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Le cas du mois

Spoofing

[ 12 novembre 2024 ] Imprimer

Droit de la responsabilité civile

Spoofing

Désiré savait bien que ça finirait par lui arriver. Dans son entourage, les victimes de spoofing téléphonique se multiplient au point qu’il lui semblait être le seul à y avoir échappé. 

Le spoofing ? Une technique d’escroquerie consistant à contacter une personne par téléphone en se faisant passer pour un conseiller bancaire. En gagnant la confiance de sa victime, l’escroc la convainc de lui communiquer ses données personnelles de sécurité, comme son code de carte bancaire, ou son code de virement. Ainsi est-il ensuite en mesure de lui soutirer de l’argent en effectuant un, voire même plusieurs virements. Redoutable et dangereux - les sommes débitées à l’insu de la personne l’étant souvent pour un montant important -, ce procédé est en pleine expansion en sorte qu’Adhémar, après en avoir été lui-même victime, avait appelé son cousin à la plus grande vigilance. Malheureusement, ses précautions n’auront pas suffi. La semaine dernière, conformément à la stratégie habituelle, Désiré a été contacté par téléphone par une personne se faisant passer pour son conseiller bancaire. Ce faux conseiller l’a persuadé que son compte enregistrait des mouvements possiblement frauduleux. Prétendant mener une vérification, il a demandé à Désiré de supprimer cinq personnes de sa liste de bénéficiaires de virements, puis de les y réinscrire en renseignant son code confidentiel, que l’escroc a ainsi pu récupérer. Certain d’être en relation avec son interlocuteur habituel, pour la raison principale que le numéro qui s’était affiché sur son téléphone était identique à celui de son véritable conseiller bancaire, Désiré a naïvement suivi les instructions qui lui ont été données, le faux conseiller l’ayant par ailleurs assuré qu’en suivant ses consignes, il effectuerait une opération sécurisée. Or deux jours après cet échange, Désiré a constaté que son compte avait été débité de plusieurs virements, effectués à son insu et pour un montant élevé. Il a immédiatement alerté sa banque de cette escroquerie. Celle-ci lui a alors injustement reproché d’avoir fait preuve d’une désinvolture notoire en ayant accepté de suivre ainsi les consignes d’un anonyme. Outré, Désiré a tenté d’expliquer au responsable de l’établissement bancaire que tout avait été mis en œuvre par l’escroc pour le mettre en confiance et qu’à sa place, n’importe qui aurait été pareillement induit en erreur. Il s’est permis d’ajouter n’avoir jamais été mis en garde par l’établissement contre cette pratique pourtant répandue, précisant même à son conseiller bancaire que seul son cousin avait pris la peine de l’en avertir. Malgré ces arguments, balayés par la banque, Désiré n’a pu obtenir le remboursement des sommes frauduleusement prélevées, le responsable de l’établissement bancaire persistant à s’y opposer. Il ressent depuis un fort sentiment d’injustice, ayant l’impression d’être une deuxième fois victime de cette escroquerie. En outre, il n’a pas d’autre choix que d’être remboursé du montant des sommes débitées, sans lesquelles il serait tout simplement incapable d’assumer ses frais de rentrée. Pour toutes ces raisons, et face au refus persistant de sa banque de le rembourser, Désiré prévoit de saisir la justice. Adhémar l’en a toutefois dissuadé, craignant que le juge saisi se range à l’argument de la banque, qui lui semble pertinent, tiré du comportement particulièrement négligent de son cousin. À l’inverse insensible aux reproches de l’établissement, comme au pessimisme de son compère, Désiré reste confiant sur l’issue du procès, présumant que les juges sont au fait de cette pratique trompeuse et difficilement détectable par le client. En sorte d’être pleinement rassuré, il vous demande toutefois d’estimer ses chances d’obtenir avec succès le remboursement du montant débité à son insu.

Réponses d’ici une quinzaine de jours.

Sur la méthodologie du cas pratique : V. vidéo Dalloz

 

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