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Le billet

[ 22 avril 2010 ] Imprimer

« Principe de précaution : principe à la c… ! »

 

Tel était le titre retenu hier par les animateurs d’une célèbre émission diffusée sur une radio nationale. Pour outrancier qu’il soit, il reflète finalement assez fidèlement l’opinion de certains penseurs qui se répandent depuis quelques semaines en noms d’oiseaux à l’égard de ce principe.

Principe au nom duquel l’État français aurait dépensé des millions et des millions d’euros pour se procurer des doses d’un vaccin inutile, faute de grippe A digne de cette lettre, et par la faute duquel les compagnies aériennes perdraient des dizaines de millions d’euros depuis le 14 avril dernier, mercredi des cendres qui restera de sinistre mémoire pour des centaines de milliers de vacanciers. Autant de raisons pour crier haro sur le principe de précaution d’autant plus sévèrement critiqué que son sens délibérément détourné par ceux qui pour des raisons d’opportunité, entendent lui faire la peau. Car, contrairement à ce que soutiennent les chantres du libéralisme pour lesquels l’éthique doit systématiquement rompre devant les impératifs inhérents au progrès scientifique et à la croissance économique, le principe de précaution ne rime pas avec une règle systématique d’abstention, obstacle fatal au progrès et ferment d’un immobilisme meurtrier pour l’avenir de notre société. En vertu du principe de précaution il s’agit simplement lorsque des risques de dommages sériels et gravissimes sont scientifiquement établis par des études sérieuses de faire preuve de vigilance et de tout faire pour que la réalisation de ces risques soit évitée. Il s’agit donc au nom du principe de précaution, de neutraliser par toutes les mesures appropriées les risques de dommages sanitaires, corporels et environnementaux dont la réalisation se traduit par des préjudices gravissimes pour la victime et pour notre environnement.

En l’occurrence, si on revient quelques mois en arrière, on se souvient que les risques sanitaires inhérents au virus de la grippe A avaient été mis en avant non pas par des professionnels du sensationnel ou de l’émotion mais par la très sérieuse Organisation mondiale de la santé, laquelle s’était fondée sur des études scientifiques au-dessus de tout soupçon. Quand aux effets que pourraient emporter le nuage islandais, il suffit d’écouter les pilotes de ligne, lesquels refusent d’ailleurs pour la plupart de reprendre les vols, pour comprendre qu’ils pourraient être catastrophiques.

En définitive, qu’on ne méprenne donc pas le principe de précaution. Ce n’est pas « face au moindre risque, abstiens-toi », mais bien plutôt « Face à un risque très sérieux, astreint toi à tout faire pour le neutraliser ! »

 

Auteur :D. M.


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