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Le billet

[ 21 mars 2011 ] Imprimer

Radiations judiciaires

Il est des coïncidences proprement sidérantes...

Les ondes hertziennes comme le réseau numérique sont infectés du parfum nauséabond et anxiogène de la catastrophe nucléaire japonaise, et c’est cette semaine que choisit précisément le parquet général près la cour d’appel de Paris pour demander un non-lieu dans l’enquête sur les responsabilités pénales françaises dans la catastrophe nucléaire de… Tchernobyl dont on va célébrer — si l’on ose dire — au printemps le 25e anniversaire.

Une mise en examen avait pourtant eu lieu pour « tromperie aggravée » à l’encontre du directeur — à l’époque des faits — du Service central de protection contre les rayonnements ionisants, soupçonné d’avoir caché des informations qu’il détenait sur la radioactivité amenée par le tristement célèbre nuage qui avait traversé la France au début du mois de mai 1986.

Les plaintes émanaient, il faut le rappeler, de centaines de personnes atteintes de pathologies de la glande thyroïde (affection tout à fait classique en cas d’irradiation). C’est au double motif de l’impossibilité en l’occurrence de caractériser l’intention délibérée de dissimuler la vérité de la part du mis en examen et de l’absence de lien scientifique certain entre les pathologies en question et l’accident nucléaire que cette réquisition est intervenue.

Faute de disposer d’éléments du dossier de nature à permettre de discuter la valeur juridique de cette argumentation, on ne s’aventurera pas sur le fond. On ne peut cependant se défendre d’un sentiment de frustration au vu de telles réquisitions, comme de la tentation de regretter, avec les associations de victimes, le risque qu’elles engendrent de voir escamoter un débat plus qu’indispensable sur le devoir, sinon de totale transparence, du moins de clarté des pouvoirs publics s’agissant de telles situations sanitaires. Il faut se souvenir en effet que les pouvoirs publics s’étaient à l’époque enfermés dans un discours officiel proprement surréaliste (le fameux nuage « arrêté » à la frontière !), qui les avait conduits non seulement à trahir la vérité mais aussi à négliger de prendre les mesures de prévention sanitaire qui eussent probablement permis d’épargner des drames humains.

La période actuelle n’est pas la plus mal choisie pour s’en souvenir.

 

Auteur :Ph. Brun


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