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[ 12 juillet 2021 ] Imprimer

Clap de fin sur une Université à bout de souffle

La fin de l’année universitaire est proche. Si les cours sont terminés depuis quelques temps déjà, les dernières réunions, corrections, sélections, délibérations sont en voie d’achèvement. Le soulagement de voir cette année universitaire se terminer est gigantesque.

Les personnels de l’Université, aussi bien administratifs qu’enseignants-chercheurs, sont au bord de l’épuisement. Comme jamais. Ils ont dû affronter, seuls, toutes les difficultés habituelles que connaît l’Université, en raison de son sous-financement chronique, le tout aggravé par la crise sanitaire et, surtout, par les injonctions contradictoires d’un ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche à la dérive. 

L’épuisement est mâtiné d’écœurement.

Écœurement des enseignants-chercheurs qui ont dû effectuer la sélection en Master 1 dans des conditions dramatiques. 

Nous, enseignants-chercheurs, sommes conscients de la violence qui est infligée aux étudiants de licence 3. 

Nous avions alerté, de longue date, notre ministère de tutelle sur l’inadéquation totale de la sélection en Master 1 dans les filières juridiques. 

Nous avions prévenu que cette sélection créerait un goulot d’étranglement qui laisserait de côté de nombreux étudiants, interdits de continuer leurs études, mais également de passer les concours accessibles uniquement après quatre années d’études supérieures.

Nous nous étions émus de la trahison des idéaux de l’Université, qui permettait jusque-là à des étudiants, qui n’avaient pas révélé tout leur potentiel, sans avoir démérité pour autant, de réussir des concours sélectifs.

Les responsables de master ont donc été contraints de faire violence aux étudiants. Ils ont été ensevelis sous les candidatures dans leur formation ; ils ont été livrés à eux-mêmes pour traiter des milliers de demandes, manuellement, avec des logiciels obsolètes ; ils ont été forcés, matériellement, d’inscrire des « motivations » de refus de quelques mots, et ce afin de tenir des délais impossibles.

L’écœurement a encore été accentué par les dernières déclarations de notre Ministre qui vient, avec le plus grand calme, d’annoncer la création de 34.000 places supplémentaires à l’Université. 34.000 places. Trente-quatre mille places.

Que l’on se rende compte que Madame Vidal vient d’annoncer la création d’une Université équivalente à celle de Nice, cinquième ville de France, dont 19.000 places au cours du seul été... 

Le tout, sans poste d’enseignant-chercheur supplémentaire, sans poste administratif, sans locaux. Sans argent donc.

L’Université est à bout de souffle. Le temps que les enseignants-chercheurs peuvent consacrer à leurs recherches est réduit à la portion congrue, leur principale mission de recherche étant d’ailleurs, aujourd’hui, celle de trouver de l’argent.

L’avenir de l’Université est si sombre que nombreux sont ceux qui n’imaginent pas y être encore dans dix ans. 

L’Université est donc, plus que jamais, en péril. 

Clap de fin. Jusqu’à l’année prochaine… 

 

Auteur :Mathias Latina


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