciences Sociales), diplômé du master propriété intellectuelle et nouvelles technologies de l’institut de droit des affaires de l’Université d’Aix-Marseille, Valentin Cayré répond à nos questions sur l’art oratoire.

Comment avez-vous décidé de participer au concours national d’éloquence ?

L’art oratoire m’a toujours beaucoup fasciné. Après avoir participé à divers concours d’éloquence, dont celui de l’Université d’Aix-Marseille, j’ai eu l’opportunité de participer au concours national d’éloquence (CNE). Si je me suis inscrit à ce concours, c’est simplement pour continuer de vivre ma passion de l’art oratoire.

De surcroît, c’était aussi l’occasion de rencontrer des étudiants partageant le même goût pour la prise de parole en public. Le Concours est un moment d'échange entre étudiants animés de la même passion. C’est toujours intéressant : chacun à ses petites manies, ses habitudes, sa méthode pour préparer son discours. On apprend beaucoup !

Comment vous êtes-vous préparé ?

Je n’ai pas suivi de préparation particulière. J’ai participé régulièrement aux permanences organisées par l’association Aix Éloquence, ainsi qu’au concours local de l’Université d’Aix-Marseille (Concours Démosthène).

Pour ce qui est de la préparation des sujets eux-mêmes, j’essaye de trouver rapidement le message que je veux porter, l’angle d’attaque et le point de chute du discours.

Quels enseignements en retirez-vous ?

L’expérience a été très positive. Nous avons été formidablement bien accueillis par les organisateurs du CNE. Ils sont majoritairement étudiants et bénévoles. Pour autant, ils se sont investis pleinement et ont réussi à organiser ce bel évènement.

Sur le plan personnel, j’ai essayé de mieux gérer la phase de préparation qui précède la prise de parole. Durant les heures de préparation qui précède le discours, il faut au mieux organiser son temps pour préparer ses dires, mais aussi ne pas négliger le temps de repos, de relaxation. À cela s’ajoute le stress qui monte au fur et à mesure que l’épreuve approche. Ainsi, il faut être capable de travailler sereinement et dans l’urgence… Éprouvant mais très formateur !

La différence de niveau entre les candidats est ténue. De fait, il faut toujours garder à l’esprit que pour nous étudiants, le concours se joue dans un mouchoir de poche. On est en permanence confronté à nos propres limites. Certes, cela nous encourage à les repousser. Cependant, il ne faut pas oublier qu'à notre niveau, il nous reste encore beaucoup de choses à apprendre. Il ne faut pas pécher par orgueil. L’humilité n’est plus une simple vertu morale dont l’on pourrait se prévaloir à loisir : elle devient une véritable nécessité.

Quels conseils pour notre lectorat estudiantin ?

Osez prendre la parole ! Il est vrai que la prise de parole en public est chose stressante. C’est pour cela qu’il ne faut pas se poser de question et se lancer dans l’aventure.

En effet, l'émulation que porte avec elle la compétition nous pousse, chaque instant, à donner le meilleur de nous-même. C’est un véritable combat contre les autres. Mais c’est aussi, et avant tout, un combat contre soi-même. La compétition est une source de pression constante : il faut gérer le stress et ne pas se laisser déborder. À chaque fin de discours, qu’il ait été bon ou non, que les gens aient été réceptifs ou non, il y a toujours cette satisfaction de la victoire que l’on vient de remporter contre soi-même. Quand on participe à un concours d'éloquence, on a tout à y gagner.

Le Général de Gaulle disait que « les choses capitales qui ont été dites à l’humanité ont toujours été des choses simples ». Je pense que ces mots s'appliquent à tous les discours : de la plus courte plaidoirie d'avocat au grand discours emportant la foule, en passant par le réquisitoire d'un procureur de la République. C’est pourquoi, en préparant le discours, j’essaye de m’astreindre à une chose simple : faire passer un message. C’est l’objet même de l’art oratoire. La mise en forme du discours n'est que le moyen pour atteindre cet objectif final. Peut-être est-ce cela le plus difficile : faire passer un message simple à travers un discours qui, lui, est complexe.

Le questionnaire de Désiré Dalloz

Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ? Ou le pire ?

Ce n’est ni le meilleur souvenir, ni le pire, mais le plus intense. Après les attentats de novembre 2015, les étudiants, le personnel et le corps professoral se sont rassemblés au cœur de l’Université. Nous avons observé une minute de silence, et puis nous avons spontanément entonné la Marseillaise. C’était à la fois poignant et profondément émouvant.

Quel est votre héros de fiction préféré ?

Le Capitaine Haddock (Aventures de Tintin) ! Ses onomatopées légendaires nous rappellent que l’éloquence réside parfois dans de simples mots…

Quel est votre droit de l’homme préféré ?

La liberté d’expression et son corolaire, la liberté d’opinion. La protection de ces libertés fondamentales me paraît être un enjeu important auquel fait face notre société. C'est elles qui font vivre l'art oratoire.

 

Auteur :M. B.


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