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[ 9 mai 2023 ] Imprimer

Le 9 mai : une date symbolique pour les européens

La publication d’un billet en date du 9 mai ne pouvait échapper, même fortuitement, à celui qui consacre les siens à l’Union européenne depuis de nombreux mois. Pourquoi ? Très simplement parce que cette date est symbolique pour la construction européenne. Elle est tout d’abord celle de la date anniversaire de la Déclaration de Robert Schuman effectuée en 1950, acte fondateur de l’Union. Elle est ensuite devenue celle de la Journée de l’Europe. En effet, depuis 1986, chacun y est appelé à célébrer l’Union européenne au sein des vingt-sept Etats membres.

Les années précédentes ne vous ont pas marqué par leurs différentes célébrations sur ce thème, tout comme celles de cette année n’auront manifestement pas été plus visibles. Seules les écoles élémentaires, les collèges et les lycées y consacreront peut-être un temps de leur journée. Au-delà de la légitime question de voir chaque journée de l’année être rattachée à une thématique plus ou moins pertinente, la relative discrétion autour de la Journée de l’Europe est bien davantage problématique et marque vraisemblablement le positionnement ambigu des représentants politiques et des citoyens vis-à-vis de la construction européenne.

La construction européenne mériterait pourtant une reconnaissance plus forte allant au-delà de son étude historique et juridique, au regard de son idéal de paix voulu par les fondateurs de l’Europe, dont nous bénéficions toutes et tous. A l’exception de la situation en Irlande du Nord pour laquelle l’Union européenne a beaucoup œuvré, et œuvre encore dans le cadre du Brexit pour éviter les tensions entre communautés, les Etats membres de l’Union ont été épargnés par la guerre sur le continent. Elle est restée aux portes de l’Union au moment des conflits dans les Balkans, en Géorgie ou en Ukraine, alors même que les tensions peuvent exister entre les Etats, tensions parfois très fortes comme pendant la crise migratoire de 2015. Cet idéal de paix est précieux et remarquable et trop souvent oublié, alors même que l’Europe a été traversée par de multiples conflits depuis le Moyen-Age et que cette pacification n’était pas une évidence. Au-delà même de la pacification, elle a créé un destin commun, où chacun accepte de surmonter les nouvelles crises, parfois après de longues discussions, avec davantage de solidarité assumée et de sens de la responsabilité commune.

Remarquable également est l’attachement des Etats membres à leur appartenance à l’Union avec le temps. Le choix effectué par le Royaume-Uni a été une aventure isolée, ne faisant pas d’émules, contrairement aux craintes exprimées à l’époque du vote du Brexit. Au contraire, aucun des candidats et chefs de gouvernement, ayant été menaçant vis-à-vis de l’Union et de ses politiques, n’a pris de décision susceptible de remettre en cause leur appartenance à l’Union que ce soit en Hongrie, en Italie, en Autriche ou en Pologne. Ils se sont même pliés très largement aux règles de l’Union, même s’il demeure parfois des points de résistances que la Commission européenne entend sanctionner au regard des valeurs partagées dans les traités et la Charte des droits fondamentaux. Cette capacité, au-delà des gouvernements, à poursuivre l’aventure européenne traduit sans doute le mieux les apports de l’Union pour chaque Etat et la sécurité qu’elle leur apporte.

Remarquable, enfin, est l’instauration par l’Union européenne de conditions d’un dialogue constant entre les Etats au travers de ses institutions, là où la France peine à surmonter les blocages d’une majorité relative au sein de l’Assemblée nationale et à trouver des compromis. Si les divergences existent, bien évidemment, au sein du Conseil de l’Union européenne, composé de représentants des Etats membres, au sein du Parlement européen et entre les institutions elles-mêmes, l’adoption d’un texte législatif nécessite obligatoirement un accord entre le Parlement et le Conseil, en lien avec la Commission européenne. Le dialogue et le trilogue s’imposent toujours. La recherche de compromis est inhérente à la démocratie européenne. Il est admis aussi que l’élaboration d’un texte puisse être un temps long, et qu’en cas de divergences majeures, l’échec soit entériné, sans que cela fragilise les institutions.

La démocratie est bien évidemment encore perfectible, notamment par rapport à la mise en œuvre de l’initiative citoyenne européenne, qui est confrontée aux réserves de la Commission européenne. De même, la construction européenne mérite d’être améliorée, consolidée en lien avec les aspirations des peuples. Si les critiques sont légitimes et nécessaires, la Journée de l’Europe devrait constituer, un moment privilégié pour rappeler les acquis, qui ne peuvent se résumer au marché intérieur et aux politiques de l’Union, même si elle participe à la richesse du continent et contribue à une redistribution au profit des régions européennes et des populations les moins favorisées.

Amplifier la lumière sur ce 9 mai et la déclaration de Robert Schuman est ainsi une nécessité que nous souhaitions partager.

 

Auteur :Vincent Bouhier


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