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[ 1 octobre 2015 ] Imprimer

Le salon du livre juridique

La 7édition du salon du livre juridique se tiendra le samedi 10 octobre 2015, de 10h à 18h, au Conseil constitutionnel. Lieu de rencontres entre éminents juristes, étudiants, passionnés du droit et éditeurs, cet événement annuel vous offre aussi la possibilité de visiter ce haut lieu en présence de son président, Jean-Louis Debré, d’assister à la remise du prix 2015 du livre juridique par Marc Guillaume, Secrétaire général Gouvernement, et de gagner des « pack-livres juridiques étudiants ». Afin de vous donner un avant-goût de cette journée, Dalloz Actu Étudiant a eu le plaisir de rencontrer M. Guy Canivet, membre du Conseil constitutionnel.

Le salon du livre juridique entre dans l’âge de raison. Quels étaient les objectifs en créant ce salon, il y a maintenant 7 ans ? Conseillez-vous aux étudiants de se rendre à ce salon ?

En sept ans, le salon du livre juridique a prouvé sa nécessité, assuré son succès, trouvé son public, développé son attractivité. L’intuition des créateurs s’est pleinement vérifiée. Ses objectifs étaient multiples. Il propose un lieu de rencontre et de discussion entre les éditeurs et les auteurs, un bilan annuel de la production juridique, une évaluation de la dynamique du secteur, une comparaison des techniques de production des instruments de la recherche et de la pédagogie en droit, enfin c’est une enceinte où les étudiants peuvent comparer les ouvrages et voir les auteurs. Tout cela est stimulant pour le marché du livre juridique mais aussi pour la promotion du droit. A juste titre, c’est sur le dernier point que votre question insiste. La fréquentation importante des étudiants montre qu’ils apprécient de rencontrer les auteurs et de dialoguer avec eux hors d’un cadre strictement universitaire, dans une ambiance un peu festive. Cette fête autour de la connaissance du droit est un évènement suffisamment précieux pour qu’on ne le manque pas. 

Votre mandat de 9 années en tant que membre du Conseil constitutionnel prendra fin en début d’année prochaine, en même temps que celui de messieurs Jean-Louis Debré et Renaud Denoix de Saint Marc, que retenez-vous de votre passage dans cette institution, notamment de son évolution ?

Il faudrait beaucoup de temps pour répondre à cette question tant l’expérience a été riche sur de nombreux plans et le sentiment final partagé. Quelques impressions me viennent à l’esprit. A titre personnel d’abord, je suis arrivé au Conseil après trente-sept années d’exercice de fonction de magistrat, essentiellement de juge ; le Conseil constitutionnel a été pour moi une ouverture sur le droit public, ce qui a complété ma vision du droit et m’a permis d’aborder le droit privé et le droit pénal sous un autre angle. Ensuite comme juge, je me suis astreint à appliquer la loi ; mon passage au Conseil m’a donné un regard sur la manière dont elle est préparée, élaborée et contrôlée dans son rapport aux principes fondamentaux. Et jusqu’alors, je n’avais délibéré qu’avec des magistrats, c'est-à-dire des juristes partageant la même culture et la même expérience ; le faire avec des membres du Conseil d’État, des personnalités issues du monde politique et des professeurs de droit est totalement différent… Sur des questions fondamentales où chaque membre est soumis à la règle majoritaire, la frustration  peut être douloureuse. Enfin, sur un plan plus général, j’ai eu la chance de me trouver au Conseil à une période charnière de son évolution, ce qui permet de saisir la lenteur de la progression des institutions. Le Conseil constitutionnel est finalement une institution jeune, qui a mis du temps pour établir son autorité pour imposer une culture des droits fondamentaux, dans un environnement politique et juridictionnel pas toujours favorable. La nouvelle procédure de contrôle de constitutionnalité relance et modifie la dynamique du constitutionnalisme en France. Elle ouvre de nouvelles perspectives ; elle est loin encore d’avoir révélé toutes ses potentialités. Il appartiendra à nos successeurs de les comprendre et de les assumer. 

Quels sont vos projets professionnels à l’issue de votre mandat ?

Aucun précisément, sinon prendre du recul et être disponible pour d’autres expériences.

Questionnaire de Désiré Dalloz

Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ?

Mes études dans une faculté de droit à dimension humaine, à Dijon, permettant des rapports faciles et quotidiens avec les professeurs, ont été pour moi une période heureuse. J’ai eu des professeurs excellents, certains exceptionnels et des condisciples formidables ; j’ai éprouvé un grand plaisir à apprendre le droit. Mon parcours universitaire est donc plein de souvenirs heureux. S’il ne faut en citer qu’un, c’est le premier cours d’introduction au droit civil donné par le professeur Henri Motulsky. Ce fut une éblouissante découverte d’une manière universelle, humaniste et réaliste de penser le droit qui ne m’a jamais quitté et d’un immense professeur dont j’ai eu la chance de suivre l’enseignement durant quatre années.

Quel est votre héros de fiction préféré ? Pourquoi ?

J’hésite entre « Mrs Dalloway » de Virginia Woolf et Karen Blixen dans « La ferme africaine ». De manière différente, elles expriment tout à la fois une force intérieure, une sensibilité et une incertitude sur le sens de la vie qui m’émeuvent et les rendent constamment présentes à mon esprit.

Quel est votre droit de l’homme préféré ? Pourquoi ?

Incontestablement, c’est le principe d’égalité. Esthétiquement, l’énoncé de l’article 6 de la Déclaration de 1789 est un chef d’œuvre de l’écriture politique des Lumières. Politiquement, c’est l’élément fondateur de la République. Socialement c’est le plus important ; il conditionne l’état de nos sociétés. Juridiquement, c’est le plus souple et le plus conséquent. Mais c’est aussi celui que, depuis la Révolution, les régimes successifs ont échoué à protéger, depuis un demi-siècle surtout, il n’a pas empêché les fractures destructrices du pacte social. C’est aussi celui qui devrait permettre de les corriger. Il est donc porteur d’espoir…

 

Auteur :C. G.


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