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[ 16 décembre 2014 ] Imprimer

Écologie et démocratie

De prime abord l’écologie répond parfaitement aux critères de la démocratie.

Il existe un parti – même s’il est divisé – qui se réclame de l’écologie. Ce parti présente des candidats aux élections municipales, cantonales, régionales, nationales, européennes, etc. et il y réalise un score tout à fait honorable si bien qu’il comporte un certain nombre d’élus, même si c’est grâce à des alliances avec divers partis de gauche. Ces élus jouent leur rôle dans les diverses assemblées et un certain nombre d’entre eux sont ou ont été ministres. Cécile Duflot en est l’un des meilleurs exemples. Il n’y a rien à redire de ce côté-là.

En revanche le tableau se gâte au vu de ce que l’on constate sur le terrain et qui est parfaitement illustré par un personnage hors du commun, aujourd’hui député européen, José Bové, qui a cumulé un nombre de condamnations pénales tout à fait impressionnant, ce qui fait certainement la fierté de son auteur. Chacune est en quelque sorte une décoration supplémentaire à son palmarès pénal qui occupe deux pages complètes sur Internet.

Pour faire bref, l’écologie bénéficie d’un bras armé qui, sous couvert du doux mot de « désobéissance civile », se livre en fait à des opérations de commando pour faire échec à la réalisation d’opérations qui, a priori, avaient été autorisées de manière parfaitement légale.

On ne fera qu’un bref rappel des deux premiers faits d’armes à l’occasion desquels José Bové, altermondialiste convaincu et remarquable communiquant, s’est particulièrement distingué.

Rassemblement national contre l’extension du camp militaire sur le causse du Larzac (1973), qui s’est terminé par un succès puisque François Mitterand a décidé en 1981 l’annulation du projet d’extension. Et, capitulation en rase compagne pour le gouvernement, les terrains, acquis par l’État pour l’extension du camp, ont été confiés par bail emphytéotique à la société civile des Terres du Larzac dont José Bové est l’un des gérants.

Combat contre les OGM. Le gouvernement a décidé de ne pas autoriser la culture OGM, sauf dans un certain nombre d’hypothèses limitées à titre expérimental. Ne voilà-t-il pas que José Bové, toujours lui, à la tête du mouvement des « faucheurs volontaires », vient détruire de multiples cultures autorisées, ainsi que des plants de riz transgéniques dans un laboratoire du CIRAD. Mais après deux mois de prison il purge le reste de sa peine chez lui à la faveur d’une grâce présidentielle.

Si on laisse de côté José Bové et ses exploits on constate qu’il a fait des émules qui bloquent de manière parfaitement illégale la réalisation d’un certain nombre d’opérations d’aménagement :

– le grand aéroport de Nantes sur le site de Notre Dame des Landes, qui est bloqué depuis plusieurs années, le terrain étant squatté par une armée des plus hétéroclites ;

– plus récemment, le barrage ou plutôt la retenue d’eau de Siwens, qui avait l’autorisation et l’appui du Conseil général du Tarn et de la population locale ; là encore occupation de la ZAD, la zone à défendre ; et il est préférable de ne pas s’y aventurer… ;

– encore plus récemment, le projet de Village nature Center Park dans l’Isère, projet parfaitement autorisé, est cloué au pilori au motif qu’on va détruire la forêt ; pur prétexte si on en juge par les précédentes réalisations de Center Park qui respectent assez bien l’environnement.

Sur ces divers points, même si on se montre très conciliant, il est bien difficile de considérer que le comportement de ces écologistes ou prétendus écologistes est conforme aux règles démocratiques. Corinne Lepage, ex-ministre de l’Environnement n’a pas hésité à manifester ses doutes à cet égard, en mettant en garde contre « la violence » sur les chantiers contestés et appelant à « éviter ne devienne la chose de l’extrême gauche », ce qui est « une catastrophe ».

En effet, si le droit de manifester est libre, la démocratie veut que les décisions régulièrement prises par les autorités compétentes ne puissent être attaquées que par les voies de droit, non par des voies de fait. On est ici en présence d’infractions pénales dont on peut se demander si elles sont effectivement poursuivies et sanctionnées.

Si de Gaulle était toujours de ce monde, il ne manquerait pas de dire : c’est la chienlit. Pour employer un langage plus moderne, on pourrait dire que c’est là une forme inquiétante de terrorisme, à la fois physique et intellectuel, qu’on a tendance à ne pas trop relever dans la mesure où il bénéficie peut-être d’une certaine sympathie dans une partie de l’opinion. Les medias eux-mêmes, si prompts à dénoncer les « violences policières » contre les « manifestants » se montrent fort discrets sur celles, non pas des écologistes, mais de l’armée d’occupation qui prétend servir l’écologie. Pour un juriste, cette situation est assez inquiétante.

 

Auteur :Bernard de Bourbon


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