Actualité > Le billet
Le billet
Plume en deuil
Un étudiant est mort hier, jeudi.
Un étudiant est mort un jeudi… Jeudi, le jour des enfants quand j’en étais encore un… On ne devrait pas mourir un jeudi quand on est encore presqu’un enfant.
Un étudiant, jeudi, est mort pour ses idées que ne partageaient pas les sauvages qui l’ont massacré, mais ses idées, elles, sont plus vivantes que jamais.
Un étudiant est mort, victime de la barbarie, de la bête immonde, de la monstruosité.
Un étudiant est mort et nos hommes politiques, sans scrupule aucun, exploitent son assassinat et se disputent déjà sa dépouille, comme des hyènes.
Clément Méric n’était pas mon étudiant, mais il va me manquer, douloureusement.
Ses assassins n’ont probablement jamais été étudiants en droit, ni en rien sans doute. L’eussent-ils été qu’ils auraient compris qu’alliée à la violence, la force physique est une injure à l’intelligence et une insulte à la démocratie.
Ses assassins, s’ils avaient fréquenté les bancs de nos amphis, se seraient abstenus de frapper à mort Clément, car ils auraient appris que loin de baisser les bras devant la barbarie, les démocrates décuplent d’énergie et de courage lorsqu’elle frappe l’un des leurs.
Les assassins de cet étudiant, mort un jeudi, ne m’inspirent ni haine, ni colère, ni compassion, ni pitié. Ils ne m’inspirent rien tout simplement, rien car ils représentent le néant absolu, le contraire de l’humanité.
Clément Méric est mort pour ses idées, l’idée est déprimante, Brassens a « failli mourir de ne l’avoir pas eue, car tous ceux qui l’avaient, multitude accablante, en hurlant à la mort, [lui] sont tombés dessus »…
Un étudiant est mort, ce jeudi, alors que Paris, insouciante et légère, se gorgeait enfin de soleil.
Clément Méric avait 18 ans, il était breton, il avait une bonne bouille de petite tête brûlée, il aimait le foot et fréquentait les tribunes du stade Bauer dans lequel mon père m’a emmené voir mon premier match de foot avec mon frangin, Martin.
La mort d’un étudiant, un jeudi, ce devrait être interdit.
Je ne ferai plus jamais cours le jeudi…
Autres Billets
-
[ 22 avril 2024 ]
Une adaptation du droit de la responsabilité civile aux enjeux actuels ?
-
[ 15 avril 2024 ]
L’Union européenne, c’est aussi pour les étudiants : vers un diplôme européen
-
[ 2 avril 2024 ]
Tempête budgétaire : la LOLF à la rescousse ?
-
[ 26 mars 2024 ]
100 ans de servitudes (d’urbanisme)
-
[ 18 mars 2024 ]
Travailleurs des plateformes numériques : une directive, enfin, mais pour quoi faire ?
- >> Tous les Billets