[ 20 octobre 2009 ]

De qui se moque-t-ondes ???

Je vous écris ce billet tout en utilisant mon téléphone portable, dans le vacarme indescriptible de mon vieux four à micro-ondes, à l’ombre de l’antenne relais qui se dresse fièrement sur l’immeuble d’en face, et je dois vous avouer ma perplexité. Accroc aux ondes comme la plupart de mes concitoyens, j’attendais avec une impatience non feinte le rapport de l’angoisse établi par l’Agence française de sécurité de l’environnement et du travail à la demande des ministères de la Santé et de l’Environnement. Oppressé à l’idée de découvrir la sinistre vérité et pressé d’en finir avec les doutes qui me taraudent sur la nocivité des ondes en tous genres, je me suis donc rué, ces derniers jours, sur la presse pour découvrir enfin le pot aux roses… En parcourant Le Monde, j’ai immédiatement eu très froid dans le dos ; titre de l’éditorial : « Mauvaises ondes ». Mes oreilles ont commencé à siffler, d’autant que le contenu n’était guère rassurant : les experts « recommandent de poursuivre les recherches et dès maintenant de réduire les expositions du public aux radiofréquences ». Glups !!! En proie à des vertiges et alors que je m’apprêtais à piétiner rageusement mon portable, je tombe sur le titre du Figaro : « Téléphones portables, antennes-relais : le rapport qui rassure »… Tout en ramassant prestement mon inoffensif portable, légèrement cabossé mais toujours en état de marche, je jette un œil sur les pages intérieures et me voilà apaisé : « Les données issues de la recherche expérimentale disponibles n’indiquent pas d’effets sanitaires à court terme ni à long terme de l’exposition aux radiofréquences ». Hourra ! J’achète une nouvelle carte SIM pour la route et je me précipite séance tenante dans un cyber café, histoire de partager, sans précaution aucune, une onde ou deux avec quelques ex-irradiés de mes amis. Et là patatras, alors qu’en devisant gaiement je surfe sur la toile, je tombe sur une dépêche de l’AFP intitulée : « Rapport sur les ondes électromagnétiques : réactions plutôt favorables des associations ». Je me pince pour y croire, les associations anti-ondes expriment leur satisfaction à l’égard de ce rapport soit disant constitutif d’une véritable onde de choc et appellent à l’application sans retenue aucune du principe de précaution… J’appelle illico presto ma descendance, tout en prenant bien soin de tenir mon téléphone portable à 31 centimètres de mon esgourde pour ne pas envenimer la tumeur qui ravage mon plafond, et je leur enjoins avec fermeté de jeter par-dessus bord tous les engins suspects qui inondent nos cellules d’irradiations fatales, quand soudain je tombe sur un article du Nouvelobs.com intitulé : « Les opérateurs mobiles se réjouissent des conclusions de l’étude sanitaire sur les ondes »… Leur Association est aux anges car le rapport ne permet pas d’établir les « preuves d’un mécanisme menant à de véritables maladies ». Bon, retour à la casa, histoire de préparer, le cœur léger, des carbonara sur mes plaques à induction…

 Morale désabusée de cette petite exploration médiatique et réflexion corrélative sur la liberté et la qualité de la presse : bien fol qui Wifi !!!