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Le billet
Tolérance moins que zéro !
Petit billet à l’intention notamment de ceux ou de celles… qui pourraient prochainement œuvrer dans un « café », dans lequel le rouge ne serait pas simplement la couleur du code des éditions Dalloz…
Manifestement, en effet, la justice a décidé qu’en matière de crime au volant causé sous l’empire de l’alcool, l’heure était venue de frapper fort. Pour la première fois, en France, le 4 mars dernier, un tribunal correctionnel a condamné à une peine de prison ferme un homme qui avait laissé conduire son ami ivre, lequel avait par la suite tué une jeune étudiante en pharmacie, au bout de sa nuit d’ivresse.
En l’espèce et pour être précis, le camarade de beuverie avait d’abord pris lui-même le volant, alors qu’il n’avait pas le permis et, une fois arrivé à bon port, avait laissé le volant à son compagnon imbibé d’alcool, sans se soucier évidemment de ce qui pourrait arriver ensuite. Le tribunal correctionnel de Montpellier l’a condamné à un an de prison, dont six mois ferme, pour homicide par imprudence, alors que le meurtrier avait lui écopé de six ans d’emprisonnement.
« On ne peut plus rester indifférent » face à l’ivresse, a souligné la présidente du Tribunal pour expliciter cette peine de prison ferme infligée au prévenu qui avait volontairement et complaisamment fermé les yeux sur le risque qu’il contribuait ainsi à créer, en laissant son ami conduire en état d’ébriété.
Qui s’en plaindra quand on sait que l’alcool reste la première cause de mortalité en matière d’accidents de la route, et que plusieurs milliers d’innocents sont victimes de l’alcoolisme des uns et de l’indifférence et de la complaisance des autres ?
L’intransigeance jurisprudentielle, dans ce domaine, est d’ailleurs extrêmement nette, comme en témoignent les décisions qui depuis quelques années ont condamné des cafetiers qui avaient servi de l’alcool à des conducteurs en état de nuire, des collègues de travail qui avaient emporté un ivrogne jusque dans son véhicule, etc.
En somme, désormais celui qui laisse un conducteur prendre le volant, alors qu’il sait parfaitement qu’il est ivre, encourt une peine de prison ferme. Soit, si la victime du chauffard sous l’emprise de l’alcool survit à ses blessures, pour complicité de conduite sous l’empire d’un état alcoolique ; soit si la victime est décédée, pour homicide involontaire.
« Laisser boire et laisser conduire, il faut punir ! » Telle est la nouvelle devise, semble-t-il, de nos tribunaux. Après des décennies d’indifférence et d’indulgence face aux tragédies routières, l’heure de la répression semble avoir sonné bel et bien. Tant mieux pour les victimes potentielles et tant pis pour les pochtrons et pour leurs complices irresponsables.
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