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Homosexualité et pédophilie : là où la loi distingue, M. Vanneste ne veut pas distinguer
En soi, ce modeste billet d'un blog mériterait à peine d'être signalé. Comme il émane cependant d'un parlementaire, à ce titre censé « faire la loi », on le relèvera comme une illustration des inconvénients pour un député de n'être pas accessible au raisonnement juridique même le plus élémentaire. Ainsi que le rapporte le journal Le Monde, M. Vanneste, fidèle à sa réputation, s'en est pris récemment sur son blog, une nouvelle fois à l'homosexualité, qu'il persiste à vouloir rapprocher (assimiler ?) de la pédophilie. Comparant le traitement médiatique réservé aux prêtres accusés de pédophilie et celui réservé au ministre de la Culture, M. Mitterrand (que soit dit en passant, M. Vanneste avait accompagné lors de son déplacement dans son bon département du Nord), l'honorable parlementaire raille « l'atelier sémantique gay » qui aurait inventé « une prise de judo conceptuelle » consistant à faire de la pédophilie un crime quand l'homosexualité serait une vertu. Et notre député d'expliquer doctement la jonction que, immanquablement on est pourtant invité à faire entre ces deux « perversions » en considérant le cas de l'éphébophilie (attirance des hommes pour des adolescents pubères mais ambigus de traits) dont « le lien et même la confusion avec l'homosexualité » serait « patent ». Vous ne voyez pas la différence M. le député ? Mais allez donc lire la loi (pénale), cette loi que vous êtes censé faire, et vous y apprendrez que la pédophilie y est réprimée quand l'homosexualité ne l'est pas, que notre Droit considère non sans raison que l'on ne peut pas placer sur un même plan des relations sexuelles dérobées à l'innocence d'un enfant au risque de blessures morales irréparables et des relations sexuelles librement consenties entre personnes de même sexe. Mais sans doute, est-ce là le fruit du complot ourdi par « l'atelier juridique gay » ? On a peut-être eu tort de vous chercher querelle sur le plan pénal et d'encourir le reproche de brimer la liberté d'expression. La bêtise n'est pas en soi pénalement répréhensible.
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