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[ 6 mars 2025 ] Imprimer

Le diplôme de Master

Alors que les inscriptions dans les masters via la plateforme monmaster.gouv.fr battent leur plein, les professeurs Diane Roman et Xavier Dupré de Boulois, qui viennent de créer à l’École de droit de Paris I un nouveau master : le Master Droits humains et libertés ont bien voulu nous répondre sur l’intéressante question de la création des diplômes à l’Université.

Quelles sont les formations diplômantes proposées à l’Université ?

La liste des diplômes universitaires est fixée par voie réglementaire (art. D613-6 du Code de l’éducation). Elle comprend 17 diplômes, du certificat de capacité en droit à l’habilitation à diriger des recherches, en passant par la licence, le master et le doctorat. Ces diplômes sont délivrés par les universités pour le compte de l’État qui, en France, a « le monopole de la collation des grades et des titres universitaires » (art. L613-1 du Code de l’Education). Ceci explique que la création d’une formation universitaire soit soumise à un contrôle strict : l’établissement doit être accrédité par arrêté du ministère de l’Enseignement supérieur, qui fixe la liste des diplômes pouvant être délivrés par cette université. L’ensemble de l’offre de formation est réexaminé à échéance régulière, dans le cadre d’un contrat pluriannuel de 5 ans conclu avec l'État (art. L711-1 du Code de l’éducation). À côté de ses diplômes nationaux, les Universités peuvent créer plus librement des diplômes d’établissement, qui ne confèrent aucun grade universitaire : ce sont les diplômes d’université (DU) ou diplômes interuniversitaires (DIU), souvent dans un but de formation continue ou de spécialisation dans un domaine précis. Ainsi, par exemple, l’Université de Bordeaux délivre depuis l’an dernier un diplôme universitaire « QPC et libertés  » tandis que celle de Limoges organise depuis longtemps un DU de droit animalier.

Quelles sont les modalités de création d’un diplôme national universitaire ?

Les règles encadrant la reconnaissance et la délivrance des diplômes universitaires se combinent avec un autre principe important : celui de l’autonomie des universités. En effet, la loi dispose que les universités sont des « établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel [] jouissant de la personnalité morale et de l'autonomie pédagogique et scientifique, administrative et financière. Ces établissements sont gérés de façon démocratique avec le concours de l'ensemble des personnels, des étudiants et de personnalités extérieures » (art. L. 711-1 du Code de l’éducation). Concrètement, cette autonomie, qui est la traduction institutionnelle du principe de liberté académique, se retrouve à toutes les étapes de la création d’un diplôme universitaire. Lors de la préparation du contrat quinquennal avec l’État, les projets pédagogiques sont examinés par les différentes instances. Un projet de diplôme doit ainsi être validé notamment par la Commission de la formation et de la vie universitaire (CFVU ; art. L. 712-6-1 du Code de l'éducation), instance collégiale qui définit la politique de formation et débat de la vie universitaire du personnel et des étudiants et le Conseil d’administration (art. L.712-3 du Code de l’éducation). À chacune de ces étapes, le projet est longuement examiné et il faut justifier de son intérêt et de sa pertinence pour la formation des étudiant.es, de son originalité au regard de l’offre de formation existant, de sa qualité scientifique et de son coût. Ce dernier point est malheureusement saillant, tant les universités — notoirement sous-financées — connaissent des difficultés budgétaires. Pour ne donner qu’un exemple, le diplôme de Master en droits humains et libertés, que l’Université Paris I ouvre à la rentrée 2025, est l’aboutissement d’un projet sur lequel nous travaillons depuis 5 ans ! 

Comment s’effectue la sélection en Master ?

La sélection à l’entrée en master se fait désormais à la fin de la troisième année de licence. Une plate-forme nationale, Mon master a été inaugurée en 2023 pour centraliser les candidatures, avec un calendrier harmonisé. Les étudiant.es peuvent formuler jusqu’à 15 vœux dans des formations hors alternance et 15 vœux dans des formations en alternance. Les vœux étant décomptés par mention de master et par établissement, le nombre de masters pour lequel on postule peut donc être beaucoup plus élevé. Chaque formation définit ses règles, qui varient en fonction du nombre de candidatures reçues pour un nombre de places limitées ; parfois un entretien oral peut être organisé. Mais dans l’ensemble, les mêmes critères sont utilisés : sont visés les résultats universitaires en licence, les notes constituant un élément essentiel de la sélection ; la cohérence du parcours, qui s’exprime notamment dans la lettre de motivation ; les expériences personnelles comme la réalisation de stages ou des jobs étudiants, l’engagement associatif, la mobilité à l’étranger. La préoccupation des universitaires responsables du master est identique : assurer chaque année le recrutement d’une promotion motivée, diversifiée, investie et de haut niveau ! 

Le questionnaire de Désiré Dalloz

Nous allons essayer de donner une réponse commune ! 

Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ?

C’est celui que nous aimerions laisser aux futur.es étudiant.es du master en droits humains et libertés : deux années d’investissement, d’approfondissement et de travail en équipe !

Quels sont votre héros et votre héroïne de fiction préférés ?

Pas de personnage de fiction pour une fois mais deux grands noms, dont le parcours nous inspire et dont l’héritage intellectuel guide la création du master de droits humains et libertés à Paris 1 : Robert Badinter et Gisèle Halimi, des juristes engagés, tous deux avocats et parlementaires, garde des Sceaux pour le premier. Il et elle ont laissé une œuvre juridique immense. 

Quel est votre droit de l’homme préféré ?

Dans le contexte de cette interview, peut-être le droit de ne pas faire l’objet d’une décision entièrement automatisée (RGPD, art. 22). La « Gen Z » voit désormais sa scolarité tout entière soumise à des processus de sélection, et ce dès le lycée (Affelnet, Parcoursup, Monmaster…) La pression exercée sur la jeunesse est forte et souvent très anxiogène, d’autant qu’elle est le résultat de combinaisons algorithmiques parfois obscures. D’où l’importance de rappeler la dimension humaine de l’examen des dossiers, effectué par des universitaires sur la base de critères clairs, justes et cohérents.

 

 

 

Auteur :MBC


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