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« Mon master » : bilan d’étape
La phase d’admission de la plateforme « monmaster » bat son plein. Elle est ouverte depuis le 23 juin et se déroulera jusqu’au 21 juillet. Cela n’empêche pas de faire un bilan d’étape de ce nouveau processus de sélection.
Rappelons, pour commencer, que si le processus de sélection est nouveau, la sélection entre la licence et le master est en place depuis plusieurs années. Le droit a, en effet, perdu la dérogation qui lui permettait, en dépit du système Licence/Master/Doctorat, de ne sélectionner qu’à l’issue de la première année de master.
Le signataire de ces lignes regrette la perte de cette dérogation.
Ne pas avoir de master 1, c’est être empêché de passer l’examen d’avocat ou le concours de la magistrature. Or, un étudiant moyen, qui s’était sans doute laissé porter par ses études de licence, pouvait fort bien trouver la motivation pour préparer cet examen ou ce concours, et le réussir ! Aujourd’hui, cet étudiant n’aura peut-être pas de place en master. Personne ne peut s’en réjouir.
La pression qui pèse sur les étudiants est en effet plus forte qu’avant et s’exerce plus tôt.
Avoir sa première année dans de mauvaises conditions, c’est déjà hypothéquer ses chances d’avoir un master : ce sera une année sans mention et une année qui fera baisser la moyenne cumulée des 5 premiers semestres, autant de critères que l’on retrouve au stade de la sélection en master.
Quand cessera-t-on les injonctions contradictoires qui consistent à dire qu’il faut profiter de sa jeunesse ou apprendre de ses erreurs, tout en ne donnant pas le loisir de profiter raisonnablement de la première et de se relever des secondes ?
Las, ce combat est perdu.
La plateforme « monmaster » a au moins le mérite de centraliser la sélection.
Auparavant, avec autant de plateformes ecandidat que d’Universités, les étudiants sélectionnés pouvaient ne pas avertir les directeurs de formation qu’ils avaient choisi un autre master. Au cœur de l’été, il fallait donc réactiver les listes d’attente, parfois en pure perte.
Le système avait le double inconvénient de laisser des formations incomplètes et des étudiants sans master…
C’est dire que certains syndicats étudiants, qui avaient salué le report de la mise en place de « monmaster », étaient apparus aussi ridicules qu’un défenseur central célébrant un but contre son camp…
Au stade de la constitution des dossiers, les étudiants ont quelque peu souffert de l’ergonomie de la plateforme. C’est le cas aussi des enseignants-chercheurs qui ont eu la surprise de constater que le site était en « lecture seule ». Aucune sélection ne pouvait être faite directement sur celui-ci. Il fallait remplir un… tableau Excel, sur la base… d’un tableau Excel absolument illisible. Heureusement, les services de la scolarité ont parfois pu aider les enseignants-chercheurs. À la faculté de droit de Nice, les tableaux ont été nettoyés, les données retravaillées, des moyennes ajoutées, de sorte qu’il a été possible de faire la sélection dans de bonnes conditions.
Par ailleurs, la limitation du nombre de vœux a permis de diminuer le nombre de candidatures afin de rendre humainement possible la lecture des dossiers. Pour le Master Notarial de Nice, par exemple, les candidatures sont passées de plus de 1500 avec ecandidat a un peu moins de 1000 avec « monmaster ».
On peut espérer que les retours des enseignants seront pris en compte et que les données pourront être, l’année prochaine, plus facilement exploitables, sans que les services de la scolarité et/ou les commissions de sélection aient à faire un travail en aval.
Par ailleurs, à l’heure où ces lignes sont écrites, soit une grosse semaine après le début de la phase initiale, les formations en droit semblent complètes ou en voie de l’être.
Le système est toutefois bloqué par la possibilité d’accepter provisoirement une formation dans l’espoir que des places se libèrent dans une autre.
Cette possibilité partait d’un bon sentiment, mais elle semble scléroser les listes d’attente. Les étudiants en liste d’attente ne progressent plus, en raison de la présence dans la liste principale d’étudiants qui ont accepté provisoirement, mais qui ne progressent pas plus dans la liste d’attente du master qu’il convoite… en raison d’étudiants qui ont accepté provisoirement ce master et ainsi de suite !
Les étudiants tournent donc en rond, au préjudice de ceux qui sont en liste d’attente et qui se désespèrent.
Faudra-t-il mettre un délai maximum pour les acceptations provisoires ? Le choix est cornélien car on forcerait alors les étudiants à se décider à l’aveugle : renoncer à un master sans savoir si l’on sera admis dans un autre ; accepter définitivement un master alors qu’il restait peut-être une chance d’être admis dans un autre…
Enfin, une partie des enseignants-chercheurs pousse pour que les Universités puissent exiger des étudiants qu’ils hiérarchisent leurs vœux Il est possible de ne pas être d’accord avec cette proposition.
« Monmaster » semble en effet avoir redonné un peu de pouvoir aux étudiants. La hiérarchie des vœux leur retirerait ce pouvoir. Chacun sait qu’un malus serait appliqué aux vœux classés par exemple au-delà du rang 4. Cela profiterait certainement aux directeurs de formation qui pourraient, d’emblée, car c’est le but avoué, ne sélectionner dans leur liste principale que les choix classés en 1 ou en 2.
Toutefois, en contrepoint, cela aboutirait à réduire les choix des étudiants à une poignée, ce qui n’est pas souhaitable !
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