Actualité > Le billet
Le billet
Désiré Dalloz, itinéraire d’un juriste surdoué
Amis étudiants, vous qui, toutes les semaines, vous jetez sur ce site comme des loups affamés de savoir et de réflexion, il n’est que temps de vous faire découvrir celui sans lequel vous seriez privés de ce plaisir hebdomadaire, j’ai nommé Désiré Dalloz, ancêtre de tous les ouvrages, répertoires, revues et sites Dalloz. Son nom est sans doute moins connu que ceux d’illustres juristes du XIVe siècle, pourtant son rôle pour le progrès de la science juridique a été déterminant et son parcours a été purement et simplement extraordinaire.
Né à Septmoncel, le 12 août 1795, Désiré quitte l’école de son village et devient collégien à Saint-Claude en 1807. En dépit d’études fort brillantes, il quitte les bancs du collège dès 1809 et devient clerc chez Maître Bavoux Fils, avoué à Saint Claude. Dès l’âge de 16 ans, sur les conseils de son employeur ébloui par les qualités de son jeune clerc, Désiré part pour Paris où il va mener « une vie de labeurs surhumains ». La journée, il fréquente, c’est selon, le Palais ou la Faculté et travaille comme secrétaire en qualité de secrétaire de Maître Loiseau, originaire, comme lui de Franche-Comté. Le soir, il se consacre à ses études de droit en préparant ses examens. Et comme si ce n’était pas suffisant, il entre dès 1814 au Journal des Audiences et des cours d’appel, dont il devient directeur dès 1816, à l’âge de 21 ans.
Un an plus tard, Désiré se lance dans la carrière d’avocat et prête serment le 11 août 1817. Inscrit au Barreau de la Cour royale de Paris, Désiré se fait très rapidement une belle réputation. Il obtint des succès spectaculaires dans des procès politiques, notamment dans l’affaire des « Quatre sergents de la Rochelle ». Puis sa notoriété grandissant, Désiré fût nommé par Ordonnance du Roi, en date du 25 mai 1823, Avocat à la Cour de cassation et aux conseils. Apprécié par ses pairs, il devient en 1836 dès l’âge de 41 ans, Président de l’Ordre, mais en démissionne deux ans plus tard, en 1838.
Outre cette carrière juridique exceptionnelle, Désiré se laisse attirer par les démons de la politique et rencontre, là aussi, de nombreux succès. En effet, il fût député du Jura pendant onze ans, de 1837 à 1848. Puis, lors de la révolution de 1848, il abandonna la vie politique pour se concentrer sur son œuvre juridique.
A partir de cette époque, en effet, Désiré conçoit l’œuvre qui lui a permis de passer à la postérité : Le grand répertoire méthodique et alphabétique de législation, de doctrine et de jurisprudence, ancêtre de l’Encyclopédie Dalloz. Quarante-huit volumes dans lesquels l’infatigable Désiré, véritable stakhanoviste du droit, étaient exposés et commentés, par ordre alphabétique, les textes de lois, les opinions doctrinales et les arrêts. Manière moderne, au fond, d’appréhender les forces créatrices du droit sous une forme non pas de hiérarchie artificielle mais de coopération.
Enfin, Désiré créa, avec son frère Armand qui l’a aidé dans beaucoup de ses entreprises éditoriales, une maison d’édition spécialisée en publications juridiques qui publia notamment Les petits Codes Dalloz, ancêtre des codes rouges qui constituent le fleuron de l’actuelle entreprise Dalloz.
Puis, avec sans doute la satisfaction du devoir accompli, Désiré Dalloz décéda le 12 janvier 1869.
Autres Billets
-
[ 18 novembre 2024 ]
Crise en Nouvelle-Calédonie : sur la légalité des détentions subies dans l’Hexagone
-
[ 12 novembre 2024 ]
Le principe de neutralité du service public face aux collaborations avec des universités israéliennes dans le contexte de la guerre de Gaza et du Liban
-
[ 4 novembre 2024 ]
PLFSS 2025 : l’avenir des droits sociaux en débats
-
[ 21 octobre 2024 ]
Vingt ans déjà, une intégration réussie ?
-
[ 14 octobre 2024 ]
Implants cérébraux : pour une consécration de neuro-droits
- >> Tous les Billets