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Le billet
La belle vie, la vie d’ancien Président de la République française
En cette période de crise de l’emploi, il est un job fort enviable, celui d’ex-Président de la République française…
Rejeté dans les oubliettes par les électeurs, les Présidents sortants demeurent pourtant très présents pour l’ensemble des contribuables, y compris pour ceux qui ont inséré dans l’urne d’autres bulletins que ceux sur lesquels leurs noms étaient imprimés.
En effet, grâce à Laurent Fabius, alors Premier ministre, un document avait mis sur pied un statut très avantageux pour les « Ex ». L’ennui, c’est que le document en question n’avait jamais été publié au Journal Officiel, peut-être pour que nul ne puisse en prendre connaissance… Et l’Association ANTICOR avait alors soutenu, devant le juge administratif, qu’il était juridiquement inexistant, d’autant qu’il créait une rupture d’égalité entre les candidats à l’élection présidentielle puisque les avantages consentis aux « Ex » pouvaient être utilisés par ceux-ci à l’occasion de leurs campagnes. Mais le Conseil d’État, le 28 septembre dernier, avait rejeté ce recours au motif que l’absence de publication au J.O. d’un acte administratif n’implique pas que cet acte soit illégal et le statut accordé aux « Ex » n’emportait point de rupture d’égalité entre candidats à l’élection présidentielle (n° 399173).
Reste que ce statut, en ces temps de vaches maigres, est particulièrement avantageux pour les princes qui nous ont gouvernés, et sans doute un peu trop même, puisque les trois « Ex » coûtent aujourd’hui, bon an mal an, environ 10 millions d’euros.
Tant et si bien que, faisant preuve d’une remarquable promptitude, notre monarque républicain actuel a fait publier un décret au J.O. dès le… 5 octobre 2016 (Décr. n° 2016-1302 du 4 oct. 2016 relatif au soutien matériel et en personnel apporté aux anciens Présidents de la République). Il y avait manifestement urgence, donc. Il est vrai que les élections approchent et que les « sans dents » et autres électeurs de tous bords et de toutes conditions, risquaient de ne pas trop apprécier les privilèges dont continuent de jouir les « Ex ».
Les « Ex » vont donc désormais devoir, les pauvres, se serrer la ceinture. Qu’on en juge plutôt, pendant les cinq années suivant leur défaite dans les urnes, ils n’auront plus droit qu’à…sept collaborateurs permanents, une misère, d’autant qu’il faudra les occuper ces pauvres bougres. Il sera mis à leur disposition des locaux meublés et équipés dont les loyers, les charges et les frais généraux sont pris en charge par l’État, c’est-à-dire par les contribuables. On n’allait quand même pas du jour au lendemain faire passer les « Ex » des ors des palais de la République aux HLM de la ville de Paris et leurs loyers exorbitants… Par ailleurs, nous, vous et moi autrement-dit, prendrons financièrement en charge tous leurs frais de réception et de déplacement, pour leurs activités liées à leurs fonctions d’anciens chefs d’État. Gageons que le contrôle opéré sur ces frais sera d’une extrême rigueur et que l’abus de fonctions sera traqué comme il se doit…
Pire, encore pour nos malheureux « Ex », le décret prévoit un système régressif à leur encontre. En effet, au-delà des cinq années qui suivent leur défaite électorale, leurs avantages diminuent sensiblement. Oh, certes, ils bénéficieront toujours de locaux, de réceptions et de voyages aux frais de la princesse, mais ils n’auront plus à leur disposition que…trois collaborateurs permanents, pire qu’une misère, une offrande…
Espérons que ce décret, qui respire l’austérité et le sens du sacrifice, n’emportera pas à l’avenir une chute des vocations !
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