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[ 20 décembre 2018 ] Imprimer

Le statut du Père Noël et autres questions

C’est vraiment Noël pour Dalloz Actu Étudiant et ses lecteurs qui ont la chance de pouvoir lire les réponses de François Ost, Université Saint-Louis, Bruxelles. Toute ressemblance avec la réalité n’est pas fortuite. 

Joyeuses fêtes de fin d’année à tous !

Quel est le statut du Père Noël ?

Son statut est celui de Haut Représentant des Nations Unies, et il bénéficie d’un passeport diplomatique. Ce statut public s’est révélé nécessaire pour garantir son indépendance à l’égard des chaînes internationales de fabricants de jouets, soupçonnés de tentative de corruption à son égard. Plus récemment, se sont posés des problèmes aigus de partage de juridiction à l’égard de son confrère Saint-Nicolas. Pour éviter la répétition de pénibles incidents au cours desquels les deux protagonistes en étaient venus aux mains, il fut décidé que le patron des écoliers opérerait exclusivement entre le 1er et le 6 décembre, tandis que le Père Noël se verrait réserver la période du 20 au 25 décembre.

Quel est le statut social des lutins qui travaillent pour le Père Noël ?

Ce statut, inspiré par la situation des intermittents du spectacle et garanti par une convention de l’OIT, est très particulier : quelques semaines de travail intensif, suivi de dix à onze mois de chômage technique. Un service minimum est prévu, suite à des grèves intervenues il y a quelques années – pas question de priver les enfants de merveilleux le 25 décembre. Je note au passage que le Père Noël emploie bon nombre de jeunes délinquants au titre de « travaux d’intérêt général » - rien de tel qu’un stage dans la fabrique du bonheur pour se refaire une santé morale. Récemment, des problèmes sont intervenus, à l’initiative de l’association Animal Rights, concernant la situation très éprouvante des rennes employés par le Père Noël. À deux jours de Noël l’an dernier, un compromis a été trouvé de justesse : dans les pays équatoriens et tropicaux, où la température moyenne dépasse 20 degrés, les rennes seront désormais remplacés par des zèbres.

Quelles sont les protections des données personnelles fournies par les enfants au Père Noël ?

Le problème ne se pose pas, car les lettres adressées au Père Noël, qui conserve toutes les informations dans sa mémoire infinie, sont aussitôt détruites.

Y a-t-il un tribunal au pôle Nord ?

Oui, il tient ses audiences en été dans un grand igloo communautaire.

Sa procédure se conforme à la coutume traditionnelle des Inuits : les parties soutiennent leurs griefs et réponses dans une sorte d’interminable concours de chant ; c’est celui qui tient le plus longtemps qui l’emporte. Le Père Noël est, faut-il le dire, quasiment l’unique client du Tribunal. Pour l’essentiel, les dossiers concernent des commandes non honorées ; en revanche, on ne traite jamais de litiges relatifs à des reprises de marchandise. Récemment, le tribunal a été saisi de plaintes émanant d’associations de défense des droits de l’homme dénonçant le caractère belliqueux de certains jeux vidéo distribués par le Père Noël.

Le questionnaire de Désiré Dalloz

Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ?

Le jour où un de mes professeurs de droit a énoncé, sans avoir l’air d’y toucher, l’adage latin « summum ius, summa iniuria », qu’on pourrait approximativement traduire par « poussé à bout, le droit se retourne en son contraire ». Immédiatement il m’a plongé dans un abîme de perplexité et il n’a cessé de me poursuivre depuis ; c’est une grande leçon de sagesse juridique. Avec son humour particulier, Jean Carbonnier ne disait pas autre chose : « l’amour du droit est réductible en cas d’excès » - et c’était un grand amoureux du droit qui le disait !

Quel est votre personnage de fiction préféré ?

Tintin, évidemment ! Ce n’est pas seulement pour moi une manière d’affirmer ma belgitude ; Tintin est curieux, ouvert, entreprenant et généreux, il a le culte de l’amitié. Des esprits chagrins, plombés par le politiquement correct, dénoncent le racisme de Tintin au Congo - livre dans lequel j’ai appris à lire et qui est très apprécié à Kinshasa. Mais si Hergé partageait les préjugés de son temps, il les a très vite surmontés – voyez son intérêt pour Tchang et la culture chinoise dans Le lotus bleu, ou encore Zorino et la culture amérindienne dans Le temple du soleil. Une vraie limite, je le concède : l’absence de femmes dans son univers, mais, « mille sabords, personne n’est parfait ! ».

Quel est votre droit de l’homme préféré ?

Un droit qui n’est pas consacré comme tel, mais qui est sous-jacent à tous les autres ; celui que visait Hannah Arendt lorsqu’elle parlait de « droit à avoir des droits ». C’est lui le moteur du combat pour les droits fondamentaux, lui qui anime la lutte de tous les opprimés. Plus modestement, il se traduit par le droit à un statut minimal, pour lequel s’est battu Albert Cohen : droit à une nationalité, droit à des papiers, qui sont comme le ticket d’entrée dans le jeu juridique, même si la place qu’ils vous y réservent n’est pas la plus enviable.

 

Auteur :Marina Brillé-Champaux


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