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Sur la féminisation de la profession d’avocat.e
Élodie Tuaillon-Hibon et Marjolaine Vignola, avocates au Barreau de Paris, sont les coautrices d’un passionnant article sur la dynamique et les limites de la féminisation de leur profession, paru dans le tome 64 des Archives de philosophie du droit, sur L’Avocat.e. Elles ont bien voulu nous répondre et toutes à la rédaction de Dalloz actu étudiants nous les en remercions vivement.
De quand date la féminisation de la profession d’avocat.e ?
E. T.-H. : La « féminisation » date des années 1970, 1980. Elle correspond à l’entrée massive des femmes sur le marché du travail et à l’augmentation pour celles-ci de la possibilité d’accéder aux études universitaires.
M. V. : Si cela est alors une avancée pour les femmes d'accéder à cette profession, elles n'y étaient pas les bienvenues et doivent encore aujourd'hui se battre pour avoir une place égale à celles des hommes dans les prétoires et les cabinets.
Quelle récente avancée linguistique vient-elle de connaître ?
E. T.-H. : Évidemment, la féminisation du titre : « AvocatE » qu’il reste encore nécessaire d’imposer trop souvent, ça ne va pas encore de soi.
M. V. : Le vieil adage pas de « sexe sous la robe » est encore utilisé pour invisibiliser les femmes avocates : la féminisation du titre ou plutôt l'accord du titre avec le genre permet de lutter contre cette uniformisation/ invisibilisation des femmes. C'est donc une avancée importante.
Quelles sont les principales limites à l’égalité Femme – Homme dans l’exercice du métier ?
E. T.-H. : La structuration des Barreaux autour des cabinets d’affaires, et la discrimination des collaboratrices de manière générale, soit par le sexisme, soit au moment de la grossesse…
M. V. : …ajoutées à toutes les limites que connaît notre société en plus !
Et si on parlait chiffres : quels seraient ceux à retenir selon vous ?
E. T.-H. : Moins de 40 % de femmes associées et 30 % de femmes qui quittent la profession avant la 10e année d’exercice.
M. V. : Ce dernier chiffre interroge fortement comme la disproportion entre le nombre d'étudiantes en droit des affaires, et le nombre de femmes associées de cabinets de droit des affaires.
Le questionnaire de Désiré Dalloz
Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant.e ?
E. T.-H. : Mes meilleurs souvenirs d’étudiante sont sans aucun doute les amitiés que j’ai pu tresser avec d’autres étudiant.es (et parfois avec des enseignant.e.s) dans des moments de complicité intellectuelle et politique. J’aimais aussi beaucoup l’atmosphère si particulière des « leçons en 24 heures ».
M. V. : Mes meilleurs souvenirs d'étudiante sont les heures passées au local syndical, de l'UNEF-Sceaux : ça a été le début de ma prise de conscience collective politique. Et bien sûr, la découverte à l'IEJ de l'action « de in rem verso », notre professeure Mme Harmand Luque était passionnante !
Quels sont votre héros et votre héroïne de fiction préférés ?
E. T.-H. : Je suis fan d’Adèle Blanc-Sec, et j’ai beaucoup d’affection pour le personnage de John McLane (Die Hard).
M. V. : Moi c'est Lisbeth Salander ! Et aussi Katniss Everdeen (Hunger Games).
Quel est votre droit de l’homme préféré ?
E. T.-H. : Le droit des femmes à la libre disposition de leur corps !
M. V. : Pareil ! Et peut-être aussi la liberté d'aller et venir mais c'est mon côté droit des étrangers.ères.
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