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[ 20 mai 2021 ] Imprimer

Pour une justice bio-climatique

Et si on reconstruisait le droit de l’environnement ensemble ? Voilà ce que propose le programme Wild LegalMarine Calmet, co-fondatrice, présidente, juriste du Programme, nous expose l’énergie et les moyens de cette action essentielle.

Qui sont les fondateurs du Programme Wild Legal ?

Wild Legal est né de la volonté d’acteurs issus d’horizons très différents dont les chemins se sont croisés en 2019. Je revenais de Guyane où je m’étais beaucoup investie contre des projets miniers comme Montagne d’or et les forages offshore de la compagnie Total, avec l’envie de mener une initiative capable d’allier mobilisation citoyenne, formation et actions. Simon Rossard qui travaillait à cette époque pour le tiers lieux Darwin Ecosystème à Bordeaux a conceptualisé un programme autour d’un procès simulé et à partir de cette idée nous avons fédéré d’autres personnalités telles que la juriste Valérie Cabanes, spécialiste du crime d’écocide et William Bourdon, avocat au barreau de Paris, bien connu pour de nombreux recours retentissants. Cette synergie regroupe également des acteurs associatifs, Darwin Climax Coalition et Nature Rights avec lesquels nous menons des actions conjointes pour la défense de la nature.

Quelles sont les particularités de votre action ?

Notre mission repose sur trois piliers : former, pratiquer, appliquer. Grâce à notre programme, Wild Legal School permet à nos étudiants de découvrir de nouveaux concepts liés aux théories des droits de la nature (un droit bio-centré reconnaissant les entités naturelles comme sujet de droit). Chaque année, nous proposons un procès simulé reposant sur une affaire réelle dont nous élaborons le cadre grâce à nos associations partenaires sur le terrain. Cette année par exemple, nous travaillons aux côtés de l’association ZEA sur le cas de la pollution aux boues rouges en Méditerranée. Les étudiants sont plongés en conditions réelles dans cette affaire. Nous leur donnons pour consigne de traiter le cas sous l’angle du droit pénal environnemental positif et d’appliquer la définition du crime d’écocide élaborée par l’association aux côtés de la Convention citoyenne pour le climat ainsi que du « délit d’écocide » proposé par le Gouvernement.

Quels en sont les objectifs ?

Wild Legal est comme un incubateur pour pratiquer le droit de demain. Nous voulons démontrer l’insuffisance de la proposition de « délit d’écocide » du Gouvernement mais aussi du droit actuel pour faire face aux dommages graves qui affectent nos écosystèmes. Afin de ne pas nous cantonner à la théorie, nous le démontrons par la pratique. Tous nos travaux sont ensuite fournis aux associations partenaires pour les soutenir dans leurs démarches judiciaires. Cette méthodologie nous permet d’être à la fois dans la pédagogie vis-à-vis de notre public, mais aussi de soutenir les organisations locales et de faire progresser l’état du droit.

Quelle est la part de réalité dans les écocides que vous mettez en scène ?

Tout est réel. Les pièces du dossier qui est soumis à nos étudiants sont constituées à partir de rapports d’expertise, d’articles de presse, d’actes administratifs existants. Nous laissons les participants libres d’utiliser d’autres pièces, tout est permis à partir du moment où ils cherchent de nouveaux arguments pour aiguiser leur démonstration. C’est ce qui fait l’intérêt de notre méthodologie car notre but est aussi que les étudiants se responsabilisent, qu’ils soient curieux. Nous voulons leur donner envie de devenir des avocats pour les droits de la nature, de s’engager auprès des associations de défense du vivant. J’étais d’ailleurs très heureuse d’apprendre récemment qu’une ancienne étudiante de notre première promotion - qui avait pour sujet les droits de l’Amazonie guyanaise - était en train de faire les démarches pour s’installer en cabinet d’avocat à Cayenne. Grâce à ces procès simulés au plus près du réel, nous voulions susciter des vocations et c’est le cas !

Le questionnaire de Désiré Dalloz

Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ?

Lorsque j’ai tenu mon diplôme d’avocat entre les mains, je tremblais de la tête aux pieds, heureuse et fière d’avoir été jusqu’au bout.

Quels sont votre héros et votre héroïne de fiction préférés ?

Je pense à Milo Thatch et Kida les héros du dessin animé Atlantide, l’empire perdu. L’idée qu’on puisse un jour découvrir cet endroit et une nouvelle civilisation me fait rêver.

Quel est votre droit de l’homme préféré ?

Sans hésiter le droit à un environnement sain, car c’est à mes yeux le corollaire de la reconnaissance des droits de la nature à ne pas être polluée, accaparée, impactée du fait des activités humaines.

 

Auteur :Marina Brillé-Champaux


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