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Le cas du mois

Enfance en danger

[ 8 octobre 2024 ] Imprimer

Droit de la famille

Enfance en danger

À la maison des jeunes en difficulté, Désiré et Adhémar viennent encore de faire une rencontre étonnante. 

Fils d’une célèbre actrice française, Pablo, 17 ans, y est venu chercher une aide à la fois juridique et psychologique que sa situation actuelle comme passée permet d’expliquer. Enfant de la balle a priori gâté par la vie, Pablo a en réalité connu un parcours des plus chaotiques. En pleine ascension à la naissance de son fils, la mère de Pablo ne s’est jamais occupé de lui. Enchaînant les tournages, elle était rarement présente au domicile familial, ce qui est à vrai dire à peine regrettable car les quelques fois où elle rentrait, celle-ci multipliait les fêtes, particulièrement arrosées, avec les gens du métier, au lieu de s’occuper de son fils. Superficielle et désinvolte, elle s’est en outre toujours montrée incapable de gérer l’argent qu’elle gagnait, et il n’était pas rare qu’elle laissât son fils sans nouvelles et sans subsides pendant des semaines. Livré à lui-même, Pablo dût alors se débrouiller seul, grâce à l’aide de quelques voisins et de sa grand-mère, qui n’habitait pas loin. À l’adolescence, il tomba dans la délinquance. Dans la drogue aussi. Pour financer sa consommation, Pablo commença à vendre le cannabis dont il avait besoin pour oublier sa solitude et son sentiment d’abandon. Pour subvenir à ses besoins, Pablo multiplia également les vols et cambriolages, ce qui lui a valu plusieurs rappels à la loi. À 14 ans, son état de perdition l’a finalement conduit dans le bureau d’un juge pour enfants. Ce dernier avait alors alerté à plusieurs reprises la mère de Pablo mais celle-ci, exclusivement préoccupée par sa carrière, trouva finalement assez pratique et confortable que son fils fût confié à un tiers. Elle suggéra d’ailleurs au juge de confier Pablo à des services sociaux, aptes à lui offrir un cadre et une sécurité matérielle qu’elle se savait incapable de lui apporter. Face à l’incurie de cette mère manifestement défaillante, le juge des enfants dût se résigner à ordonner le placement de Pablo qui, par ailleurs, n’a jamais eu de père, et dont la grand-mère venait de décéder. Ainsi fut-il confié à l’Aide sociale à l’enfance. Mais non sans surprise, la mère de Pablo a récemment refait surface, manifestant un intérêt inattendu pour ne pas dire inespéré pour son rejeton. Il faut dire qu’ayant maintenant atteint la cinquantaine, sa carrière d’actrice est au point mort. Les rôles se faisant de plus en plus rares, elle s’est dit que le temps était sûrement venu pour elle de changer ses priorités. Elle aimerait donc se rapprocher de son fils pour rattraper le temps perdu. C’est pourquoi il y a quelques semaines, elle a repris contact avec le juge des enfants ayant décidé du placement de Pablo pour lui faire part de sa volonté de récupérer son fils. Malgré le placement de l’adolescent, le magistrat accueillit sa demande d’hébergement, convaincu qu’un mineur n’est jamais mieux qu’avec ses parents. Informé de cette décision judiciaire, le département de l’aide sociale à l’enfance ayant accueilli Pablo a décidé de saisir la justice pour s’opposer à cette mesure d’hébergement, qu’il considère incompatible avec son placement. Déjà en manque de repères, Pablo a été particulièrement déstabilisé à l’annonce de cette procédure judiciaire, dont il ne parvient pas à envisager l’issue. En outre, il ne sait pas trop quoi penser de l’éventualité de revivre avec sa mère. Après des années d’errance et de galères, il aimerait évidemment connaître les joies d’un cocon familial, mais il craint que sa mère n’ait pas vraiment changé et que la stabilité et la protection qui ont justifié son placement ne puissent lui être apportées par celle dont le rôle de mère n’a jamais été la priorité. Raison pour laquelle il redoute plus qu’il n’espère la retrouver. Après avoir confié ses inquiétudes aux membres de l’association, Pablo s’est aperçu que les cousins se sont montrés particulièrement sensibles à son histoire. Ces derniers lui ont d’ailleurs promis de l’aider, non pas tant financièrement (les garçons sont à sec !), mais juridiquement : ainsi cherchent-ils, depuis leur rencontre, à recueillir des éléments d’information sur la protection des mineurs placés et, en particulier, sur l’éventuel droit d’hébergement de leurs parents. Or ils se sont rapidement aperçus que leur cours de droit de la famille ne contenait que quelques lignes sur cette question. Après quelques hésitations, supposant que votre rentrée est sans doute surchargée, ils ont néanmoins décidé de faire appel à vous pour en savoir plus. 

Réponses d’ici une quinzaine de jours.

Sur la méthodologie du cas pratique : V. vidéo Dalloz

 

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