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Profession : Notaire
Alors que le 118e congrès des notaires se tiendra du 12 au 14 octobre 2022 à Marseille, Dalloz actu étudiant vous présente cette profession régulée que nous rencontrons tous un jour ou l’autre dans notre vie. C’est Mathieu Fontaine, notaire à Saint-Paul-Trois-Châteaux, Professeur associé à l’Université Grenoble Alpes, membre du comité scientifique de Solution Notaire Hebdo, qui nous répond.
Comment devient-on notaire ?
Devenir notaire est avant tout une vocation. On ne devient pas notaire par hasard. D’ailleurs, rares sont les étudiants qui viennent se « perdre » dans une filière notariale comme ils pourraient s’égarer dans d’autres cursus...
Et si ce projet professionnel n’est pas toujours concret au lycée, il peut le devenir naturellement au cours des études de droit. Certaines matières peuvent guider l’étudiant en licence vers la branche notariale de l’arbre juridique. Je pense par exemple au droit des successions, au droit des obligations, au droit des contrats spéciaux, au droit rural, au droit fiscal, au droit des régimes matrimoniaux, ou au droit des affaires… vous le voyez, un spectre large de disciplines et de matières !
Il existe deux voies pour devenir notaire, une voie professionnelle et une voie universitaire.
Après un master I et un master II en droit notarial, il est possible d’intégrer l’une de ces deux voies.
* la voie professionnelle permet d’obtenir le diplôme de notaire à l’issue d’un parcours dit « professionnel ». Ce parcours s’articule autour d’une formation en alternance mêlant un stage de 30 mois et 6 séminaires de formation. L’étudiant intègre durant son stage une étude en qualité de notaire stagiaire.
* la voie universitaire permet d’obtenir le diplôme supérieur du notariat. Le parcours d’obtention de ce diplôme se réalise en alliant un stage de 24 mois et des semestrialités universitaires imposant à l’étudiant une présence à la faculté au moins 1 jour par semaine. Chaque semestrialité est sanctionnée par un examen. L’étudiant intègre durant son stage une étude en qualité de notaire stagiaire.
À l’issue de l’une ou l’autre de ces formations, l’étudiant devra réaliser un mémoire pour valider sa formation.
Le jeune diplômé notaire deviendra alors notaire assistant au sein d’une étude afin d’apprendre son métier.
Un notaire doit-il connaître tout le droit : famille, immobilier, administratif, etc. ?
Le notaire est un professionnel du droit « généraliste ». Il doit en effet connaître tout le droit ! Raison pour laquelle, bien souvent, la période de notaire assistant est d’une durée comprise entre 5 et 10 ans avant de prétendre à devenir notaire en titre.
Mais le travail du notaire est un travail d’équipe ! Le notaire est accompagné dans sa mission d’une équipe de professionnels hautement qualifiés formés aux spécificités techniques et intellectuelles de la matière. Ce sont les collaborateurs du notariat.
Plusieurs fonctions se répartissent au sein des études : notaire stagiaire, notaire assistant, comme nous venons de le voir, mais aussi clerc de notaire, clerc aux formalités préalables, clerc aux formalités postérieures, clerc négociateur, comptable, secrétaire juridique, secrétaire de direction, standardiste, etc.
Et il ne suffit pas de « connaître » le droit, s’il est d’ailleurs possible, le temps d’une vie, de le connaître… Encore faut-il se mettre à jour régulièrement, être informé de l’actualité sur toutes ces matières, et savoir manipuler le droit, comme ses outils.
Conseil impartial des citoyens, le notaire est un confident précieux, dont le conseil est reconnu et attendu par les particuliers, les professionnels et les institutionnels.
Quelles ont été les transformations de la profession ces dernières années ?
La profession s’est totalement transformée depuis 20 ans. Le statut de notaire salarié a pris une ampleur importante, permettant à de nombreux diplômés de devenir notaire sans avoir à acquérir un office ou des parts d’une société d’exploitation.
La loi pour la croissance a également changé les règles d’admission à la profession. Mais bien que la loi permette dorénavant de s’installer avec un seul diplôme, je ne saurai que conseiller aux jeunes étudiants d’attendre d’acquérir une expérience solide avant de s’installer à leur compte.
En effet, la responsabilité qui pèse sur les épaules du notaire est colossale. Elle nécessite des connaissances précises, et une pratique professionnelle sûre et sereine.
Les sanctions envers les notaires sont à la hauteur de la confiance qui leur est accordée par l’État !
