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Sur les zones humides
Pour une meilleure prise de conscience de notre environnement, Olivier Cizel, chef de rubrique aux Éditions législatives au sein du service « Environnement et cadre de vie » du groupe Lefebvre Dalloz, nous fait le plaisir de répondre à nos questions sur ce terrain qu’il connaît si bien : les zones humides.
Quelle est la définition des zones humides ?
En fait, il faut parler au pluriel, car il y a deux définitions.
En effet, il y a celle donnée par la Convention internationale de Ramsar du 2 février 1971 sur les zones humides d’importance internationale. Celles-ci sont définies comme « des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres ». Cette définition est en fait plus large que ce qu’il n’y paraît puisqu’elle englobe tous les milieux aquatiques (zones humides, cours d’eau, plans d’eau, eaux marines).
Et puis, sur le plan national, nous disposons d’une définition spécifique aux zones humides introduites par la loi sur l’eau de 1992 : « les terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, ou dont la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année » (C. envir., art. L. 211-1, I, 1°). Cette définition repose ainsi sur deux critères alternatifs : des sols hydromorphes (gorgés d’eau) et/ou des plantes hygrophiles (plantes inféodées aux zones humides).
Quels sont leurs intérêts pour l’environnement ?
Les zones humides assurent différentes fonctions écologiques : hydrologique (régulation du cycle de l’eau), biogéochimique (filtrage naturel de l’eau) et biodiversité (40 % de toutes les espèces animales ou végétales y vivent ou s’y reproduisent).
Par ailleurs, elles rendent de nombreux services à la société : approvisionnement en produits indispensables pour l’alimentation (eau ou produits issus de l’agriculture) et contribution à la régulation du climat, du cycle de l’eau, des pollutions, et à la prévention d’événements naturels (inondations ou sécheresses).
Enfin, il faut rappeler que les zones humides sont devenues des milieux rares par suite des pertes colossales qu’elles ont subies, surtout au xxe siècle (perte de 50 % des surfaces entre 1960 et 1990). En outre, elles sont toujours en régression (80 % des sites expertisés se sont dégradés entre 2010 et 2020).
Comment sont-elles protégées ?
La protection des zones humides n’est pas automatique. Ces espaces peuvent être préservées par la mise en œuvre d’aires protégées (réserve naturelle, arrêtée de biotope, site classé, site du conservatoire du littoral …) ou de labels (parc naturel régional, site Ramsar) dont la mise en œuvre est fonction de la volonté protectrice de l’État et de la pression des lobbies. Actuellement, une très faible proportion de ces espaces (moins de 5 %) est protégée de manière forte.
Néanmoins, les travaux d’assèchement, de remblaiement, d’imperméabilisation ou de submersion de ces espaces doivent être soumis à autorisation (> 1 ha) ou à déclaration (entre 0,1 et 1 ha) auprès du préfet et après étude d’incidence du projet. Pour ces travaux, un arrêté du 24 juin 2008 a explicité les types de sols et les espèces de plantes ou d’habitats humides concernés.
Quelles améliorations pourraient encore être faites ?
Plusieurs mesures pourraient être prises pour améliorer leur protection :
diminution des seuils d’autorisation et de déclaration ;
interdiction pure et simple de destruction de certains types de zones humides très menacés (tourbières, prairies humides…) ;
renforcement de la création d’aires protégées ;
facilitation des opérations de restauration de zones humides et de leur financement ;
renforcement de la formation des juges sur la mise en œuvre du droit applicable (afin d’accompagner le contentieux exponentiel sur les zones humides).
Le questionnaire de Désiré Dalloz
Quel est votre meilleur souvenir d’étudiant ?
Il faudrait parler au pluriel ! Sans aucun doute la découverte de la réserve naturelle du marais de Lavours (Ain) – proche de mon domicile à l’époque – qui était le thème de mon mémoire de droit de l’environnement de DEA. Je suis tombé amoureux des zones humides depuis ce jour-là ! Et puis aussi les cours d’écologie avec visites de terrain, ce qui facilite la compréhension de cette matière et par contrecoup du droit de l’environnement, droit technique par excellence !
Quels sont votre héros et votre héroïne de fiction préférés ?
Sherlock Holmes m’a toujours fasciné, avec son pouvoir de déduction poussé à l’extrême. En dépit de traits de caractère peu avenant – assurance, orgueil, sentiment de supériorité –, il parvient toujours au bout de son raisonnement. L’adaptation récente du personnage sous les traits de l’acteur Benedict Cumberbatch (série de la BBC) est à ce titre tout à fait réussie.
Sarah Connors, héroïne de la franchise Terminator, car c’est l’un des premiers films où une femme n’est pas là pour meubler, mais pour agir – rien de moins que sauver le monde ! Malgré les épreuves qu’elles traversent – incompréhension, internement, instabilité familiale…, elle ne renonce jamais et fait montre d’une opiniâtreté débordante ! Dommage que les héroïnes restent encore trop rares…
Quel est votre droit de l’homme préféré ?
Le droit à l’environnement ! Plus que jamais, je pense que nous avons besoin de ce droit pour avancer sur les sujets – d’ailleurs liés – que sont la lutte contre le changement climatique et la préservation de la biodiversité. Il est regrettable que cette dernière reste toujours le parent pauvre de nos politiques publiques et les résultats sont, sans surprise, accablants : 20 % seulement des habitats naturels en France sont dans un état de conservation favorable (source : naturefrance).
Il faut, à ce sujet, saluer le contentieux soulevé par les associations de protection de l’environnement qui permettent au juge de faire respecter ce droit trop souvent bafoué par des acteurs peu scrupuleux, l’État en premier lieu (v. récemment l’arrêt du Conseil d’État du 20 mars 2023 qui oblige l’État à prendre des mesures pour éviter leur disparition dans le Golfe de Gascogne). À titre personnel, je leur fais des dons réguliers.
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