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Le billet
La seconde session d’examen
Au moment où ces lignes sont écrites, les demi-finales de Roland Garros battent leur plein et une canicule estivale s’abat sur la France. Pourtant, cette période est celle des examens universitaires. La première session est sans doute déjà terminée, mais les recalés doivent immédiatement se remettre à leurs chères études pour préparer la seconde session.
Depuis quelques années, la seconde session a connu bien des vicissitudes.
Elle est d’abord passée, dans un grand nombre d’universités, de septembre à juin. À l’époque, il avait été avancé que ce changement était nécessaire pour assurer une période de formation de dix mois consécutifs aux étudiants, période qui permettrait de faire passer les bourses de neuf à dix mois…
Le signataire de ces lignes avoue avoir été quelque peu stupéfait par cette explication. S’il fallait changer, ce n’était pas pour des raisons pédagogiques, ou de « réussite étudiante », mais purement administratives. On goûtera d’ailleurs l’artifice : certes, la fin de l’année universitaire peut bien être fixée à la date de l’affichage des résultats de la seconde session. De fait, il se sera bien écoulé dix mois entre le début des cours en septembre, et l’affichage des résultats de la seconde session en juillet.
Mais cela ne signifie nullement que les étudiants auront eu dix mois consécutifs de formation. Nombreux sont ceux, boursiers ou non, qui auront été libérés à la fin du mois de mai par la réussite aux examens… Devrait-on comprendre de ces arguties administratives que le boursier ayant brillamment réussi ses examens du premier coup devrait être privé des derniers mois de bourse ? Ne soufflons pas cette idée en haut lieu, il pourrait se trouver quelqu'un pour la juger pertinente...
Ensuite, dans certaines universités, la seconde session a même parfois été supprimée, au motif que le passage au contrôle continu dit « intégral » permettait de s’en passer. Dans d’autres, après avoir été supprimée, elle a été réinstaurée sous la pression des organisations étudiantes qui invoquaient « un droit à » la seconde session, et/ou d’une décision d’une cour administrative d’appel qui n’avait pas eu la même lecture des textes, et/ou des enseignants qui n’en pouvaient plus de corriger les copies du contrôle continu intégral…
La seconde session d’examen a donc connu des éclipses, et les pratiques diffèrent aujourd’hui en fonction des universités ; faut-il y voir une conséquence de la compétition grandissante entre celles-ci, l’existence d’une seconde session pouvant devenir un élément d’attractivité ? On ne sait. Toujours est-il que, telle qu’elle est pratiquée, dans la foulée de la première session, la seconde session d’examen pose question.
Un étudiant qui n’a pas travaillé peut-il réellement rattraper son retard en deux ou trois semaines ? Lorsque la seconde session était en septembre, cette illusion pouvait exister, avant d’être rapidement dissipée par les réalités estivales, faites de farniente pour certains, et de jobs alimentaires pour une cohorte d’étudiants toujours plus grande.
Mais Quid des impasses malheureuses, des sujets tordus, des crises de panique ? La seconde session n’est-elle pas faite pour cela ? Sans doute, mais l’argument avait plus de poids à une époque, pas si éloignée, où les notes ne se compensaient pas au sein d’une même unité, où les unités ne se compensaient pas entre elles, et les semestres ne se compensaient pas entre eux. Il y avait même parfois des matières dites « fondamentales » dans lesquelles les étudiants devaient nécessairement avoir la moyenne pour passer en année supérieure. La seconde session était alors une nécessité.
Autrement dit, c’est la sévérité d’un régime d’examen qui devrait commander l’existence d’une seconde session.
Ce n’est pas ainsi que les choses fonctionnent. Les acquis se cumulent au fil du temps. Il existe même des universités qui organisent des examens de remplacement pour les étudiants qui peuvent justifier avoir été empêché de passer leur examen, et ce, même lorsqu’il existe une seconde session.
Un étudiant empêché à la première session, peut donc obtenir des épreuves de remplacement. S’il échoue à ces épreuves, c'est-à-dire si ses notes, compensées entre elles, ne lui permettent pas d’avoir son semestre ou son année, même en y ajoutant les bonus, il aura droit à la seconde session et, s’il peut encore justifier d’un empêchement à la seconde session, il passera des épreuves de remplacement de celles-ci.
Multipliez ceci par le nombre de semestres et le nombre d’années universitaires, et vous aurez une idée de la complexité de l’organisation des examens… Quoi qu’il en soit, et les choses étant ce qu’elles sont, bon courage à tous ceux qui révisent ! Puissent vos copies être brillantes, elles se corrigent alors toutes seules !
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