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Le billet
Tout faux !
Si certains lecteurs de ce site ont manifesté les 7 et 11 janvier 2015 après les boucheries terroristes de la rédaction de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher, honte sur eux, tout simplement ! C’est, en substance, le contenu de l’ouvrage Qui est Charlie ? Sociologie d’une crise religieuse (éd. Seuil) du sociologue Emmanuel Todd qui, après d’amples réflexions, fustige cette armada qui a battu le pavé dans toutes les villes de France et de Navarre.
Doué, sans doute, du don d’ubiquité et probablement pour avoir interrogé les 4 millions de marcheurs, Emmanuel Todd a découvert que la composition de ces foules révélait qu’elles étaient le produit d’une tradition catholique, bourgeoise et inégalitaire. Pour avoir, mais je ne suis pas sociologue, participé à ces longues marches, je n’ai pas vraiment eu ce sentiment, mais tout le monde peut se tromper…
Poursuivant son introspection de ces foules ambulantes, l’éminent sociologue découvre les motivations qui les inspiraient quand elles sont descendues dans la rue : le rejet abrupt de l’islam, l’hostilité envers la religion musulmane, l’invocation d’un droit absolu à la caricature du prophète quitte à ce que les musulmans se sentent outragés.
Encore une fois, si tant est qu’il soit ces jours-là descendu de son perchoir d’intellectuel, nous ne devions pas faire partie des mêmes cortèges. Ceux dans lesquels je me suis fondu, soit étaient purement et simplement silencieux, soit protestaient contre le terrorisme et le fanatisme qui, au nom d’une religion dévoyée, tue des hommes et des femmes, quelles que soient leurs races ou leurs religions, soit défendaient la liberté d’expression. En somme, ceux qui éprouvaient le besoin de s’exprimer le faisaient en faveur de la laïcité et de la liberté, rien de moins, mais rien de plus.
Le discours du sociologue est d’autant plus dangereux, voire nauséabond, qu’il légitime, implicitement au moins, des propos tout simplement scandaleux, tels ceux tenus par le rappeur Booba, il y a quelques semaines. Interrogé par le site d’un quotidien parisien, celui-ci a, en effet déclaré « Quand on joue avec le feu, on se brûle. Dans la vie, il faut assumer ses choix »... Sauf à me tromper, ces déclarations n’ont entraîné aucune réaction d’ordre judiciaire. J’ose imaginer ce qu’il en aurait été si elles avaient été tenues par l’ex-comique Dieudonné…Ce qui permettra à ses admirateurs de dénoncer le « deux poids – deux mesures », dont celui-ci s’estime victime depuis des mois et des mois.
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