[ 3 février 2010 ]

Police à la française : le charme désuet des sixties

« La police de Nicolas Sarkozy est redevenue celle des années soixante, isolée, hiérarchisée et centralisée ». Tel est le diagnostic cinglant dressé par Jacques de Maillard, professeur de sciences politiques à l’Université de Rouen et Sébastien Roché, directeur de recherches au CNRS dans un entretien au journal Le Monde. De l’analyse des deux chercheurs, on retiendra, entre autres, le regard porté sur les unités territoriales de quartier, considérées comme de fausses réminiscences de la police de proximité, ne procédant quant à elles d’aucune vision générale et qualifiées de « parachute politique pour le gouvernement ». Également à noter la critique de la « culture du résultat », exception française et la dénonciation de la mesure de la performance uniquement sur des critères quantitatifs, contrairement à d’autres pays comme l’Angleterre où l’on se réfère aussi à d’autres indicateurs tels que la relation entre la police et la population (!).

Méditons pour finir sur ces propos conclusifs de Jacques de Maillard : « Mais surtout, ce qui distingue l’Angleterre et les États-Unis de la France, c’est qu’il existe dans ces pays une plus grande porosité entre l’exécutif et les chercheurs. Ainsi, aux États-Unis, des réformes sont très fortement soutenues, préparées par des universitaires. L’innovation est favorisée par ces liens entre le monde policier et les chercheurs. »

Et ceux de Sébastien Roché : « La police française est peu portée à innover pour la sécurité quotidienne des gens. Cela tient à sa structure. En Grande-Bretagne, l’analyse et la prospective sont séparées de l’opérationnel. En France, il est toujours plus important de répondre à l’urgence ministérielle que de réfléchir à l’adaptation de la police aux attentes locales. »

Réagir ou réfléchir, il faut en effet choisir…