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Le billet
La déroute des Roms, ou quand Rom rime avec « comm’ »
Un des principaux « feuilletons » de l’été, qui suscite un débat d’ampleur exponentielle. Un de ces débats bien clivants dont médias et politiques sont friands, opposant défenseurs des droits de l’homme « idéalistes » et responsables politiques soucieux de réalisme — au point de passer pour cyniques.
Plusieurs milliers de membres de la communauté Rom, ressortissants bulgares ou roumains expulsés depuis le début de l’année, avec une impression d’amplification ces dernières semaines, procurée par les témoignages et images — très généreusement diffusés — de reconduites collectives par charters.
Tout cela accueilli dans un concert de protestations, de provenances plus diversifiées qu’à l’accoutumée, puisqu’aux militants et associations de défense des migrants se sont ajoutées des voix à l’ONU et du côté de l’Église, y compris au plus haut niveau. Et les pouvoirs publics français de répondre avec indignation que ces mesures de reconduite ont été prises en stricte application du droit.
Qui croire au juste ?
Le fait est là : les reconduites collectives — et pour une part « volontaires » — de Rom vers la Roumanie et la Bulgarie ne sont pas opérées illégalement, mais en vertu du droit européen qui a prévu à l’égard des ressortissants de ces pays des dispositions spécifiques sur le plan de la liberté de circulation dans l’Union.
Rien d’« illégal » donc, et les deux États considérés sont d’une mauvaise foi écœurante en feignant de s’émouvoir de la situation des Roms qu’ils n’ont par ailleurs de cesse de discriminer sur leur propre territoire, comme peu paraître un peu suspecte l’attitude de la Commission européenne qui fait mine de découvrir une situation que sur le plan juridique, elle a elle-même en partie suscitée…
La palme de la tartufferie semble bien devoir revenir cependant dans cette affaire au gouvernement français : il y avait déjà eu, à en croire les associations qui viennent en aide à ces populations, un peu moins de 10 000 expulsions de Roms l’an dernier, (près du tiers du total des reconduites : une véritable aubaine pour atteindre les quotas de reconduites d’étrangers fixés par le ministère de l’Immigration…), sans que l’on en ait spécialement entendu parler alors.
Ce qui a changé ? C’est que le gouvernement a décidé de « communiquer » sur ce dossier pour montrer sa « fermeté » à l’égard d’immigrés « illégaux », que l’on n’hésite pas au passage, à confondre avec les « sans papiers » venus de l’extérieur de l’Union et que l’on n’hésite pas davantage à associer directement à la délinquance.
Et dire que l’on est encore à près de deux ans des échéances électorales nationales…
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