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La France peut-elle faire du foot une affaire d’État ?
Mais qui ose donc poser cette question sacrilège ? La question ne peut pas se poser d’ailleurs, car la réalité est bien là : non seulement les éditorialistes de tous poils se sont penchés doctement sur les causes de la « catastrophe » de l’élimination « prématurée » de l’équipe de France au mondial (ce qui est déjà une manière optimiste de voir les choses : compte tenu des conditions de la qualification, l’élimination pourrait au contraire être jugée tardive) et la mesure de l’opprobre à réserver à ces joueurs sans entrain et peu sympathiques, comme si la place de la France dans le monde en dépendait ; non seulement des ministres se sont répandus en déclarations emphatiques et tonitruantes, allant jusqu’à qualifier « d’inéluctable » la démission du président de la Fédération française de football ; non seulement des parlementaires de la majorité sont allés jusqu’à demander la constitution d’une commission d’enquête parlementaire (les mêmes sans doute qui avaient jugé que celle demandée dans l’affaire dite des sondages de l’Élysée était inopportune), mais le président lui-même, après avoir reçu en personne un joueur de l’équipe de France, Thierry Henry (de qui il espérait un coup de main ?), a annoncé l’organisation d’États généraux du football français à l’automne… Qui donc pourrait contrarier cette mobilisation de toutes les forces vives de l’État ? La Fédération internationale de football qui par la voix de son secrétaire général a conseillé samedi, selon Reuters, aux autorités politiques françaises de ne pas s’immiscer dans les affaires de football hexagonal. Et le même de souligner que le cas échéant, la FIFA réagirait. Pour information, par le passé, deux fédérations ont ainsi été suspendues pour ingérence du pouvoir politique : celles du Kenya et d’Irak ! Voilà qui redorerait le blason de la France que de rejoindre le concert des démocraties les plus exemplaires !
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