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Le thésard
« Une profession de foi, une traversée du désert, une horreur, pourquoi ?, qu’est ce qui m’a pris ? quelle aventure, quelle prise de tête, l’enfer… », tels sont les qualificatifs associés à l’écriture d’une thèse. Dalloz Actu Étudiant s’est donc rendu sur le terrain afin de se faire sa propre opinion. Après avoir assisté à la soutenance de thèse de Guillaume Drouot, portant sur La rétroactivité de la jurisprudence. Recherche sur la lutte contre l'insécurité juridique, nous avons eu la chance de le rencontrer pour lui poser nos questions.
Le préalable indispensable à la réalisation d’une thèse est le choix du sujet. Comment celui-ci est-il arrêté et délimité ?
De deux manières. Soit le directeur, que l’on a choisi, propose un sujet, soit on lui en soumet un. Tout cela se fait très librement. Il est d’ailleurs possible de changer de sujet de manière plus ou moins radicale en cours de route. La manière la moins radicale est justement la délimitation : c’est en faisant des recherches qu’on découvre la portée réelle du sujet et qu’il convient alors de limiter le champ d’exploration.
Comment se déroule le travail de rédaction d’une thèse à proprement dite (la phase de recherche, la rédaction…) ? Les doctorants sont-ils accompagnés par leur directeur de thèse ou est-ce un travail essentiellement solitaire ? Quelle est sa durée maximale ?
La méthode dépend un peu de chacun. Il est évident qu’il y a une phase importante de recherches, pour arriver à faire le tour du sujet et se forger une opinion. Puis il faut rédiger. La rédaction est un vrai exercice, bien à part avec des codes à respecter pour guider le lecteur.
La relation avec le directeur de thèse dépend beaucoup des personnalités du directeur et du thésard. Il faut bien choisir. Le travail est, dans tous les cas, et d’une certaine manière, solitaire, puisqu’il convient de se forger une opinion personnelle. Mais il est toujours possible de côtoyer d’autres thésards ou docteurs dans des centres de recherche. C’est primordial pour pouvoir échanger, partager, se soutenir les uns les autres.
On peut être en thèse autant de temps que la réinscription annuelle est acceptée par le directeur de l’école doctorale. Cela peut varier, mais globalement cela signifie qu’on peut être thésard pendant 8 ou 9 ans. Généralement les thèses sont plus courtes car se pose la question du financement. L’Université peut payer un thésard pendant 5 ans (sauf exception). Après il faut se débrouiller. C’est une source certaine de motivation !
En quoi consiste l’exercice de soutenance de thèse ? Comment est choisie la composition du jury ?
La soutenance consiste à défendre oralement les positions exprimées à l’écrit. Ce n’est pas une présentation de la thèse, mais bien plus un éclairage et une défense de celui-ci. Le jury est choisi en accord avec le directeur de thèse de manière assez libre. Le but est d’avoir des membres dont on sait qu’ils ont à cœur de mener une belle discussion.
Après la soutenance, que se passe-t-il ? Quelles sont les portes ouvertes après la réalisation d’un tel travail ? Quel est le nouveau statut du thésard ?
Le doctorat est un diplôme, non un métier. Il faut donc aller de l’avant !
La plupart des doctorants désirent par la suite devenir maître de conférences et/ou passer l’agrégation.
Par ailleurs, en étant docteur on accède directement à l’École du barreau, sans avoir à passer le CAPA. On bénéficie également d’une passerelle pour devenir magistrat. Certains deviennent aussi avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation. Je me permets de vous renvoyer ici au site de l’Association française des docteurs en droit.
Questionnaire de Désiré Dalloz
Quel est votre meilleur/pire souvenir d'étudiant ?
Je garde de mon année de Master 2 un excellent souvenir. C’est de cette année que date mon envie de faire une thèse. De manière plus anecdotique le premier cours d’économie politique donné par Serge Schweitzer fut également très marquant. C’était un orateur exceptionnel. Il avait d’ailleurs introduit son cours en rappelant que « les hommes sont comme les lapins, ils s’attrapent par les oreilles » (formule attribuée au comte de Mirabeau).
Quel est votre héros de fiction préféré ?
La bande dessinée que j’ai le plus lue et relue est un manga : Gunnm de Yukito Kishiro. Certes, l’histoire est violente, mais les réflexions du personnage principal (une femme nommée Gally) sur son origine, sur ce qui définit l’être humain, sur le sens de sa vie (sa finalité dirait Aristote), le rendent très attachant.
Quel est votre droit de l'homme préféré ?
La liberté. Ou la résistance à l’oppression. Ça ne manque pas de panache ça, la résistance à l’oppression (DDHC, art. 2 : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression »).
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