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©Ministère de la Justice/DICOM/C.Montagné.

[ 13 novembre 2012 ] Imprimer

Les peines alternatives

Lors du Conseil des ministres du 19 septembre 2012, la garde des Sceaux, Christiane Taubira, a présenté ses premières grandes directives en matière pénale. Pierre Rancé, auteur, journaliste et chroniqueur, a été nommé porte-parole du ministère de la Justice en juin 2012. Il nous éclaire sur les peines alternatives qui sont au cœur de la nouvelle politique judiciaire.

Les peines alternatives sont-elles de nouvelles peines, à côté des peines principales et des peines complémentaires, ou une nouvelle impulsion adressée aux magistrats ?

 

Non il n’y a rien de nouveau, ce ne sont pas de nouvelles peines, mais … Oui on peut parler d’une nouvelle impulsion portée par la garde des Sceaux qui rappelle dans sa circulaire de politique pénale du 19 septembre 2012 que l’aménagement des peines participe à la prévention de la récidive. Trois orientations ont été clairement mises en avant par la ministre :

– encourager les juridictions de jugement à prononcer des peines aménagées ab initio ;

– développer des procédures rapides pour l’aménagement des peines devant le juge de l’application des peines : améliorer les délais de traitement de l’exécution des peines ;

– examiner à nouveau en détail la situation de la personne condamnée lors de la mise à exécution d’un écrou afin de permettre l’exécution de la peine sous la forme la plus adaptée.

Pour rappel, il faut savoir que 40 % des détenus sont condamnés à des peines de prison fermes de moins de 6 mois. Et que sur la totalité des condamnés, 80 % ne bénéficient d’aucun aménagement de peine destiné à préparer leur réinsertion.

 

On connaît surtout les travaux d’intérêt général et le bracelet électronique. Quelles sont les peines alternatives ?

Il en existe de plusieurs sortes. Sur les 77 485 personnes écrouées au 1er août 2012, il y avait 12 443 personnes en aménagement de peine. 9 497 bénéficiaient d’un bracelet électronique fixe ou mobile. 633 étaient en placement extérieur non hébergé, 1 916 étaient en semi-liberté, et 397 en placement extérieur hébergés. Si l’on ajoute à ce chiffre celui des 607 personnes placées sous surveillance électronique de fin de peine, (quand il ne reste plus que 4 mois de détention à faire) cela fait un total de 13 050 personnes. Si l’on compte bien, il reste donc une cohorte de 64 435 personnes qui n’aura bénéficié d’aucun aménagement de peine. C’est beaucoup trop…

 

Nécessitent-elles le déblocage de moyens financiers supplémentaires ?

Oui bien sûr, si on augmente le recours à ces peines alternatives qui restent dans tous les cas moins chères qu’une journée en détention. Pour mémoire le coût de la surveillance électronique pour une journée est de 10,33 euros alors que le coût moyen d’une journée en prison est de 95,16 euros.

 

La garde des Sceaux va-t-elle supprimer des peines fermes par la voie législative ?

Non, pas pour supprimer des peines. D’autant que la garde des Sceaux peut travailler par décret, circulaire, ou en tout simplement en discutant avec les professionnels. En revanche, elle peut éventuellement proposer une loi pour rendre encore plus crédible et plus efficace les peines alternatives.

 

 

 

 

Le questionnaire de Désiré Dalloz

Quel est votre meilleur souvenir d'étudiant ? Ou le pire ?

Plutôt que d’évoquer un souvenir d’étudiant, je vous parlerai d’un très bon souvenir de journaliste. Celui que j’ai conservé de mon passage à LCI, la chaîne d’information continue de TF1, où j’étais en charge de la chronique judiciaire et pour laquelle j’ai réussi à monter la première émission de télévision consacrée à l’actualité de la justice et du droit. L’émission s’appelait « La loi et vous ». C’était en 1994, et en partenariat avec…les éditions Dalloz.

 

 

 

 

Références

 Pierre Rancé est coauteur avec Olivier de Baynast de l’ouvrage Europe judiciaire, Dalloz, 2001. Il est aussi l’auteur de l’ouvrage Le calvaire des innocentsune justice injuste, paru chez Plon, en 2005.

 

■ V. « Principes directeurs de la nouvelle politique pénale », Dalloz Actu Étudiant 21 sept. 2012.

 

Auteur :M. B.


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