Comment envisagez-vous son avenir ?
Le notariat est moderne et a su évoluer avec la société, contrairement à d’autres professions.
Par ailleurs, acteur du service public, spectateur privilégié de la société, le notaire est une pièce essentielle du fonctionnement de l’État :
– Il apporte gratuitement son conseil sur l’ensemble du territoire par un maillage territorial savamment organisé par les instances professionnelles et la chancellerie,
– Il collecte gratuitement pour l’État les impôts des transactions et des actes qu’il reçoit,
– Conseil impartial, il agit dans l’intérêt du contrat et l’équilibre contractuel afin d’éviter au maximum les litiges entre les parties et les contentieux contractuels,
– Il est garant d’une société de droit apaisée,
– Il est garant de la sécurité juridique des transactions qu’il constate grâce à son organisation et les garanties juridiques et financières qu’il apporte aux citoyens.
Les pays en voie de développement et en restructuration de leurs modèles de propriété choisissent sans hésitation le modèle notarial français pour se structurer.
Du fait de l’ensemble de ces arguments je crois que le notariat a un très bel avenir devant lui.
Officier public, le notaire est néanmoins à la merci des choix politiques le concernant.
Mais il faudrait être un fou pour remettre en question une institution qui fonctionne très bien, apporte des garanties inégalées à la société, et suit méthodiquement, toutes les transformations de la société, tant intellectuelles que matérielles.
Le questionnaire de Désiré Dalloz
Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ?
En premier lieu mes échanges passionnant avec mes enseignants, aux profils variés : étudiant à Montpellier, j’ai eu la chance de côtoyer des personnalités du droit qui m’ont élevé tout au long de ma scolarité. Je pense aux professeurs CABRILLAC, MOUSSERON, PÉTEL, ALBIGES, CLAMOUR, FRECHE, SORDINO, MAINGUY… Et tous ceux que j’oublie également !
En second lieu, la richesse de la bibliothèque universitaire où l’on pouvait autant se perdre par plaisir des heures dans des ouvrages du Doyen CARBONNIER, ou du professeur GRIMALDI, que s’asseoir à côté d’une étudiante qui nous faisait aussi vite oublier doyens et professeurs et nous encourageait à nous échapper au bord de l’eau…
Quels sont votre héros et votre héroïne de fiction préférés ?
Mon héroïne de fiction préférée est sans aucun doute Lisa Simpson ! Cette jeune fille brillante est immergée dans un monde qui n’est pas le sien, mais qu’elle ne renie pas et dont elle s’enrichit, malgré, parfois, son désespoir… elle représente toute la réussite de la société féminine américaine, qui a dépassé, de loin, la médiocrité masculine d’une société décadente représentée par les hommes qui l’entourent, parfois espiègles, parfois avides de pouvoir, parfois cupides, souvent idiots. Elle est par ailleurs curieuse, intelligente, et courageuse. Elle aurait toutes les qualités pour faire une parfaite étudiante française en droit !
Mon héros de fiction masculin est Daniel LaRusso. Sa volonté à réussir ses entreprises et à dépasser ses limites m’a inspiré lorsque j’étais jeune. Je me sentais parfois un peu le karaté kid du droit !
Quel est votre droit de l’homme préféré ?
Il est difficile de choisir un droit de l’homme puisque, par nature, ces derniers sont tous essentiels.
Les hiérarchiser serait tout aussi inopportun, chacun traitant de principes différents.
Par ailleurs, dois-je choisir un droit au sein de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ou de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 ?
Allez, je me prête néanmoins au jeu !
Si je devais puiser dans la Déclaration de 1789, je choisirais sans aucun doute les articles 1 et 4. L’article 1 « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit » car il définit toute ma philosophie de vie. Le 4 car la liberté est un principe essentiel de la société, et son encadrement, par la loi, le fondement de nos vocations de juristes. La loi est en effet faite pour protéger la liberté.
Si je devais puiser dans la Déclaration européenne de 1948, je choisirais alors les articles 2, 18, 19 et 26.
L’article 2 car il proclame les principes de liberté, d’égalité et de fraternité chers à notre république et auxquels je crois particulièrement.
Les articles 18 et 19 car ils prônent la liberté de pensée et de religion, que je défends en permanence au quotidien.
L’article 26 enfin car il rappelle que l’éducation est un droit. Il nous rappelle aussi la chance que nous avons de vivre en France et d’accéder gratuitement à l’éducation, et enfin qu’il faut se souvenir que nous avons cette chance et la saisir constamment.
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