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Le billet
Dulcis lex, sed lex…
L’article 137 du code de procédure pénale dispose que « la personne mise en examen, présumée innocente, reste libre. Toutefois, en raison des nécessités de l’instruction ou à titre de mesure de sûreté, elle peut être astreinte à une ou plusieurs obligations du contrôle judiciaire. Lorsque celles-ci se révèlent insuffisantes au regard de ces objectifs, elle peut, à titre exceptionnel, être placée en détention provisoire ». En bref et en substance, au nom de la présomption d’innocence, la liberté d’une personne mise en examen constitue le principe et la détention provisoire, l’exception. Parce qu’il applique la loi à la lettre, un juge des libertés et de la détention du Tribunal de grande instance de Créteil a provoqué l’ire de certains syndicats de police qui l’ont surnommé « Liberator » pour dénoncer son respect scrupuleux et excessif, selon eux, de la lettre de la loi et le mauvais esprit avec lequel il l’interprète. La presse s’en est fait l’écho, parce qu’une empoignade entre la police et la justice fait toujours recette. Son Président a alors promptement réagi. Insistant sur « l’importance de l’écho médiatique » rencontré par les critiques adressées au juge laxiste et affirmant combien il est « attaché à l’indépendance du juge (là, ça commence à sentir le roussi…) et au bon fonctionnement de la justice », il a décidé de lui proposer une promotion… Raison de cette récompense dont Liberator ne veut pas entendre parler, « je suis comptable de la confiance que doit inspirer la juridiction à l’extérieur. Il y a un moment où la crédibilité de la justice en cause » affirme la main sur le cœur son débonnaire Président. Et il a bien raison le bougre. Que va penser le bon peuple si un juge qui applique la loi sur la présomption d’innocence et qui, pour cette raison, est critiqué dans la presse, est maintenu dans ses fonctions ? Non, mais franchement, une justice qui applique strictement la loi, qui peut légitimement y croire ???
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