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Le billet

[ 8 février 2012 ] Imprimer

Doucement les baffes !

La France a moins peur…

Oui, citoyens français légitimement épris de sécurité, depuis le 3 février dernier la France, la France profonde a moins peur… Un sérial gifleur en puissance s’est en effet fait justement remonter les bretelles par un procureur courageux dont les réquisitions entreront certainement dans les annales de la justice française.

Le prévenu, sans doute avait-il échappé de bien peu à la cour d’assises, le maire d’une commune où il fait bon vivre, Cousolre, devait répondre devant le tribunal correctionnel d’Avesnes-sur-Helpe de son horrible forfait. Par un chaud après-midi, le cruel édile n’avait rien trouvé de mieux que de se rendre coupable d’une agression sur la personne d’un jeune du village qu’il a pour mission d’administrer. Alors que l’espiègle chérubin escaladait un grillage municipal pour récupérer le ballon avec lequel il jouait avec ses camarades, la brute lui avait lâchement asséné une énorme baffe, du haut de l’autorité publique dont il était le dépositaire, au motif qu’il était interdit de pénétrer dans le terrain communal par la voie qu’il avait ludiquement empruntée. De ce crime odieux contre la jeunesse, ce maire indigne a eu à répondre devant le tribunal susnommé et a eu droit à une leçon d’instruction civique de la part de l’auguste procureur qui lui tint à peu près ce langage, comme l’a rapportée l’excellentissime Pascale Robert-Diard dans son billet (Le Monde 4 février 2012) : « Le jour de gloire est arrivé, Monsieur le Maire ! Vous avez votre récompense : la notoriété et votre statut de victime expiatoire. Vous vouliez le tribunal parce que vous vouiez une tribune ! À 62 ans, vous êtes d’autant moins pardonnable de vous être laissé aller à un emportement contre un jeune de 16 ans, ces jeunes auxquels notre génération laisse si peu d’espoir… La jeunesse, ce n’est pas une maladie ! ». Et ce héros du parquet de requérir une amende, sévère mais juste, de 500 euros au nom de la société française pour cette jeunesse qu’on assassine.

Le plus fort, c’est que pour toute défense, ce maire sans foi ni loi a plaidé la légitime défense. Le jeune agressé, prétendument connu pour ses incivilités récurrentes, l’avait traité de « bâtard » avant d’avoir été victime du soufflet et de « fils de pute » après avoir reçu la claque, ainsi que des menaces de mort. Pas de quoi gifler un jeune, tout de même ! Pire encore, et cela en dit long sur son déplorable état d’esprit, le délinquant municipal, pour narguer l’autorité judiciaire, était venu avec toute sa bande, une poignée de maires des communes alentour… Et alors que la justice lui avait généreusement proposé de plaider-coupable, moyennant une amende de 600 euros, ce représentant du peuple, qui avait oublié que son écharpe tricolore ne justifiait aucune violence envers ses administrés de 7 à 77 ans, avait préféré parader en public lors d’un procès qui lui permettait de se donner en spectacle.

Et ce que cette brute anti-jeunes sans scrupule recherchait, elle l’a obtenu, puisque la presse, toujours prompte à sombrer dans la démagogie, n’a pas hésité à prendre fait et cause pour le maire de Cousorle, ville dont les princes ne sont donc pas des enfants…

Plaise au Tribunal, qui siégera le 17 février prochain de suivre les réquisitions de son héroïque procureur et de châtier ce maire qui croit encore que l’exercice de l’autorité est un devoir et que lever la main contre des crétins impolis qui se croient tout permis, un droit ! Qu’il n’oublie pas, grâce à la peine exemplaire que la justice française aura à cœur de lui infliger, le slogan qui abreuve désormais nos villes et nos campagnes « Touche pas à nos jeunes ! ».

Non, mais !!!

 

Auteur :Denis Mazeaud


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