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Naissance d’une nouvelle collection chez Dalloz
« Séquences » est une nouvelle collection à destination des étudiants. Abandonnant le plan traditionnel des manuels, chaque titre se compose d’une dizaine de thèmes traités de manière théorique puis de manière pratique. Le concepteur et directeur de la collection, Jean-Sylvestre Bergé, professeur à l’Université de Lyon, membre de l’Institut universitaire de France, répond à nos questions.
Quel est le parti pris de cette nouvelle collection ?
Les formats pédagogiques ont changé. Il fut un temps, il y avait principalement des grands cours annuels avec des volumes horaires conséquents. Aujourd’hui, les cours sont semestrialisés, de plus en plus spécialisés, avec un nombre d’heures de plus en plus contraint. Cette évolution nous oblige à penser nos objets pédagogiques autrement. Il n’est plus possible de prétendre à l’exhaustivité et bon nombre de situations appréhendées par le droit échappent à l’application mécanique des règles définies par les matières indépendamment les unes des autres. C’est de là que m’est venue l’idée de proposer aux Éditions Dalloz de créer une nouvelle collection présentant un certain nombre de matières juridiques fondamentales à travers l’étude approfondie et illustrée de différentes « séquences ».
Comment définissez-vous une « Séquence » ?
C’est un thème ou, dit de manière plus réaliste encore, un « objet » construit par le droit. On dit volontiers que le droit est une construction de l’homme. Il s’agit ici de penser les matières juridiques exclusivement autour de grands objets qu’elles fabriquent. Par exemple, pour l’Introduction au droit, le Professeur Halpérin traite du droit créé par les lois, par les jugements, de l’État créé par le droit, de la Constitution dans ses rapports aux autres normes nationales, du droit international et européen notamment dans sa relation au droit national, de la défense des intérêts juridiquement protégés, des doctrines et sciences du droit, de l’unité et de la diversité du droit, de la manière dont les juristes travaillent et contribuent à l’élaboration d’une culture juridique et, enfin, des pratiques des non-juristes et des manières dont on peut se représenter le droit. Toutes ces séquences donnent la mesure de l’amplitude des constructions juridiques, sans pour autant céder à l’illusion que le droit se construit par blocs autonomes, homogènes et complets.
Pourquoi une partie « Présentation » suivie d’une partie « Situations » ?
Chaque « Séquence » est, en effet, divisée en deux parties. La première — « Présentation » — livre les éléments généraux de connaissance nécessaires à la compréhension du thème. La seconde — « Situations » — s’articule autour de questions pratiques importantes qui sont autant de démonstrations par l’exemple de la vitalité des constructions juridiques. Cette approche de haut en bas (présentation) et de bas en haut (situation), si j’ose dire, a un double mérite. Elle permet de structurer la pensée et de fixer le vocabulaire par les énoncés généraux et abstraits (présentation). Elle permet de mesurer l’extraordinaire richesse des constructions juridiques quand elles sont confrontées à des cas concrets, souvent complexes, que le juriste doit analyser de manière approfondie avant de décider des solutions potentiellement applicables (situations).
Quels sont les titres à venir ?
Deux premiers titres ont paru en cette rentrée 2017 : Introduction au droit par J.-L. Halpérin et Droit constitutionnel par A. Haquet. Les auteurs réunis autour de cette collection préparent pour les rentrées à venir (essentiellement pour la rentrée 2018) les titres suivants :
- Droit des personnes et de la famille ;
- Droit administratif ;
- Droit des obligations ;
- Introduction au droit comparé ;
- Introduction au droit international et européen.
Le lancement d’autres titres est actuellement à l’étude.
Le questionnaire de Désiré Dalloz
Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ? Ou le pire ?
Je me suis « fait virer » deux fois d’amphithéâtre par deux doyens successifs. Je dirais que c’est plutôt un bon souvenir. C’était à l’Université de Toulon où j’ai passé ma licence avant de poursuivre en master et doctorat à Paris. J’ai été très bien formé dans cette petite (devenue moyenne) université (je m’en suis rendu compte par la suite en fréquentant de plus gros établissements). Mais dans les deux cas, un concours de circonstances et un tempérament un peu joueur… m’ont conduit à perturber le fil du cours… d’où la décision de mes professeurs de m’exclure. J’ai bien sûr à chaque fois présenté mes excuses. Elles ont été acceptées. Ces doyens sont devenus collègues et amis par la suite et je les ai revus à ce titre !
Quel est votre héros de fiction préféré ?
L’homme invisible. Disparaître, réapparaître, être ici en faisant croire que l’on est ailleurs. C’est une forme d’ubiquité, une magie toujours surprenante et une belle philosophie de vie… que je m’efforce de m’appliquer à moi-même, pour mes centres d’intérêt et pour mes lieux d’exercice de ce beau métier d’enseignant-chercheur.
Quel est votre droit de l’homme préféré ?
Le droit d’aller et venir. Un droit omniprésent, dont le traitement dans l’ordre interne et international pose question, qui est sous-utilisé, encore mal défini et sans doute mal compris. Il faut dire que ce n’est pas une affaire facile pour le droit de saisir des situations en mouvement à cheval sur plusieurs territoires. C’est d’ailleurs l’objet de mon projet de recherche actuel appelé « IFITIS ».
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