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J.-J. Urvoas
Portrait : Guy Carcassonne (1951-2013)
Parce qu’il faut fêter les professeurs, les maîtres, qui transforment nos esprits pour la vie, Dalloz actu étudiant a décidé de vous parler de celles et ceux qui ont marqué le droit. Nous poursuivons cette série de portraits par celui du constitutionnaliste Guy Carcassonne que nous raconte Jean-Jacques Urvoas, enseignant en droit public à l’Université de Brest et ancien garde des Sceaux.
Quelle a été la carrière du professeur Guy Carcassonne ?
Réduire la carrière d’un homme à quelques lignes est par essence un exercice injuste, surtout quand l’une des qualités de la personnalité fut justement de multiplier les canaux pour chercher à faire partager son immense culture juridique. Sur le strict plan universitaire la trace de Guy Carcassonne est éternellement liée à Nanterre qu’il ne quitta que fugacement. Il y fut étudiant rédigeant un mémoire sur « Pierre Mendès-France » puis il y soutint sa thèse en 1979 sur « la transition démocratique en Espagne » avant d’y enseigner comme maître-assistant puis d’y revenir pour y demeurer à partir de 1988. Entre-temps après avoir été classé major du concours d’agrégation en 1983, il avait enseigné cinq ans à Reims.
Quelle est son œuvre ?
Érudite mais accessible. Foisonnante et engagée. À côté de ses enseignements, il fut assistant au groupe socialiste à l’Assemblée et membre du cabinet de Michel Rocard à Matignon, ce qui lui forgea une expertise qu’il sut judicieusement mettre à profit. On retrouve en effet sa marque dans bien des évolutions de la Ve République puisqu’il contribua à la « commission Avril » et au « comité Balladur » qui inspirèrent les révisions de 2007 et 2008. Et puis surtout, il multiplia les tribunes et les éditoriaux : au Point durant dix ans, au Monde et à la revue Pouvoirs régulièrement, sur le site du Huffington Post dans les dernières années de sa vie.
Quels enseignements poursuivre ?
Relayer sa double conviction. Il a magistralement montré que l’Université ne devait pas être une tour d’ivoire et que le droit ne pouvait pas se vivre comme un univers replié sur lui-même. La clarté et l’originalité de sa pensée comme l’empreinte durable qu’il a laissée sur l’enseignement du droit constitutionnel attestent que de résumer ce dernier à l’étude des normes ou des décisions du Conseil constitutionnel c’est ne rien comprendre à son utilité publique !
Le questionnaire de Désiré Dalloz
Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ?
La découverte qu’un échec lors d’une session d’examen ne signifiait pas le fiasco obligatoire de l’année puisqu’il existe une seconde session dite de rattrapage !
Quel est votre héros de fiction préféré ?
Astérix ! Râleur, indiscipliné et tenace.
Quel est votre droit de l’homme préféré ?
Pourquoi faudrait-il les hiérarchiser ? Je ne fais pas parti de ceux qui psalmodient par exemple que « la sécurité est la première des libertés » tout simplement parce que pour moi, la première des libertés c’est justement la liberté !
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